Didier Ndengue

Je reviens d’une décharge d’excréments humains

Tranche de vie au Bois des singes, un nouveau quartier hautement risqué de la capitale économique camerounaise.
Ce vendredi 5 août 2017, je suis dans les parages. J’aperçois dans la maisonnette construite en matériaux provisoires, située à l’entrée principale du nouveau secteur, juste au bord du tunnel, trois adultes qui devisent. Leurs conversations tournent autour de leurs activités quotidiennes. Soudain, un camion transportant les excréments de la société Bocom Sarl, s’arrête et klaxonne à plusieurs reprises, sans toutefois ébranler les trois types de la maisonnette.
Mais le conducteur ne descendra pas de son engin. L’un des occupants de la case sort quelques secondes plus tard. A partir de sa cabine, le chauffeur de la société de vidange d’excréments lui balance une pièce d’argent, avant de poursuivre son chemin. En moins de trente minutes, j’ai vu une dizaine de véhicules de vidange passer par ici, sans déroger à la tradition imposée par les agents de la Communauté urbaine de Douala (CUD). En fait, personne ne déroge à cette règle.

 

Carrière du Bois des singes de Douala. CC DN

Zone interdite

Quand je traverse le pont qui relie la localité de Bonapriso aux Bois des singes à Youpwe, dans le deuxième arrondissement de Douala, j’aperçois des conducteurs de mototaxis, garés au bord du tunnel. Ils attendent les passagers qui se rendent au lieu-dit « Fin goudron Bois des singes ».
A leur gauche, un grillage sécurise le site de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA).
La société possède un gigantesque domaine, où il est strictement interdit d’habiter et de circuler. Pour sécuriser sa propriété, les responsables de cette entreprise ont augmenté la taille et la quantité de grillages qui séparent leurs terres des populations du Bois des singes.
Je décide de descendre un peu plus bas, vers l’une des plus vieilles carrières du coin. Ici les creuseurs de sable sont en activité. Tous sont à l’œuvre. Chacun dans son domaine. Ils comptent boucler le boulot avant la fin de la journée.
Il y a des chercheurs de sable à l’aide d’une pirogue, ceux qui le tamisent, pendant que d’autres jeunes, torses nus, chargent les camions de sable. Dans les hangars construits en feuilles de paille sur les lieux, un autre groupe de personnes fabrique les parpaings.
C’est ici sur place que les occupants du Bois des singes se sont ravitaillés en parpaings pour bâtir les maisons qu’ils habitent actuellement. De nombreuses autres maisons sont en train d’y être construites.
Après deux minutes de marche, j’arrive enfin au cœur du Bois des singes. En 2010, je me souviens que la plus grande partie de ces terres servait de champs aux autochtones de Bonapriso. Ils y cultivaient des patates douces, manioc, plantains, maïs, fruits et légumes. Il y avait également un grand terrain de football et de rugby, où je venais souvent jouer avec les jeunes de Bonapriso. On s’amusait tellement ici. On ne voyait pas le temps passé.
En plus du vieux cimetière, le Bois des singes est également le lieu où les entreprises de vidange de la ville de Douala, viennent déverser les excréments, qu’elles ramassent partout dans les fosses septiques de Douala.

En route pour le cimetière. CC DN

Aujourd’hui, les stades de mon enfance et les champs agricoles ont complètement disparu. Le cimetière, jadis dans les herbes, a reçu un coup de pinceau. La fosse de vidange, quant à elle, est toujours exploitée par des dizaines de camions tous les jours.
Mais ce qui attire ma curiosité ici, c’est la qualité des maisons qui poussent tous les jours sur les lieux. Elles sortent des terres comme des champignons. Le Bois des singes, abandonné à lui-même à l’époque, est désormais le paradis de plusieurs millionnaires de la capitale économique camerounaise.

