Didier Ndengue

Non, les selfies n’apportent rien aux start-ups numériques camerounaises  

Nos autorités se plaisent à se filmer avec les jeunes créateurs de richesse de chez moi, alors qu’ils les clochardisent, les délaissent et les privent de la connexion internet.  

Depuis mon Douala natal, je m’interroge sur l’avenir de mon cher pays. Ce pays que j’aime tant. Celui que m’ont légué nos nationalistes. Pour faire court, ce pays tue les jeunes. Il tue ses génies pour être plus précis. Sur tous les points. J’ai mal de voir que ceux qui nous gouvernent se moquent de notre futur. On dirait qu’ils sont allergiques à la bonne gouvernance. Aux bonnes pratiques, je veux dire. Les mauvaises pratiques ont la peau dure. Elles surfent même sur les réseaux sociaux.

Je ne comprends pas comment le Ministère des Postes et télécommunications (Minpostel) se sent  après avoir privé les régions anglophones de la connexion Internet pendant trois mois. Est-ce qu’il s’est mis dans la peau de ces jeunes patrons de start-ups de Buea?

Rebecca Enonchong. Cc: ActivSpaces
Rebecca Enonchong. Cc: Twitter

Je ne crois pas. Il se permet même de se moquer de ces frères qui excellent dans le numérique au pays. Le premier Forum international de Yaoundé sur l’économie numérique, tenu du 15 au 17 mai dans le prestigieux hôtel Hilton, a permis de relever les limites de nos dirigeants dans ce domaine.

Pendant la rencontre, Rebecca Enonchong, la patronne d’ActivSpaces, un centre d’innovation technologique, ne s’est pas privée de dire ce qu’elle pense de ce grand rendez-vous qui a plus misé sur les invités étrangers que nationaux. Pour cette brave dame qui lutte depuis les années pour le développement du digital au bercail, les génies camerounais ont amusé la galerie lors de cette conférence.

Entre les mains des vieillards, notre économie numérique est en danger

Je pleure le sort de ce pays après le chef de l’État actuel. Je pleure pour la future génération qui croira certainement que l’économie numérique, c’est les selfies. Tellement nos ministres aiment faire des selfies depuis que leur boss a donné l’onction avec les Lions indomptables (tout commence avec les lionnes), champions de la dernière Coupe d’Afrique des nations de football.

Jean Pierre Boep. Cc: compte twitter Jean Pierre Boep
Jean Pierre Boep. Cc: Facebook

Pour revenir sur le Forum de Yaoundé, je doute fort qu’il porte des fruits dans les prochains mois. Jean Pierre Boep, un acteur influent de l’économie numérique que j’ai rencontré cette semaine à Douala, est du même avis que moi. « L’heure n’est plus au discours, aux conférences et aux grands débats. Les acteurs locaux de l’économie numérique camerounaise, qui travaillent au quotidien sur les problématiques du terrain, sont assez sensibilisés sur les enjeux et les stratégies à mettre en œuvre. L’état gagnerait donc à s’appuyer sur eux et à développer des projets concrets qui impactent le quotidien des camerounais », pense le promoteur de la Nuit du Web.

Selfie de Paul Biya avec les lionnes. CC: Culture Ebene

Qu’il le veuille ou pas, le Minpostel sait très bien que l’économie numérique se fera avec les acteurs locaux. Pas forcément avec les invités étrangers qui ont été pris en charge à Yaoundé, alors que les jeunes entrepreneurs locaux croupissent dans la misère.

J’espère que j’arriverai un jour à rédiger un billet dans lequel je féliciterai les actions de nos dirigeants. Mais on dirait que les proches collaborateurs du président de la République, Paul Biya, font tout pour me pousser à croire qu’il n’y a que des cancres à la tête des différents départements ministériels. Des gens qui n’ont pas de compte Facebook, Twitter officiels et sites Web actualisés. Encore moins de blogs dans lesquels ils expliquent leurs actions aux populations. C’est triste de le dire, mais je crois que les grosses annonces sur l’économie numérique ne s’accompagnent pas par des actions concrètes sur le terrain. C’est du blabla. Combien de jeunes startuppeurs ont bénéficié du soutien des pouvoirs publics? Ils sont très rares. Pourtant le terrain est fertile. Je comprends pourquoi Tony Smith a de la peine à investir chez ses ancêtres.


Josiane Kouagheu, une plume dorée

Ce matin, elle m’a rappelé au téléphone que : « tout le monde est une étoile ». Mais des étoiles qui brillent comme elle, on en trouve rarement dans l’univers médiatique camerounais. A ma manière,  je rends hommage à cette jeune femme que « j’affectionne » particulièrement, en silence. Elle le mérite dans un pays où la presse est étranglée, où les journalistes sont clochardisés et jetés en prison.

J’espère que tu ne m’en voudras pas d’avoir écrit sur toi. Peu importe. J’en assumerai les conséquences. Il fallait absolument que je me libère de ce lourd fardeau qui devenait de plus en plus pesant. Aujourd’hui, « Josi », au moment où les journalistes des quatre coins du monde célèbrent la journée internationale de la liberté de la presse ce 3 mai 2017,  j’ai trouvé idoine de faire  quelque chose de neuf pour mes lecteurs.

Josiane à Douala ce 3 mai 2017. Cc: Didier Ndengue

Alors mes pensées se sont dirigées vers toi. Mon cœur m’a recommandé de rédiger ce billet pour te féliciter. Rien n’était prévu, je t’assure ! J’obéis juste à un ordre. Pour le rédiger, j’ai remis mes idées en place. Je me suis souvenu de nos différentes conversations. « De mes petits yeux doux ». « De ton refus ». Aujourd’hui, mon cœur est bien à sa place. Il ne bouillonne plus. Mes doigts non plus ne tremblent plus sur le clavier de mon ordinateur.

Au chevet des personnes en détresse

Dans mon horloge, il est 7h30. Je suis déjà debout. J’ai commencé à rédiger ces lignes hier, à une heure très avancée de la nuit. Alors que j’avais prévu de dormir plus tôt pour être en forme ce matin.Là où j’ai sûrement péché, c’est que j’ai laissé mon ordinateur allumé. Pour faire dodo plus tôt, il fallait l’éteindre. Mais la vérité, c’est que je voulais à tout prix libérer mon cerveau. Il fallait que je t’écrive. Que je te dise ce que je pense de toi actuellement. En toute sincérité, je ne sais pas grand chose de toi, à part quelques petits souvenirs du terrain.

Ton sourire. Ton engouement. Cette rage qui t’animait. Je me souviens la première fois qu’on s’est rencontrés. C’était en 2013 au quartier Dakar à Douala. Si j’ai bonne mémoire, à une cérémonie liée aux maladies du cœur. Le modérateur de cet événement était Jean Vincent Tchienehom, l’un des plus respectables journalistes camerounais. Tu t’en souviens ? Tu étais encore en stage au quotidien « Le Jour ». La curiosité t’animait. Tu étais jeune, très jeune même, mais tu savais déjà ce que tu venais chercher dans cet univers gouverné par la précarité et les coups bas. Tu avais déjà ta cible. Je voyais en toi une jeune fille naïve et très sensible. L’injustice ne t’arrangeait pas.

Je me souviens également que tu m’as plusieurs fois demandé les contacts des réfugiés de la ville de Douala. Leur situation t’intéressait. Tu voulais savoir comment ils vivent au Cameroun. Comment ils s’en sortent sans argent, avec un soutient très limité du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ta plume, tu la baladais presque partout. Tu étais même devenue l’amie de Jean-Louis Kalema, président du Collectif des réfugiés de Douala.