Tranche de vie

Sur la grande route qui conduit à la décharge de la capitale économique, des femmes, et des enfants ont installés des caisses et tables, où sont exposés des petits commerces. On y vend notamment des arachides, oranges, goyaves, mangues, etc. Au carrefour, où le goudron s’arrête, en allant vers la fosse d’excréments, les tout-petits jouent aux billes, en face d’une mosquée. Non loin, j’aperçois un styliste qui raccommode un tissu pagne. Sa voisine « callboxeuse », avec sa sacoche enroulée autour du cou, pèle les oranges qu’elle expose au fur et à mesure sur un plateau posé sur ses genoux.
Des boutiques, des centres de santé, des pressings, des églises et mosquées abondent ici, à coté des milliers de maisons qui ne cessent de sortir des terres. Des minis châteaux et gratte-ciels, fraîchement construits, subissent les dernières retouches. Au même instant, des centaines de parpaings sont en train d’être apprêtés. Ils permettront de construire de nouvelles maisons.
En descendant progressivement dans le quartier, des plaques indiquent qu’il y a des studios et chambres modernes, bien bâtis, à louer dans le coin. Appelé affectueusement « New-Priso », le Bois des singes ne cesse de s’agrandir et d’accueillir de nouvelles personnes.

Un parent et son fils dans une fosse de vidange. CC Wikimedia

L’autorité menace

Le Bois des singes à Youpwé, est devenu un grand quartier, qui accueille environ douze mille âmes. Plusieurs familles y cohabitent aisément. Mais depuis quelque temps, leur sommeil a pris un coup. Leur tranquillité est perturbée par les pouvoirs publics, qui demandent à chacun de brandir son titre foncier. Hors la majorité n’en possède pas. Dr Bidja Didier, sous-préfet de l’arrondissement de Douala 2ème, était ici le mois dernier, pour toucher du doigt les réalités d’un quartier très convoité.

Ma marche me conduit au Bloc B, où je suis chaleureusement accueilli par Nanga Salomon, le représentant du chef du quartier. Ce dernier m’apprend que la visite de travail du sous-préfet était une bonne chose, même s’il reconnait que les habitants de son quartier n’ont pas de titres fonciers.
« A cause du manque de logement, plusieurs familles se sont installées ici sans titre foncier. Les Duala ont donné des terrains à vil prix. Même le Roi René Duala a donné des portions de terre à certaines personnes d’ici, gratuitement », apprend l’un des premiers occupants du Bois des singes.

Pendant que les habitants entament les démarches pour obtenir les documents administratifs exigés par le sous-préfet, le quartier baigne dans une insécurité galopante. Les malfrats y sévissent depuis un certain temps. « Ils font du trafic et atterrissent ici dans l’eau avec des produits dangereux comme le chanvre indien, la cocaïne et sont souvent armés ».


Quand la racaille s’en prend à une mémé « sorcière »

Ils ont carrément perdu la raison. Ces jeunes camerounais, censés être au chevet des personnes du troisième âge, n’éprouvent aucune compassion quand celles-ci, affaiblies par les maladies et l’âge, trébuchent. Au lieu de les secourir, ils les bastonnent sous prétexte qu’elles sont des sorcières. Incroyable, mais vrai !

Des voix s’élèvent de l’autre coté de la rue. Elles attirent la curiosité des riverains. Tout le quartier est en mouvement. Les gens sont dehors. Ils assistent à un spectacle inédit. A l’aide de leurs téléphones portables, plusieurs se contentent de filmer la scène, qu’ils balancent aussitôt sur les réseaux sociaux, pour animer leurs communautés Facebook et WhatsApp. Ils se réjouissent des commentaires qui en découlent. Pendant ce temps, elle reçoit des coups de fouet sévères de ceux qui peuvent être ses arrières petits-fils. S’exprimant en pidgin, elle voulait juste qu’on l’aide à retrouver le chemin de la maison familiale. Mais personne n’a prêté attention à ses doléances. Même pas les jeunes garçons qui se montrent souvent gentils dans le quartier.

Sa petite voix épuisée, a été pour eux un prétexte de conclure qu’elle est tombée d’une boite de sardine et a atterri sur le toit d’une maison du quartier. Cette boite de sardine représenterait l’avion de nuit qui transporterait les sorciers noirs. Selon les dires des populations, le pilote de cet engin a laissé tomber la vieille pendant le vol. « C’est sûr qu’ils revenaient d’un coup quelque part dans le monde », chuchote-t-on dans les parages.

Paralysée par terre, elle n’arrive pas à se mettre debout pour affirmer ou infirmer ce qui se raconte sur elle. Un coté de son corps frôle la rigole où les ménagères déversent leurs ordures. Les chasseurs de sorciers ont réussi à déchirer presque tous ses vêtements et à exposer ses parties intimes.

Les passants sont donc servis gratuitement. La vieille saigne. Mais les gouttes de sang à coté d’elle ne découragent pas ses bourreaux.

Plus rien n’arrête ces fous furieux. Comme s’il avait été piqué par un moustique, l’un des bastonneurs se dirige vers la maison la plus proche, se saisit d’un seau de 15 litres qu’il remplit d’eau. Mais non le gars, tu ne vas pas quand même verser cette eau sur la mémé ! Le salaud l’a fait avant même que je ne finisse de m’étonner. Et la bastonnade peut continuer sans l’intervention de la police alertée il y a plusieurs dizaines de minutes. Prés de trente minutes se sont écoulées et les hommes en tenue sont toujours absents. Il y a pourtant un commissariat de police à 2 minutes à pied de ce lieu.

Une vieille femme traitée de sorcière

Sentence de mort confirmée

Dans leur folie, ils trainent la vieille comme une ordure. La foule est de plus en plus bruyante. Elle ne donne aucune chance à cette femme âgée de s’exprimer. Ils envisagent même de passer à la vitesse supérieure. L’heure est venue, pensent-ils, d’en découdre définitivement avec cette vieille « sorcière ». Et la meilleure option est de l’arroser de pétrole et de la brûler vivante. Ils sont tous unanimes. Aucune objection. Personne n’ose se mettre à la place de la famille de cette vieille dame. Elle pourrait aussi avoir des enfants et des petits enfants.

Ils veulent ôter la vie à une personne qu’ils ne connaissent même pas. La vie est pourtant précieuse, ils doivent sûrement le savoir. Et les cheveux blancs sont la couronne des vieillards. La bible le dit. Qui leur a même permis de le faire ? De croire qu’il faut brûler un homme vif pour une raison qui ne tient pas debout ? Ils sont tellement occupés à planifier leur meurtre qu’ils ne m’écoutent même pas.

Le cri qui délivre

Le sort de la vieille est scellé. Elle s’est évanouie avant le retour de celui qui est allé acheter le litre de pétrole. Les gens rient aux éclats, comme à Sodome et Gomorrhe, avec leurs bouches édentées ! Soudain, un cri effroyable déchire l’atmosphère. C’est le cri d’amertume d’une gamine de huit ans troublée par le phénomène. Tout le monde se tourne vers elle, pour savoir ce qui s’est passé pour qu’elle se mette subitement à pleurer à chaudes larmes.

Devant les yeux rouges de ceux qui bastonnent la vieille, elle hausse le ton : « Papa, voila grand-mère couchée, morte, ces gens veulent la brûler…Papa il faut sauver grand-mère ». Son père qui la suivait à distance, va se frayer un passage au milieu de cette foule déchainée. Les larmes aux yeux, il va tomber sur ses deux genoux devant sa mère, qui ne gémit plus. Il va la serrer fort dans ses bras.

Ses bourreaux, pris de panique, vont se retirer un à un après avoir suivi les explications du fils de la « sorcière », qu’ils tabassaient il y a un instant. Ils pouvaient pourtant éviter cette scène, qui fait déjà le tour des réseaux sociaux, en prêtant juste attention aux doléances de cette grand-mère. Ils auraient su qu’elle s’est égarée dans notre grande métropole. Enfin, il suffisait juste de l’écouter pour se rendre compte qu’elle a eu le vertige alors qu’elle tentait en vain, de retrouver le chemin de la maison.

« Elle est en ville depuis quelques jours pour suivre ses soins. Elle n’a pas pris ses comprimés ce matin, c’est pour cela qu’elle a déliré », explique le fils de la dame aux flics qui sont arrivés sur les lieux du drame une dizaine de minutes après le départ des chasseurs de « sorciers ».