Elle rafle les prix. Cc: Josiane Kouagheu

Tu traitais également d’autres cas sociaux pour le quotidien « Le Jour », qui représentait pour toi le meilleur tabloïd du pays. J’étais toujours fier de me retrouver sur le terrain avec toi. On avait toujours à se dire. Des histoires ne nous manquaient presque jamais. Seul ton sourire activait les sujets. On se regardait en face pour mieux se dire les vérités. Tous les deux, on détestait les couvertures des événements dans les grands hôtels huppés de la place. On aimait parler des sujets qui peuvent aider les personnes en détresse. Le journalisme de terrain était notre passion. Mais nos chemins se sont séparés quelques années plus tard. Tu as poursuivi tes rêves.

Le principal était la réalisation des reportages sur les terrains du conflit. Tu t’es suffisamment armée pour relever ce défi. Tu as d’abord mis la peur de côté. A la rédaction régionale du quotidien où tu bossais, tu étais entourée des professionnels de la plume et des gens qui connaissent le journalisme de guerre. Je pense à Dénis Nkwebo, président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc).

Tu as vite appris et tu as choisi ton champ de bataille. Cependant, je n’oublie pas que tu as été une brillante Mondoblogueuse avec ton blog « Lumière du Cameroun ». Je « dégustais » tes billets sans modération. Ta plume me passionne. Mais j’ai la mienne à qui je tiens hein ! Bref, j’aimais ta façon de rédiger les billets. Ton professionnalisme, ta rigueur et ta persévérance ont fini par produire des fruits. Tes multiples voyages avec l’équipe Mondoblog ont également contribué à cette victoire.

Tu es encourageante

Tu étais très contente le jour où j’ai obtenu mon ticket d’accès sur la plus grande plateforme des blogueurs francophone. Tu m’as donné les meilleures astuces pour rédiger des billets de qualité qui devaient régulièrement faire la Une du Mondoblog. Quand on s’est revu quelques mois plus tard, au siège du HCR à Bali en 2014, tu m’as encouragé comme les vraies doyennes. Tu me disais que mes  billets étaient « chouettes ». Hum ! Quand ça vient de toi, je prends avec deux mains ! J’étais flatté. On a causé en marchant. On a beaucoup marché. Notre conversation portait sur la persévérance dans nos différents domaines. En tout cas, toi, tu me disais que tu ne gérais pas les humeurs des uns et des autres. Que ce n’est pas parce que tu es une femme que : « tu ne peux pas faire certaines choses ». Ce n’était pas des paroles en l’air. Tu as pris ton courage à deux mains, et tu as foncé. Tu n’as reculé devant aucun obstacle. Tu as réalisé des sacrés reportages dans l’Extrême-Nord du Cameroun, menacé par les terroristes de Boko Haram.

Tu es allée dans les zones abandonnées par les pouvoirs publics pour décrire la misère des populations riveraines. Tu as dénoncé et suscité des débats dans notre pays. Et plusieurs personnes ont certainement retrouvé le goût de la vie grâce à tes écrits. Tu sais Josiane, tu as agi comme une « grande fille » sur tous les fronts. Tu as eu des malaises pendant le boulot, mais tu as vaincu. Tu es tombée malade pendant les recoupements, mais tu as tenu bon. A pied ou en moto, en voiture ou en avion, tu es allée toucher du doigt les réalités sous plusieurs cieux. Je te tire un coup de chapeau juste pour ce courage et audace.

Josiane Kouagheu au front: Cc: Facebook Josiane

Tu sais ce qui me déchire plus le cœur, c’est que tu t’es jetée à l’eau sans compter sur personne. D’abord que les gens qui sont nés dans des familles aisées ne peuvent laisser « une petite » fille se balader à l’Extrême-Nord toute seule pendant la guerre. Il faut avoir un cœur de lion pour réaliser ce que tu as réalisé en si peu de temps. Ce courage paye aujourd’hui. Tu te rends compte que tu as déjà une dizaine de prix nationaux et internationaux à ton jeune âge hein ? C’est le fruit de ton travail. Je dirais aussi de ton humilité. Chose  formidable. Pour moi tu dois être une référence, pour nombre de nos jeunes compatriotes qui ne croient plus en leur future.

Tu n’as pas eu besoin d’être bien entourée pour réaliser ton rêve. Josiane, tu sais ce qui est encore plus formidable, c’est que tu n’as pas eu besoin d’aller dans les grandes écoles de journalisme pour décrocher ces prix devant ceux qui bombent le torse et mettent le nom de leur « grande école de journalisme » sur leur carte de visite pour venir « chier » sur le terrain.

Josiane lutte contre le paludisme. Cc: Mondoblog

Une perle

Je ne sais pas si un journaliste camerounais de moins de 30 ans a déjà empoché autant de prix, mais je sais quand même qu’il faut être un génie pour s’en sortir dans l’univers médiatique camerounais. C’est pour cela que je suis dans l’obligation d’honorer ceux qui réussissent malgré la précarité dans laquelle nous sommes plongés. C’est un secret de polichinelle, la presse camerounaise vit des heures très difficiles. Surtout les médias privés. Les médias d’Etat ne connaissent pas cette misère qui oblige nos directeurs de publication à tirer le diable par la queue. Donc quand une plume comme celle de Josiane Kouagheu émerge dans ce tourbillon, il faut la valoriser. Du courage « Josi » et bonne célébration de la journée internationale de la liberté de la presse !


Cameroun : logements sociaux, le business des barons

Ils nous embrouillent avec le mot social,  comme s’ils ont déjà été humanitaires un jour dans ce pays.

Les dirigeants de ce pays sont assis sur nos richesses comme l’accent circonflexe sur « î ». Ils se sont partagés le gâteau national. Les autres ayants-droit doivent jouer les mendiants sinon, ils n’auront rien. Les gens-là se sont taillés la part du lion jusqu’aux logements sociaux. Mais le plus intriquant est qu’au lieu de continuer à piller tranquillement les caisses de l’Etat, à s’offrir des palais ici et à ailleurs (quelqu’un m’avait dit qu’il y a un milliardaire camerounais qui vit sur l’Île de Gorée au Sénégal), à envoyer leurs enfants dans des grandes écoles américaines et européennes et nous laisser digérer notre misère en paix, ils passent leur temps à nous pomper de mensonges à longueur de journée avec les gros mots tels logements sociaux qu’ils ont copié sous d’autres cieux. Sauf qu’ailleurs, les logements sont vraiment sociaux.

Logements Sociaux pas du tout sociaux au Cameroun. CC: Wikipedia

Pas comme chez nous où logements sociaux riment avec onéreux. Les différents calculs effectués jusqu’ici par les blogueurs qui m’ont précédé dans le cadre de cette campagne démontrent à suffisance que les logements sociaux en construction au Cameroun ne sont pas réservés aux débrouillards. Même un fonctionnaire honnête ne peut pas se permettre ce luxe, après plusieurs décennies de travail, sauf s’il se met rapidement à l’école des détourneurs de denier publics.

Les propriétaires de ces immeubles qui inondent nos villes

Aujourd’hui, on médit sur Félix Antoine Samba à cause de la grandeur et de la beauté de son château. Les mauvaises langues disent que son salaire de fonctionnaire ne pouvait pas lui permettre de construire ce joyau  architectural. Le montant de cet ouvrage n’a pas encore été révélé par les détracteurs de M. Samba. Mais on pense qu’il aurait jonglé avec l’argent du contribuable pour s’offrir la maison de ses rêves. Cette merveille me fait penser aux châteaux des milliardaires américains ou londoniens que je vois souvent à la télévision ou encore à celui de Donald Trump, qui est plus luxueux que la Maison Blanche.