La vieille traitée de sorcière a été sauvée de justesse par sa petite fille et transportée dans un centre de santé par son fils, où elle a été réanimée. Pendant ce temps, le phénomène se poursuit. Ceux qui bastonnaient aujourd’hui, sont convaincus qu’ils ne vieilliront jamais ou que leurs parents ne seront pas également un jour traités de sorciers, tabassés et brûlés vifs.


Le Cameroun rafistole déjà la Can 2019  

Je cherche toujours à savoir sur quoi les dirigeants de mon pays se basent pour dire que nous pouvons tenir le pari de l’organisation de la 32e Coupe d’Afrique des Nations de football. Je reste pessimiste malgré les gros discours « rassurants » qui ignorent tout ce qu’on a comme insuffisance dans les domaines infrastructurels, hôteliers et routiers. Désolé il y a un nouvel arbitre sur la pelouse ! 

Ce qu’ils ignorent, ou alors qu’ils font semblant d’ignorer, c’est que les règles du jeu ont changé depuis que le nouveau président de la Confédération africaine de football [Caf] a envoyé notre Issa Hayatou en retraite forcée. Donc nos dirigeants devaient déjà songer à accélérer les chantiers de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de 2019 que notre Issa national a obtenu avant son départ de l’instance faîtière du football africain. Ah si seulement ce monsieur nous avait aussi doté de quelques stades modernes avant son départ ! Certainement qu’il pensait que la chance allait encore être de son coté. Hein père, que c’est ta maison? Maintenant que tu n’y es plus, il faut qu’on arrête nos «camerouniaiseries». Le moment est donc venu de se dire les vérités en face pour ne plus tomber dans un tel piège.

Stade Ahmadou Ahidjo. Crédit photo: Wikipedia

C’est vrai qu’on nous a habitués aux bricolages de dernières minutes dans ce pays, mais cette fois, je crois qu’on ne s’en sortira pas. Je vois mal Ahmad Ahmad, le nouveau boss de la Caf, fraichement arrivé au trône, accepter que sa toute première Can se déroule dans des conditions archaïques. A sa place, je me méfierai, jusqu’à ce que mes équipes d’inspection des lieux me présentent un rapport convaincant.

Ali Bongo est vif, Paul Biya est nonchalant : il n’y a pas match !

J’ai entendu certaines personnes dire que si le Gabon a pu organiser la Can 2017, pourquoi le Cameroun ne parviendrait-il pas à son tour? Ma réplique est simple : Ali Bongo, un chef de l’Etat très pragmatique, allait personnellement inspecter les chantiers des stades où les matchs devaient se dérouler. Paul Biya peut-il également relever le défi? Parce que je suis persuadé que lui seul peut décanter la situation à l’état actuel des choses, en effectuant des visites inopinées sur le terrain pour constater l’état d’avancement des travaux. Vous me direz qu’il y a des gens mandatés pour ce job. Ces derniers lui dressent-ils des vrais rapports ? Il est donc important qu’il y veille personnellement. Mais connaissant l’orgueil de l’homme, il ne descendra sur le terrain sous aucun prétexte. Et puis, il parait qu’il compte briquer un nouveau mandat l’année prochaine. Raison de plus pour préparer sa réélection à la tête du pays pour un nouveau septennat.

Chantiers achevés, pas avant

Mon intention n’est pas de disqualifier mon pays de l’organisation de la prochaine Can, bien au contraire. Mais quand je regarde dans le rétroviseur, je crois qu’il devrait se retirer de lui-même, sans trop de bruits. Pour une fois, évitons la honte à nos compatriotes. Je parcoure plusieurs chantiers de ce pays et l’état actuel des travaux me laisse perplexe. J’ai envie de croire que les multiples déclarations du gouvernement et leurs partenaires ne nous aideront pas à achever nos nombreux chantiers avant la date butoir.  Dans ce cas, l’idéal, à mon humble avis, serait de sauver notre peau en renonçant rapidement à l’organisation de l’édition de 2019, qui nous fera certainement réaliser des bonnes affaires, mais ne contribuera pas au développement économique de ce pays. Si le football rendait un pays riche, ce que ce pays serait un mini paradis sur terre avec les nombreux trophées raflés par les Lions indomptables sur le continent. En plus, qui peut me dire, avec preuve à l’appui, ce que la Can féminine que nous avons récemment organisé a réellement apporté au pays de Samuel Eto’o ?

Logo Caf. Crédit photo: Wikipedia

Soyons donc réaliste comme la Zambie, qui s’est officiellement retirée de l’organisation de la Can U23 Total édition 2019. Il n’y a aucun péché à renoncer quand on ne peut pas. Il faut juste savoir le reconnaitre et stopper rapidement le bras de fer inutile qu’on veut engager avec la Caf. C’est vrai qu’on avait pris des engagements pour accueillir 16 équipes, mais les nouveaux boss du football mondial en ont opté pour 24. Ce qui oblige le Cameroun à revoir ses chantiers.

Dans le #4ePouvoir, un groupe WhatsApp regroupant les hommes de médias camerounais, le sujet a meublé le débat de vendredi dernier. C’est où j’ai appris que huit équipes supplémentaires nécessitent également l’augmentation du volume d’accueil. « Il faut aller vite, et prouver à Ahmad qu’impossible n’est pas nous, c’est un plan contre le Cameroun », pense un contributeur. André Mirabeau Mahop, journaliste sportif en service à Canal 2 International, plus réaliste et direct, se pose la question sur le genre de portion magique que le Cameroun va avaler pour se doter de « six stades pour une Can à 24, au moins 20 stades d’entrainement, 6 hôtels 4 étoiles avec des conditions d’accueil et de communication huppées ». Sur le volet accueil justement, il faut dire à nos hôtesses de ne plus amener leurs visages froncés sur les lieux de service. Parce que parfois tu arrives dans un hôtel, elles te défigurent de la tête aux pieds comme un chien égaré. Il faut plusieurs mois de formation pour qu’elles ne rient plus aussi bêtement face à un client de l’hôtel, encore moins le draguer. C’est un autre immense défi  à relever.

Stade Ahmadou Ahidjo à Yaoundé. Crédit photo: Wikipedia

Un autre arbitre tient le sifflet

On a peut-être rafistolé à l’époque d’Issa Hayatou. Aujourd’hui, le nouveau maître du « game » est Malgache. Comme souligné supra, je vois mal Ahmad Ahmad accepter que sa première Can se tienne où « les supporters seront debout sur les échafaudages ». Réagissant toujours dans le #4ePourvoir, André Mirabeau Mahop est curieux de voir comment en 24 mois, son pays va « rénover Douala et Garoua, construire Japoma et Olembe, finir les chantiers du rondpoint Deido et du second pont sur le fleuve Wouri, construire 10 nouveaux stades d’entrainement, se doter d’une dizaine d’hôtels 4 étoiles, rénover les aéroports de Bafoussam et Garoua, et organiser 4 élections [Municipales, législatives, sénatoriales et présidentielles en 2018], bref on va faire en deux ans ce qu’on n’a pas pu faire depuis que je suis né ».

Je suis K.O debout en lisant ces propos du jeune journaliste sportif. Ce qui m’oblige à demander « gentiment » au grand-frère Tombi à Roko Sidiki, président de la Fédération camerounaise de football [Fecafoot] et au Ministre camerounais des Sports et de l’éducation physique [Minsep], Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, de céder l’organisation au Maroc pour mieux se préparer pour les prochaines éditions.


Un cordon bleu « sabitou » dans la sauce des cubes Maggi

Avant le workshop que la société agroalimentaire Nestlé a organisé le 14 juillet en l’honneur des blogueurs, je ne connaissais rien de son cube « Maggi », souvent critiqué au Cameroun par certaines personnes. Ce qui me rassure, c’est que la multinationale Suissesse va servir des produits 100% naturels d’ici à 2020.

Presque tous les mois, j’allume le gaz au moins une fois pour cuisiner quelque chose. Je ne vais rien te cacher hein, je prépare régulièrement le riz sauce tomate, ou le spaghetti sauté. Les plats préférés des célibataires, tu ignores quoi ? En réalité, c’est quand je suis paumé ou quand je veux diminuer la quantité de mon gaz. Cela fait exactement six ans que je suis en location, et je me suis rendu dans une station service deux fois, pour me ravitailler en gaz domestique. Je me souviens pourtant que j’avais un patron Syrien qui aimait, contrairement à moi, préparer les mets de chez lui, tous les soirs après le boulot. Je ne comprenais pas comment il s’en sortait après une dure journée de travail.