Le château de M. Samba fait le buzz sur les réseaux sociaux. CC: Camer.be

Cependant, M. Samba n’est pas le seul à avoir une si grande maison. Comme je n’aime pas les procès, je ne vais avancer aucun nom ici, mais je vais vous inviter à contempler les immeubles qui sortent de terre tous les jours dans nos grandes villes. Connaissez-vous leurs propriétaires ? Bien sur que non, parce que les gars mettent d’autres personnes devant pour diriger les chantiers où les manœuvres sont payés en monnaie de singe.

Un grand-frère m’a dit dernièrement que les colonels et généraux ont des immeubles pêle-mêle ici au pays, ainsi que les ministres et plusieurs fonctionnaires. Ce sont presque les mêmes personnes et certains hommes d’affaires qui sont cités derrière le business des logements sociaux. L’autre vérité est qu’ils se servent de leurs titres pour marcher sur les pauvres. Vous pensez que de telles personnes peuvent vouloir le bien du petit peuple jusqu’à lui offrir des logements à un vil prix ? In fine, je propose qu’on révise la politique des logements sociaux au Cameroun. On a dit logement sociaux et non logements pour boss. C’est même quel pays ça que tu diriges depuis 34 ans…hein Paul Biya ?

Ce billet est ma contribution à la campagne #LogementsSociauxCmr initiée par les blogueurs du Cameroun. Le prochain contributeur est Mathias Mouendé Ngamo. Il nous servira un billet sur l’effondrement d’immeubles au Cameroun sur son blog https://biocamer.wordpress.com/


Mes astuces pour évincer l’empire du Rdpc (2)

Ils disent qu’ils vont renverser le grand manitou un jour. Avec quels moyens et mentalités quand on sait tous que les opposants camerounais sont dans le « business politique » ?  

Tu le sais certainement déjà, mais je veux encore te le rappeler : nous vivons au jour le jour dans notre propre pays. J’ai le sentiment que les ennemis de notre cher Cameroun ne sont pas seulement dans le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), la machine politique à broyer de M. Paul Biya. Les autres sont logés dans l’opposition. Une opposition qui me donne l’impression d’être égarée. Qui ne vise que ses intérêts et non ceux de la masse populaire.

Une main au couleur du drapeau vert-rouge-jaune camerounais. CC:Pixabay

Dans les milieux de la presse que je fréquente régulièrement, il se raconte même que les leaders des partis politiques dits de l’opposition, mangent sur la même table que le régime de Yaoundé. Il parait même que ce sont les hommes du Renouveau et plusieurs organisations internationales tapis dans l’ombre qui financent leurs activités. Ce qui veut  dire que si ces gars prennent le pouvoir un jour, ils vendront notre pays très moins cher à leurs partenaires. En d’autres termes, il n’y a pas que le pouvoir de Yaoundé qui a les mains liées, certains opposants le sont également. Il y a donc lieu de s’interroger sur notre futur après Paul Biya. Est-ce que ce sera le déluge ? Cependant, une chose est certaine : nous ne sortiront pas d’aussitôt de la fosse dans laquelle nous sommes tombés depuis plusieurs décennies.

Une opposition opposée à ses vraies ambitions

J’ai cessé de compter sur l’opposition camerounaise sans même l’avoir côtoyé, parce qu’elle n’a jamais poussé le pion plus loin jusqu’à détrôner notre roi. J’ai toujours tendance à croire que les sorties médiatiques de ses leaders visent seulement à distraire l’opinion publique et la laisser croire qu’il y a la liberté d’expression et de manifestation dans ce pays.

Hors nous savons tous que les vrais activistes ont tous fini derrière les barreaux. Certains sont en exil, pendant que d’autres sont portés disparus depuis des lustres. Donc si nos opposants actuels étaient vrais, ce qu’ils allaient être inquiétés parce qu’ils chercheront réellement à évincer M. Biya avec des méthodes bien sophistiquées.

Les élections s’annoncent au Cameroun. CC: Pixabay

Je me rends même compte que la vraie politique ne se fait que dans le Rdpc. C’est une machine politique très puissante qu’il sera très difficile de déchirer. Toutefois, rien n’est impossible à celui qui croit. Mais à l’état actuel des choses, nos opposants sont conscients qu’ils sont des poules mouillés. A part gueuler dans les médias, que savent-ils encore faire de mieux ? Comme vous êtes alors en crise de réflexion, je vais vous aider à mieux vous organiser pour affronter les échéances cruciales de 2018.

Arrêter la mendicité

C’est vrai qu’on est tous pris dans le piège de la corruption, mais ce n’est pas pour autant qu’on doit y rester éternellement. Un peu comme ces agents de la police municipale de Douala 3e que j’ai aperçu l’autre jour vers Ndokoti, en train de quémander les sous aux conducteurs de mototaxis, au lieu de réguler la circulation. Cet arrondissement est pourtant dirigé par un militant du Social democratic front (Sdf). Au lieu de montrer l’exemple à suivre, les gars de l’opposition passent leur temps à soutirer les miettes de ces débrouillards.

Une scène qui me fait penser à celle que j’ai également vécue à Douala 2e, dirigée par un Maire Rdpc. Ce jour, le moto-taximan qui me transportait n’avait pas toutes ses pièces d’identification sur lui. Au lieu donc de l’amener au poste de police pour qu’il se justifie, les très « sages et puissants » policiers lui ont collé une amende de 15000 FCFA sur le champ.

S’il refuse, son engin à deux roues sera confisqué. Le jeune homme qui n’a pas gagné grand-chose depuis le matin, est donc obligé de faire un geste qui sauve. Dans sa poche, il n’a que 1000 FCFA. Il va tendre ses économies de la journée à l’agent communal qui se hâtera de prendre sans pitié, sans même se mettre à la place de celui qu’il dépouille. Le moto-taximan va redémarrer son engin et poursuivre son travail, sans pièces d’identification.

Je m’engraisse d’abord…

A ce moment précis, j’ai compris que l’ambition première des agents communaux déployés sur le terrain au Cameroun, est de se faire le pognon. Je me souviens que plusieurs de leurs collègues ont été poignardés à l’aide des couteaux pendant leur sale besogne par les moto-taximen qui n’en peuvent plus de se faire soutirer les sous chaque fois par ces personnes en chasuble qui font semblant de réguler la circulation ou de lutter contre le désordre urbain.

Une crevette du Cameroun, bonne à déguster. CC: Wikipedia

Je peux  encore accepter que cela vienne du Rdpc, qui a pourri le pays tout entier, mais pas de l’opposition qui dit vouloir changer les choses. Cela doit cesser. Ce pays doit renaître. Il faut une nouvelle opposition. On n’a pas besoin des opposants comme ceux qui ont carrément tourné la veste après avoir été nommés à des postes de responsabilité par un décret présidentiel. Aujourd’hui, ils chantent les louanges du grand manitou. Au diable leurs compagnons de bataille qui n’ont su jouer le jeu. Quand les gars sont à la mangeoire, ils se taisent et oublient d’où ils viennent. Leurs projets politiques sont rapidement mis aux oubliettes. Mon Dieu, va-t-on s’en sortir avec ce genre d’opposants l’année prochaine, lors des élections qui s’annoncent?

A la prochaine pour la suite de notre série consacrée à la présidentielle de 2018 au Cameroun.