« Un séminaire en l’honneur des blogueurs » CC: Ecclésiaste Deudjui

Avec sa moustache blanche qu’il taillait tous les deux jours, Abousalaye avait environ 50 ans et très bon cuisinier. Mon patron avait régulièrement des sacs de viande de bœuf et de poisson au réfrigérateur.         Il n’allait jamais dans un restaurant pour manger, pas en ma présence en tout cas. Il avait tout dans la cuisine pour faire une bonne sauce. Des bouteilles d’huile raffinée à gogo, un bol de sel, et des cubes Maggi Crevettes, étaient toujours bien rangés dans un coffre de la cuisine. Je ne sais pas s’il était chef dans son pays, mais j’avoue que ses plats étaient vraiment délicieux. Bon, je ne sais pas s’il respectait la dose de sel exigée par les nutritionnistes. Je rêvais de faire la cuisine comme ce monsieur. Mais je n’y parvenais pas.

Apres prés de deux ans au Cameroun, Abousalaye est rentré dans son pays, pris  dans le piège du printemps arabe, sans me donner son secret. Il ne m’a plus donné de nouvelle depuis son départ. L’autre jour, Peguy m’a annoncé sa disparition. « Il avait un cancer. Il a été évacué en Italie pour y être soigné. Il est malheureusement mort à l’hôpital », m’a appris celui qui m’avait présenté au Syrien.

Un drôle de cordon bleu

Je suis bouche bée. Mes pensées vont dans tous les sens. Je repense à son sourire. Il aimait sa famille. Ce monsieur, comparativement à son collègue Libanais, avait le cœur sur la main. Il me prenait comme son fils, sauf qu’il me confondait souvent à un arabe à la peau noire.

Depuis son départ, je mange toujours chez la maman béninoise du coin. Mais plus tous les jours comme à l’époque. Il m’arrive régulièrement de jouer les « boss » en allant manger midi dans un restaurant classe d’Akwa. Quand je rapporte les merveilles du restaurant sénégalais Khadîdja à mon frangin Ernest Adjaba, il rit aux éclats avant de se vanter. « C’est un gâchis mon frère ! Tu dépenses alors que tu peux venir ici avec cet argent pour qu’on prépare quelque chose de bon. Tu oublies que je suis un excellent cuisinier ? » Je refuse de répondre par l’affirmatif, parce que je n’ai jamais goûté ses repas. Et les témoignages qui viennent de ses enfants ne sont pas appétissants.

« Lêquipe Eru à l’oeuvre » CC: Ecclésiaste Deudjui

« Un jour, maman était en voyage. Tonton Didier, tu connais ce que papa a préparé comme nourriture ? Des pommes, plantains, riz, viande et poisson. Le tout malaxé dans une même marmite avec beaucoup de cube Maggi. C’était salé, mais il disait que le plus important était de remplir nos ventres ». Ce rapport de la fille ainée de mon « cordon bleu » est assez délicieux, n’est-ce pas ?

Un workshop en l’honneur des blogueurs 

Le cancer qui a emporté mon défunt patron Syrien était-il causé par l’excès de sel dans ses plats ? Je ne crois pas parce qu’ils étaient tous délicieux dans ma bouche. J’ai plutôt peur pour les plats d’Ernest, le cordon bleu « sabitou », c’est-à-dire qui connait tout. La vérité est qu’il s’en fout de la quantité de sel qu’il met dans la marmite. Que peuvent donc causer de tels plats ? Je doute quand même fort qu’ils aient les mêmes avantages dans l’organisme comme le Eru ou le poisson braisé, préparés par les blogueurs Camerounais le 14 juillet 2017 à Douala, lors du workshop organisé en leur honneur par la filiale camerounaise du leader mondial de l’agroalimentaire, Nestlé.