Mes astuces pour éviter Paul Biya lors des prochaines élections au Cameroun

L’élection présidentielle camerounaise aura lieu l’année prochaine. Même s’il est au pouvoir depuis 34 ans, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) va forcément présenter un candidat, qui sera sans surprise Paul Biya. Mon blog va suivre de près le déroulement de cette élection pour vous. Je serais sur le terrain avec mon appareil photo (s’il ne tombe pas en panne entre temps), à la recherche des meilleures images et informations pour mes abonnés. En attendant, je compte vous proposer une série de réflexions humoristiques sur ce titre : « Mes astuces pour évincer l’empire du Rdpc). Installez-vous confortablement et dégustez sans modération.   

Vous ne savez pas le bien et le mal que ça fait d’être camerounais et de vivre au Cameroun, au milieu de ces pépés en panne de stratégie qui nous dictent leur loi. Promettez-moi d’être sages pour que je vous déballe tout.

Mais je vais vous dire ce que ça fait, si vous me dites que vous ne me trahirez pas hein. Tout ce que vous lirez dans ce billet, doit rester entre nous ok ? De toutes les façons, si vous dévoilez son contenu à un politicien camerounais, sachez que vous perdez votre temps, parce qu’il ne vous écoutera pas. Est-ce qu’il a même le temps à perdre avec les petites réflexions des petits blogueurs ? Alors, pour ta bonne santé intellectuelle, il faut lire mon coup de gueule autour d’un pot de yaourt (Humm… j’adore !!!).

Paul Biya, le patron du Rdpc. CC: Wikipedia

Un vieux jeune  

Vous le savez peut-être déjà, mais il faut que je vous le rappelle. Le mouvement politique du deuxième président de la République du Cameroun, est gouverné par des vieux. Bien sûr, qu’est ce que vous croyez ? Vous pensez qu’il devait être dirigé par un jeune de moins de 30 ans comme moi qui passe tout son temps à pleurnicher? C’est chose impossible, voyons ! Le président fondateur tient toujours les règnes et c’est magnifique, du moment où il n’a pas encore les cheveux blancs et qu’il ne s’appuie pas encore sur une canne pour se déplacer.

La jeunesse et la fraîcheur du papa de Brenda m’ont déjà wanda (étonné). Il a plus de 80 ans. C’est-à-dire qu’il a plus de huit décennies sur terre. C’est son âge officiel, il ne faut pas l’oublier. Seule sa mère connait l’année, le mois, le jour et l’heure exacts de sa naissance. Parce que vous savez, avant, les gens naissaient vers….et on établissait les actes de naissances quelques années plus tard quand l’enfant avait l’âge d’aller à l’école. Vous voyez un peu ce que je veux dire ? Je ne dis pas que c’est le cas de Popol. Et je n’insinue rien. Toutefois, vous êtes libre de conclure ma pensée.

Jusqu’à présent, je ne comprends pas pourquoi le père là n’a pas une seule chevelure blanche. En bon chrétien, il devrait se rappeler que vieillir jusqu’avoir les cheveux blancs est synonyme de sagesse. En tout cas, j’espère qu’il a vu la couleur des cheveux d’Obama, son petit frère de plusieurs décennies, quand il quittait la Maison Blanche, ou la couleur des cheveux du Pape François (on peut encore tolérer la couleur des cheveux du patron de l’église catholique parce qu’il est un Argentin) la dernière fois qu’il était à Rome, accompagné de maman Chantou (Chantal Biya).

Qui peut challenger Biya ?  

Au Cameroun, on dit que la jeunesse, c’est de 7 à 77 ans. Donc, pépé tu peux déjà accepter ta vieillesse et libérer le trône. Je me demande même si ce type a pensé à construire une maison de retraite pour les anciens présidents ? Bon, c’est vrai que jusqu’ici, on n’en a eu qu’un seul (Ahmadou Ahidjo) qui n’est plus de ce monde. Mais où ira donc M. Biya après sa retraite ? Putain, qu’est ce que je peux être bête ! C’est évident qu’il ira vivre chez lui à Genève (Suisse), c’est où il passe presque la moitié de l’année.

Mais il faut un homme très puissant (un peu comme moi hahaha) pour l’envoyer en retraite. Si vous voulez challenger le candidat naturel du Rdpc, ça tombe même bien, beaucoup de Camerounais attendent son départ à la retraite depuis. Avant toute chose, il faut s’armer de patience parce qu’on ne renverse pas « l’homme lion » comme ça.

Honorable Hamadou Sali, un militant du Rdpc. CC: Wikimedia

Il faut beaucoup de tactiques, de réflexions, de gombo (fric) et de fraude pour espérer obtenir un seul point face à sa machine politique. Oui de fraude. Il faut par exemple avoir beaucoup de tricheurs dans les bureaux de vote, avoir un sac de pactole que vous distribuerez à tous ceux qui vous voteront. Avec 5000 FCFA seulement, vous pouvez acheter les consciences des camerounais qui souffriront après votre élection. En tout cas, on s’en fout même si on souffre après l’élection de celui nous aura séduire comme le serpent avait séduit Eve dans le jardin d’Eden. La suite des souffrances d’Adam et Eve, nous les connaissons tous.

Un parti qui a vieilli sans convaincre

Les Camerounais aiment le cash. Ils pensent que vos programmes politiques ne sont que des histoires à dormir debout. Ils ne sont que des grosses promesses des gros menteurs. D’ailleurs lequel de nos opposants a un programme de campagne plus séduisant que celui du Rdpc ? Et pourtant, après 34 ans de règne, le peuple se plaint toujours parce que le parti de Paul Biya a vieilli sans convaincre.

Les couples Obama et Biya à la maison blanche. CC: Flickr

Pour espérer évincer la donne actuelle, l’adversaire du boss d’Etoudi, doit prescrire l’honnêteté aux membres de son bureau. Ceux-ci ne doivent pas avoir des gros ventres, ni des dents très longues ou encore un gros cœur. Parce que ceux du Rdpc ont tout ça. C’est grâce à eux que ce pays croupit dans la misère. C’est vrai qu’il y a des gens « au grand cœur » dans les rangs de ce parti, qui jouent les généreux avec les sous volés.

Pour envoyer l’actuel régime à la retraite, il faut également savoir manier la langue française sans langue de bois. Les gars tiennent parfois un langage qui n’est compris que par des universitaires corrompus, peureux et formatés. De toutes les façons, pour être le président de la troisième République, il faut être en même de courir à tout moment comme l’ancien président américain pour rattraper le temps. Il ne Faut pas imiter l’exemple du zimbabwéen Mugabé qui n’accepte pas qu’il est fatigué, même si ça se voit qu’il est capable de dormir pendant toute une réunion de prise de décision.

J’espère que tu as retenu mes conseils. On va récapituler. D’abord, tu es moins bavard, parce que c’est le « farotage » qui intéresse les électeurs, ensuite tu triches, parce que sans tricherie, tu te feras éternellement fouetter par le parti au pouvoir qui est un expert en la matière, même si tu es le leader du Social democratic front (Sdf) Ni John Fru Ndi. Il faut également noter que ton programme de campagne rempli de mensonges n’intéresse que les hypocrites. La politique est un jeu de mots, ça tout le monde le sait, mais on en a marre de la langue de bois. Il faut un Donald Trump qui ne trompe pas à la tête de la troisième République.

 


A Yaoundé, il n’y a pas que des poltrons dans les taxis

Les passagers de la capitale camerounaise sont généralement muets comme des carpes. Ils murmurent en solo contre le « roi ». Rares sont ceux qui haussent le ton comme ceux que j’ai rencontré cette semaine dans la ville aux sept collines.

Ouf ! Enfin débarrassé de cette fille du bus. Ma voisine qui dansait comme une sirène. Elle a fait le trajet Douala-Yaoundé avec des écouteurs aux oreilles. Pendant le voyage, elle n’a cessé d’esquisser quelques pas de danse étant assise. J’ai voulu partagé sa joie de vivre. Mais je me suis rappelé que nous n’étions pas du même monde. Elle, c’est la danse, moi, c’est le bavardage. Mais je lui ai quand même fait savoir qu’elle danse bien. Le blogueur Yves Kemayou Tchakounté, m’a reproché de l’avoir laissé partir sans placer un « mot ». Humm Yves, tu souhaitais que je drague cette meuf alors que je suis fiancé ?

Chers jeunes compatriotes, osez donc !

Souvenez-vous, depuis quelques années, le président de la République du Cameroun,  le roi pour certains opposants incapables de mobiliser même dix militants au cours d’un meeting, recommande aux jeunes d’oser. Parce qu’ils sont déboussolés, nos jeunes croient alors que le boss veut qu’ils osent se lancer dans l’immigration clandestine, la prostitution, les sectes occultes, etc. En tout cas, c’est l’impression que j’ai après chaque discours du locataire d’Etoudi. Tenez par exemple, quelques semaines après son adresse à ses jeunes compatriotes, le 10 février dernier, l’un de mes cousins a quitté le pays à pied pour l’Europe. Au moment où je rédige ce billet, le gars croupit dans la misère en Algérie.

Dans un taxi de Yaoundé. CC: Wikimedia

Rassurez-vous, il n’est pas parti tout seul. C’est tout un groupe d’amis qui a pris la route pour l’Europe, leur eldorado. Les gars disent qu’ils préfèrent souffrir ailleurs que de souffrir dans leur pays natal. Avant de partir, mon cousin m’a dit que le pays est en otage. Je ne savais pas de quoi il voulait parler. Dans un taxi hier à Yaoundé, j’ai compris la phrase de mon cousin.

Généralement, quand je séjourne dans la capitale, je n’hausse pas le ton, parce que je sais que c’est une cité de répression. Des indics sont déployés partout dans la ville. Ici, on murmure seulement. On ne parle pas fort parce qu’on ne connait pas qui est qui. L’idéal est donc de rester muet comme une carpe.

Mes voisins de taxi ont fait l’exception. Ils parlaient tous comme s’ils sortaient d’une réunion contre le régime de Paul Biya.

Des gueulards dans le taxi  

Tout a commencé devant un immeuble carrelé sur lequel il est écrit : « ABC ». L’un de mes voisins a rapidement collé une signification à cet immeuble. A=Association, B=Bandits et C=Camerounais. Ce qui donne : Association des bandits Camerounais.

Il faisait ainsi allusion aux fonctionnaires qui distraient les deniers publics pour se bâtir des immeubles et des villas. Pendant le trajet, on  a également parlé d’Issa Hayatou, qui a fait 29 ans à la tête de la Confédération africaine de football (Caf). Issa Hayatou a même été à la tête de la Fédération internationale de football association (Fifa), après la déchéance de Sepp Blatter. Après près de trois décennies au trône de l’instance faitière du football africain, le Camerounais voulait encore briquer un nouveau mandat. Massah, que c’est ton entreprise ? Il a malheureusement été battu par un Malgache.

Paul Biya, chef de l’Etat camerounais. CC: Wikipedia

Il parait que quand un africain goûte au pouvoir, il ne veut plus le quitter. Les pépés s’accrochent jusqu’à la mort. On dirait une malédiction ! Même Dieu s’est reposé le septième jour n’est ce pas ? Il n’a pas fait comme ces octogénaires qui croient que les fauteuils présidentiels ont été créés rien que pour eux. Je pense ainsi aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale du Cameroun. Marcel Niat Njifenji, né en octobre en 1934 et Cavayé Yéguié Djibril, né en 1940, malgré leurs âges avancés, ne jettent pas l’éponge. L’un de mes voisins a laissé entendre que le premier (Niat) ne tenait plus sur ses deux jambes. « Il bave même quand il marche. Quand il décide de marcher pour aller à l’église, les gens souffrent. Il est lent et bloque la circulation », apprend-t-il.

Le taxi avance. Les commentaires pleuvent. On parle de tout et de rien. Même des homosexuels et sectes qui recrutent ces derniers temps dans la capitale politique. Le chauffeur du taxi s’en mêle aussi. Moi, je reste très attentif. Les sujets sont très passionnants. Le feu de signalisation est au vert, mais la circulation est bloquée. Nous sommes à Tsinga Elobi. Le chauffeur aperçoit l’un de ses meilleurs potes de Douala. « Man, je t’ai appelé plusieurs fois, mais ton téléphone ne sonnait pas », vocifère-t-il. Ce dernier, sans hésiter, va venir lui remettre sa nouvelle carte de visite. « Appelle-moi désormais à ce numéro », précise-t-il. Après le départ de son pote, notre chauffeur, un vrai commère, nous apprend que « ce gars que tu vois n’a pas fréquenté. Il n’a même pas fait l’école maternelle. Mais aujourd’hui, il fait dans le pétrole. Il est devenu très riche. Mais moi je sais qu’il est entré dans la secte ».

Marcel_Niat_Njifenji, président du Sénat. CC: Wikipedia

Le chauffeur parle avec une ferme assurance. Mais je ne suis pas d’avis avec lui sur ce point. Je ne sais sur quoi il se base pour dire que son ami est dans une loge, mais je suis de ceux qui pensent qu’on peut réussir dans la vie, sans diplôme, sans même avoir fait l’école maternelle. La vérité est que notre conducteur est un gars de Douala. A Douala, on a tendance à croire que tous ceux qui réussissent à Yaoundé ont « plongé la main » quelques parts. Parce qu’ici, seuls les réseaux dictent leur loi.

Bon chauffeur, vous pouvez me déposer ici. Merci messieurs pour votre « kongossa », j’ai rarement croisé les gens qui critiquent le président Biya et ses hommes ici comme vous.

 


Mobilisation anti-FCFA : la distraction des guignols

Je suis bien curieux de voir comment on s’en sortira en adoptant notre propre politique monétaire avec nos mentalités actuelles. Je m’explique. 

Un jour, un certain Joe La Conscience m’a invité à venir couvrir sa manifestation anti-FCFA organisée devant le consulat général de France à Douala, rue des Cocotiers à Bonanjo. Comme un bœuf qui va à la boucherie, je me suis rendu sur place sans savoir ce qui m’attendait. Joe La Conscience est arrivé dans une tenue vert-rouge-jaune. Je ne savais pas que le site était encerclé par des agents des renseignements généraux. Quelques minutes après l’arrivée de Joe, un car de la police de couleur bleue est venu me ramasser comme un vulgaire chien. C’est ce qui arrive souvent aux reporters accros au buzz comme moi.

Les gars ne m’ont pas fait de cadeau. Ils m’ont molesté. Je n’oublierai jamais ce jour. Après m’avoir auditionné trois heures durant, ils m’ont relâché. Joe avait également été arrêté au même moment que moi. On lui a posé cette question : « pourquoi tu manifestes contre le FCFA devant le consulat de France ?  Tu ne pouvais pas aller dire ton ras-le-bol sur le plateau de la télévision Afrique Média? » Le mec qui se dit panafricaniste, était incapable de justifier son action. On nous a relâché à la même heure, mais le « con » s’est permis d’appeler mon directeur de publication pour lui dire qu’il était détenu dans un lieu secret. Un gros menteur qui veut battre sa propre monnaie ! Hum, ça, c’est la meilleure !

« Un flyer annonçant une mobilisation anti-FCFA le 11 février 2016. CC: Dolly Afoumba »

La priorité est ailleurs  

Je suis d’accord avec ceux qui croient que la colonisation est inhumaine. Que ceux qui ont eu la « merveilleuse » idée de quitter leurs territoires pour venir terroriser mes ancêtres, et les dépouiller de tout, ont commis un crime contre l’humanité. Et par conséquent, ils devront donc être traduits devant la Cour pénale internationale (Cpi) pour répondre de leurs actes. Un rêve fou qui ne se réalisera certainement jamais ! Depuis le début de l’année, je vois aux quatre coins du monde, une série de mobilisations contre le Franc des colonies françaises d’Afrique (FCFA). Les gars veulent absolument en découdre avec ce qu’ils appellent « machin ».

C’est bien beau, mais je me demande si c’est vraiment ce dont nous avons besoin à l’heure actuelle. Nous avons plusieurs maux qui freinent notre épanouissement, mais les gars mettent tout sur le dos du FCFA. Comprenons-nous très bien, je ne suis et ne serai jamais contre cette initiative louable pilotée d’une main de fer par le Sénégalais Kemi Seba. Mais je crains que ça ne soit qu’une pure et simple distraction. Cette monnaie engraisse nos dirigeants et vous les voyez s’en débarrasser aussi facilement ? Je crois que c’est une goûte d’eau dans la mer. Nos brillants manifestants font exprès d’oublier que pendant qu’ils organisent les manifs anti-FCFA en 2017, les colons eux, ont pensé à son maintien il y a de cela plus d’une dizaine d’années, et n’avaient pas besoin d’un tapage médiatique tout autour pendant leurs réflexions pour attirer l’attention de ceux qu’ils tiennent dans la misère depuis des lustres. Tout se passe à huis clos et dans la perfection.

« Un billet de 10 000 FCFA de l’Afrique centrale CC: commons.wikimedia »

C’est vrai que M. Idriss Deby Itno, le président Tchadien nous a fort étonné en dénonçant cette monnaie qu’il utilise pourtant depuis sa naissance. Le boss n’a pas le courage de signer un décret annulant l’usage du FCFA sur son territoire. A sa place, je m’offrirais des machines de fabrication de billets de banque (il en a les moyens hein), et choisirais un nom historique que je collerais à la monnaie que je veux pour mon pays et j’adopterais une politique monétaire nationale. Ce n’est pas facile ça ?

Si le président Tchadien n’arrive donc pas à le faire, c’est tout simplement parce qu’il n’est pas prêt. Et vous croyez que ce sont nos pauvres « panafricanistes » qui triompheront des griffes occidentales ? Certains fustigent même les colons étant sur leurs territoires. Les amis, le vrai combat se déroule ici, au pays de nos ancêtres ! Le tout n’est pas de dénoncer, mais de prendre ses responsabilités.

Le problème, c’est nous

Au Cameroun, mon pays d’origine, nos gouvernants s’en foutent du brouhaha des « experts» qui disent que le FCFA est un machin qui freine le développement des pays qui l’utilisent. Je ne sais pas si c’est vrai, mais je suis quand même sûr d’une chose : ce n’est pas le FCFA qui a mis l’esprit de corruption dans la cervelle de mes frères africains. Encore moins le chômage. Ce n’est non plus le FCFA qui appauvrit nos pays. La preuve est que nous avons beaucoup de milliards et de richesses sous nos pieds. Mais qui connait la direction qu’ils prennent chaque année pour qu’on soit toujours là à tendre nos mains vers l’occident pour emprunter les sous pour « construire » nos infrastructures ? Croyez-vous que ces gens (nos dirigeants), aussi égoïstes soient-ils, peuvent accepter la fin du FCFA ?

« Le continent africain. CC: Wikepedia »

Mes questions ne tiennent peut-être pas debout, mais j’aimerais qu’on m’explique comment on va s’en sortir avec notre propre monnaie avec notre mentalité actuelle ? Ici, certaines personnes se détestent pour rien. D’autres élaborent les lois et sont les premiers à les violer. Les riches font grimper les prix des denrées alimentaires en faisant semblant d’oublier qu’il y a trop de chômeurs et de pauvres dans nos cités. Et vous croyez que la sortie du FCFA viendra miraculeusement nous délivrer de nos vrais bourreaux ? Je deviens peut-être bête, mais je veux comprendre comment les emplois vont naître avec notre propre monnaie ?  Comment les micro-finances ne vont plus fermer leurs portes avec les sous des épargnants ? Etc.


Nord du Cameroun : ces images des orphelins victimes du terrorisme m’ont arraché une larme

Je peux peut-être me tromper, mais même au moment où je rédige ces lignes, je n’ai pas eu vent d’une quelconque prise en charge des orphelins victimes du terrorisme dans le septentrion.

Un inconnu m’a balancé des photos et des vidéos très touchantes sur un réseau social. Je les ai d’abord reçues avec joie. Mais ces images, au lieu de m’égayer, ont plutôt réussi à m’arracher une larme. Moi qui pleure difficilement ! Elles montrent deux enfants en train de travailler dur dans un camp militaire dans la partie septentrionale du Cameroun. Celui qui m’a envoyé ces images serait, dit-il, très introduit dans le milieu. Il précise qu’il ne cautionne pas l’injustice, c’est pour cela qu’il m’a envoyé ces images. A l’en croire, les gamins sur les images « passent la majeure partie de leur temps à cet endroit, à effectuer des travaux parfois difficiles ».

« Un orphelin victime de Boko Haram dans un camp militaire au Nord du Cameroun. Crédit: l’inconnu »

L’inconnu a immortalisé les scènes de deux enfants à l’aide de son téléphone portable. Sur une image prise en journée, j’aperçois un gamin d’environ 10 ans, assis sur une tôle, en train de déplumer une volaille à l’aide d’un couteau. Sur une autre image prise le même jour, un autre gamin, un peu plus âgé, transporte également une volaille. Un peu plus sombre, comme si elle avait été prise dans la nuit, une autre image montre les deux enfants côte-à-côte, près d’un feu de bois, en train de se réchauffer.

Le plus grand porte un maillot rouge et un pantalon militaire. Le cadet quant à lui, est revêtu d’un maillot rayé, avec un short rouge. « Ils s’appellent Akura et Barka. Leurs parents ne sont plus en vie», informe l’inconnu, qui certifie qu’il s’agit des orphelins victimes de Boko Haram, qui sont utilisés dans les tâches ménagères, dans un camp militaire dans la région du Nord.

« Cet enfant travaille dur pour survivre. Crédit: l’inconnu »

Je n’en crois pas mes oreilles ! L’inconnu ne se rend pas compte de la gravité de ces accusations. Il ne sait pas également qu’il m’a fait perdre le sourire. J’avais pourtant décidé de ne plus m’énerver, mais je me rends compte qu’il y a des situations plus fortes que moi, qui déchirent le cœur et nous mettent dans tous nos états. Si ce que l’inconnu me confie s’avère vrai, ne suis-je pas en droit de me fâcher contre cet officier de l’armée camerounaise qui utilise ces petits anges? En tout cas, si nos chemins se croisent, voici ce que je lui dirai sans mâcher les mots: « Mais monsieur, vous êtes malade ou quoi ? Comment pouvez-vous faire des enfants en détresse vos esclaves ? » Nous allons nous calmer hein, en entendant le face à face avec le type en question.

Qui s’occupe des orphelins victimes du terrorisme au Cameroun ?

Je suis resté bouche bée après avoir regardé les images que l’inconnu m’a envoyé. Elles suscitent plusieurs interrogations dans ma tête.

  • Premièrement, je me demande ce que deviennent les enfants camerounais dont les parents ont été tués par les terroristes nigérians qui servissent dans la région septentrionale du Cameroun?
  • Deuxièmement, j’aimerai savoir s’il existe une politique de prise en charge de ces orphelins, mise en place par le gouvernement camerounais? –
  • Troisièmement, pense-t-on à leur futur ou alors on est trop concentré à piller les caisses de l’Etat ?

C’est autant de questions qui se bousculent dans ma petite cervelle.

« Un orphelin victime de Boko Haram devenu cuisinier. Crédit: l’inconnu »

Rémunération 

Les deux enfants cités plus haut, seraient originaires du village Balgaram à l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce village a plusieurs fois été visité par les terroristes, qui y ont massacré beaucoup de personnes. « Akura » et « Barka », aujourd’hui utilisés dans le camp militaire de la contrée, seraient restés orphelins. « Ils  ne vont presque pas à l’école parce qu’ils passent tout leur temps ici au camp militaire. Ils y restent du matin au soir », renseigne l’inconnu depuis la ligne de front.

Le soldat accuse «  un commandant de compagnie », d’être à l’origine de l’exploitation de ces enfants en détresse, qui seraient rémunérés pour les services rendus. « Ils disent que le commandant leur donne souvent 200, 500 et aujourd’hui par exemple, ils ont eu 700 Naira l’équivalent de 1000 FCFA. Ils travaillent souvent comme ça du matin au soir », dénonce l’inconnu, courroucé. Pour avoir le cœur net, j’ai contacté le « capitaine » soupçonné. Il a tout nié en bloc. En plus, je ne crois pas que l’armée camerounaise utilise le Naira, une monnaie nigériane, sur son territoire pour payer ces enfants.

 


Drogue et délinquance juvénile : j’ai fait un détour à « Babylone »

Je les ai aperçus de mes propres yeux. Ils sont installés le long du drain de Bonadibong. Ils y sont encore jusqu’à présent. Ils fument le chanvre indien en plein air, sans que ça ne gêne personne.

Tout passant qui emprunte cette voie pince son nez, de peur d’aspirer les odeurs que cet endroit dégage. C’est un exercice que font régulièrement ceux qui sont allergiques aux odeurs du chanvre indien et du cannabis, comme moi. Après un crochet au marché Congo de Douala ce mardi 31 janvier 2017, je décide de passer par Bonadibong, situé entre les quartiers Bali et Akwa pour arriver à Nkongmondo. A partir de Nkongmondo, je peux facilement emprunter une mototaxi pour arriver chez moi. Par curiosité, je décide de passer par le drain qu’on vient de bâtir dans le coin.

A distance, j’aperçois un groupe de jeunes rastas, aux allures de Bob Marley, qui sont installés le long du drain. Du côté droit, il y a un grand mur qui les sépare des dealers. Un gros trou a été fait sur ce mur. C’est à travers ce trou que les deux parties communiquent. « Je veux la thaïe, donnez moi la thaïe», vocifère un jeune homme visiblement affaibli, penché sur le mur. Il est impossible de voir la face de son interlocuteur.

« Bob Marley, l’icone des rastas. Wikicommons

Je n’ose même pas m’approcher de ce trou. Après avoir acheté sa pilule thaïe, le jeune homme va prendre place à côté de ses potes. De sa poche, il sort une feuille blanche dans laquelle il verse son produit, qu’il va rouler sous forme de cigarette. Le jeune homme arrache le briquet de la main de son voisin, et allume aussitôt son joint. Il tire une première, puis une deuxième fois, avant de rire aux éclats.

« Hum, man le way si est bon zouska », se réjouit-il. Pas de bruit dans le coin, il parait que les consommateurs de drogue n’aiment pas être dérangés quand ils sont en action. Par contre, ils aiment étouffer les lieux avec leur fumée qui pollue l’atmosphère. Le drain de Bonadibong pue le chanvre indien.

Bouche bée, je me faufile entre ces toxicomanes. « Yah man, la montre du gars ci est nyanga hein !!!», lance l’un d’eux, en direction de la montre que Malick, un ami bijoutier vient de m’offrir. En entendant ces propos, je commence à accélérer le pas, tête baissée. Heureusement que le mec ne s’est pas approché de moi, certainement parce qu’il y avait une nana qui lui caressait les rastas. Cette nana, très grande et très belle, a aussi des lèvres noires comme son compagnon. Qui se ressemble s’assemble n’est-ce pas ? De toute façon, je ne me mêle pas de la vie d’un pareil couple !

Quand les dealers rodent dans les marchés

« Le vol rime avec la drogue », cette phrase d’un ami est revenue dans ma tête au moment où je traversais le drain de Bonadibong hier. Tout est maintenant clair dans ma tête ! A un jet de pierre de ce lieu occupé par les consommateurs de drogue, il y a « Ancien troisième », le plus vaste marché de l’électronique de la capitale économique camerounaise. Ici, le consommateur peut avoir tout type d’appareil qu’il désire en quelques minutes seulement. On peut également faire réparer son appareil ici. Je vous conseil beaucoup de précautions lorsque vous vous rendez en ce lieu. « Il y a certains réparateurs ici qui sont comme des fumeurs de chanvre. Ils volent ton téléphone et te donne un pourri avec une coque neuve », rapporte une victime.

« Les jeunes camerounais passent plus de temps dans les salles de jeux. CC Flickr

Ce qui m’intrique, c’est la présence des fumeurs de chanvre indien et dealers autour des marchés de Douala. Avant de prendre leurs quartiers à Bonadibong, ils étaient très présents au quartier Makéa, dans le deuxième arrondissement. Makéa est également situé entre plusieurs marchés. Je me souviens qu’il y avait un coin dans ce bidonville qu’on avait surnommé la « Colombie », en hommage à la vraie Colombie, où le joint se consomme comme des petits pains.

En principe, les consommateurs de drogue ne dérangent pas. Mais quand ils trouvent une occasion de te frapper, ils le font sans pitié. Ça me rappelle l’époque où mon frangin Papous était encore plongé dans cet univers. Son lieu de prédilection était le marché de poissons de Youpwé (Douala 2). Le gars consommait le chanvre et la cocaïne comme s’il bouffait le couscous de maïs, avec les feuilles de manioc. La seule différence est que le couscous donne des kilos, pendant que l’autre fait maigrir.

Je l’aimais tellement, mon frangin ! Je suis même allé lui dire de renoncer à cette vie, mais le mec me jurait par tous les dieux qu’il ne prenait ni la cocaïne, ni le chanvre indien. Alors qu’il prenait jusqu’au tramol. Tout sur lui prouvait le contraire de ce qu’il me disait. Je me souviens même qu’il m’avait piqué mon téléphone portable Nokia (écran bleu). Aujourd’hui, il se limite à la cigarette et au chewing-gum.

La drogue à portée de main

Dans un coin de mon quartier, les jeunes dont la tranche d’âge varie entre 15 et 25 ans, passent tout leur temps à jouer au poker. Après les cartes, d’autres misent sur le pari sportif. Je les retrouve également dans des salles de jeux vidéo. Plusieurs collégiens et lycéens zappent même les cours pour ces jeux. J’ai constaté que c’est dans ces milieux qu’ils apprennent à goûter non seulement à la cigarette, mais aussi aux choses plus dangereuses.

Je ne parle pas des choses que je ne connais pas hein ! J’ai grandi dans un coin chic qu’on appelle « Bonapriso ». Les principales préoccupations des jeunes d’ici, étaient l’école et le football. Beaucoup s’intéressaient aussi au vélo. Tout a basculé le jour où un homme d’affaires a eu la merveilleuse idée d’ouvrir une salle de jeux au carrefour « Armée de l’air ».

« A cause du manque d’encadrement, les enfants peuvent devenir des criminels. CC Pixabay »

Cette salle de jeux a attiré plusieurs jeunes des autres quartiers qui étaient déjà très avancés dans la consommation de drogue et la délinquance juvénile. Ces derniers se sont mélangés aux jeunes de Bonapriso.

Quelques années plus tard, plusieurs jeunes de ma génération ont commencé à tenir tête à leurs parents. L’école ne les intéressait plus. La salle de jeux était devenue leur passe-temps favoris. Les choses ont pris une autre tournure. Les enfants ont créé des gangs. Ils ont opéré des braquages à main armée. Plusieurs ont même monté des coups contre leurs parents. L’année dernière par exemple, mon petit « Bonny », un adorable petit frère que j’aimais à l’époque, a été bastonné et tué « par son père », selon les médias locaux. Il se raconte au quartier que Bonny était devenu dangereux pour ses parents, a qui il soutirait beaucoup d’argent. Hormis ce petit frère, plusieurs ont été tués à Bonapriso à cause du vol, pendant que d’autres séjournent actuellement dans les geôles de la prison centrale de Douala.

Veuillez sur vos anges  

J’ai pris ces exemples parmi tant d’autres pour inviter les parents et tuteurs camerounais à s’occuper de leurs enfants. Ils sont un peu trop à la merci du diable. Il faut savoir avec qui vos enfants traînent et où ils vont. Quel type de musique écoutent-ils ? Quel bouquin lisent-ils ? Que regardent-ils à la télévision et sur quels réseaux sociaux surfent-ils ? Choisissez toujours le meilleur pour vos anges. Si vous ne souhaitez par les perdre, je vous suggère de veiller sur eux, sans toutefois les mettre mal à l’aise.


Cameroun : propagande à outrance et intimidations des internautes

Le ministère des Postes et des télécommunications du Cameroun a entamé une campagne de lutte contre la désinformation via les réseaux sociaux il y a environ deux semaines. Une opération très noble, que je salue. Mais la patronne de ce département ministériel doit avant tout connaître les raisons qui poussent certains internautes à publier des informations et des images visant « à déstabiliser notre pays ».

Réunion sur les réseaux sociaux à Douala. Crédit : Frank William Batchou

« Cher abonné, ne vous rendez pas complice de la désinformation et de la déstabilisation de notre pays via les réseaux sociaux », ce message est du ministère des Postes et des télécommunications du Cameroun (Minpostel). Je l’ai reçu le 28 janvier 2017 à 10h13 sur mon téléphone portable. Je reçois ce genre de message presque tous les jours depuis maintenant deux semaines ! Ils me tapent déjà sur les nerfs, ça devient de plus en plus agaçant. Une chose est certaine : je n’en veux plus, la messagerie de mon téléphone est déjà saturée. Ma batterie est tout le temps déchargée depuis que cette histoire a commencé à polluer ma messagerie. J’ai l’impression qu’il n’y a que moi que le Minpostel sensibilise, comme si toute leur campagne était concentrée sur moi ! Comme si je publiais de fausses informations visant à déstabiliser notre pays via les réseaux sociaux. Je me demande même si le Minpostel a eu le temps de visiter mes pages Facebook et Twitter avant d’inonder mon téléphone avec ses machins. Des mises en garde qui me laissent à 37, parce que personnellement je ne publie pas n’importe quoi sur les réseaux sociaux. Ceux qui me suivent sur Facebook ou sur Twitter, connaissent très bien ma position. Premièrement, je déteste les intimidations ; et deuxièmement, le Minpostel ne m’empêchera pas de dire ce que j’aime ou ce que je n’aime pas sur mes pages Facebook et Twitter. Sur ces deux plateformes, je publie les images et les articles qui me passionnent. Les règlements de compte, les rumeurs et le chantage… tout ça ne m’intéresse pas. C’est un choix que j’assume pleinement.

Panorama des médias sociaux. Crédit : pixabay.com


Des micro-blogueurs engagés

Sur les réseaux sociaux, tout le monde n’a pas les mêmes intérêts. Il y en a qui « pissent » sur mes posts, jugés trop chrétiens par certains, mais applaudis par d’autres. D’autres trouvent leur compte en publiant des vidéos, des images et des informations qui soulèvent les masses et fâchent nos dirigeants : leurs publications, jugées négatives par nos gouvernants, font le tour du monde et suscitent beaucoup de réactions.

Avant l’arrivée des réseaux sociaux, les gens du gouvernement nous mentaient pêle-mêle. Ils pouvaient par exemple nous dire qu’il y a eu aucun mort dans un déraillement ou dans un crash d’avion. Et tout le monde les croyait sans discuter, jusqu’à ce que des familles constatent la disparition de l’un de leurs, ou qu’on retrouve des corps, des ossements humains… dans des ravins. Aujourd’hui, même avec l’avènement des réseaux sociaux, nos dirigeants tentent toujours de truquer le nombre de victimes après un drame.

Les réseaux sociaux contrôlent l’actualité dans le monde. Crédit : pixabay.com


Infos et intox en un clic

Depuis quelques années, les réseaux sociaux ont pris une longueur d’avance sur les médias conventionnels. Avant d’être publiques, la majorité des informations retrouvées dans la presse passent d’abord par des groupes de discussions sur les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp). Le Minpostel le sait très bien. Il sait également que c’est grâce aux utilisateurs des réseaux sociaux que beaucoup de choses ont changé dans ce pays. Sans réseaux sociaux, il est certain que des événements comme l’éventration de Monique Koumateke (mars 2016), devant les urgences de l’hôpital Laquintinie à Douala, en plein air, sous le regard impuissant du corps médical, seraient passés inaperçus. C’est grâce à la vidéo « choquante » publiée sur les réseaux sociaux que le ministre de la santé publique, André Mama Fouda, a été contraint de s’exprimer. Il s’est d’ailleurs empressé de dire qu’il n’y avait pas eu « négligence médicale », alors que la vidéo prouvait le contraire. C’est aussi grâce à l’écho créé par les médias sociaux que le gouverneur de la région du littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, et son état major, se sont rendus sur les lieux du drame en quelques minutes seulement. C’est également grâce aux utilisateurs des réseaux sociaux (que le Minpostel menace) que nous avons été informés du scandale ferroviaire d’Eseka (octobre 2016) et des crimes dans les régions anglophones du pays, des drames qui ont ôté la vie à plusieurs dizaines de camerounais.

« Madame Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et télécommunications du Cameroun. Crédit : wikipedia.org »

Il faut faire former vos internautes 

Les réseaux sociaux jouent un rôle capital dans un pays où l’immobilisme, l’inertie, la corruption, le chômage, l’affairisme, la discrimination, les détournements des deniers publics… ont élu domicile.

Je reconnais qu’il y a souvent eu des dérapages sur les réseaux sociaux. Des personnes de mauvaise foi qui publient des choses inutiles qui secouent la République et menacent la paix de notre pays. Avouons aussi que certaines de ces rumeurs finissent souvent par se réaliser. In fine, je pense que le Minpostel met les utilisateurs des réseaux sociaux camerounais en garde parce qu’il voit que les intérêts du gouvernement sont menacés. J’aurai aimé que Mme Minette Libom Li Likeng, la patronne du Minpostel, débute sa campagne par la formation des internautes et non avec un message menaçant comme celui-ci : « un abonné risque un emprisonnement de 20 ans s’il est auteur de déclarations mensongères ou de dénonciations calomnieuses via un réseau social ».