« Le livret de cuisine Maggi » CC: Nestlé Cameroun

C’est où j’ai appris qu’avant de critiquer un produit, il faut se rapprocher de ses propriétaires pour en savoir davantage. Le cube Maggi, très prisé au Cameroun, est sévèrement critiqué par certaines personnes, qui croient qu’il cause des maladies à ses consommateurs. L’échange avec le top management de Nestlé Cameroun, coiffé par l’Américain, Thomas Caso, m’a permis de connaitre le produit Maggi, souvent mal utilisé par certaines personnes, qui malaxent le sel et le cube dans une même sauce. Ce qui est de nature à engendrer des effets néfastes dans l’organisme.

« Photo de famille après le workshop » CC: Ecclésiaste Deudjui

Toutefois, Gaétan Teje, de la catégorie Culinaire chez Nestlé Cameroun, apprends que son employeur est en train d’éliminer tous les ingrédients jugés négatifs dans les cubes Maggi. Le cap est déjà fixé : « D’ici à 2020, 100% de nos produits seront confectionnés avec des ingrédients plus familiers et connus, 100% de notre approvisionnement en farine/amidon de manioc sera local et nous enrôlerons 30 000 agriculteurs dans nos programmes de formation, nous contacterons directement 50 millions de femmes à travers nos activités Maggi d’éducation nutritionnelle et réduirons 22% de taux de sel de nos cubes et Tablettes», rassure Gaétan.

« Du sucre dans le cube Maggi » CC: Ecclésiaste Deudjui

Avant de retourner à la cuisine, voici la composition d’un cube Maggi (en attendant la version 100% familière): « Sel de cuisine iodé, exhausteurs de goût (glutamate monosodique, guanylate disodique, inosinate disodique), arômes (avec blé), sucre, protéine de blé hydrolysée (protéine de blé, sel), graisse de palme, sucre caramélisé, amidon de maïs, maltodextrine, acidifiant (acide citrique), épices (poivre blanc, laurier, clou de girofle). Peut contenir des œufs, céleri, moutarde, lait, soja ».

 


Musique : la old school me berce, la new school me donne la nausée et me saoule  

Il parait que les casseroles, la pornographie et les injures dans lesquelles les « musiciens » camerounais excellent, répondent à la demande du marché local. Je suis pourtant persuadé qu’ils gagneraient à orienter leurs chansons vers les secteurs porteurs.   

L’artiste Armand Laklass que je rencontre ce mercredi au cours de la présentation de son dernier single « Le Petit Bamiléké », me rappelle que nos musiciens sont à l’image de notre pays. « Les artistes sont les reflets d’une société. On n’éduque pas les artistes, on éduque la société. Si la société est mieux gérée, les artistes seront différents. Vous ne direz pas des choses obscènes à vos enfants, à vos amis et vous allez laisser tout à la télé. Qu’en pensez-vous ? Les artistes disent que si vous laissez la société comme ça, voilà comment elle va partir. Je sais que vous faites allusion à mon pote Maahlox, qui pour moi, est un super artiste. Il est très bon, il est très doué. Il ne véhicule pas un mauvais message. Il dit tout simplement que voilà votre société, changez là ! C’est ce qu’il essaie de dire derrière tout ça ».

Et Maahlox le Vibeur le dit avec des mots inappropriés, sous le regard complice des autorités administratives, qui font souvent semblant d’interdire la diffusion de ses chansons, mais fredonnent ses refrains en secret.

Au début, je me souviens que les responsables de Canal2 International trouvaient que les chansons de Maahlox le Vibeur ne pouvaient pas être diffusées chez eux. A ma grande surprise, les organisateurs des Canal d’Or, cérémonie qui récompense les acteurs culturels locaux, pilotée par cette chaîne de télévision privée (l’une des plus regardées du Cameroun), étaient les premiers à nominer cet artiste « qui excelle dans la dépravation des mœurs », dans l’une de leurs catégories.

Maahlox. CC médias Camerounais

Puisque que nous surfons sur la vague des interdits ou presque, il y a la chanson « Coller la petite » de Franko, qui a fait le tour du monde, après avoir été interdite de diffusion dans la localité de la Mifi, par le chef de terre de la contrée, à cause de son côté pervers. Curieusement, cette chanson a permis à son auteur d’être disque d’or l’année passée en France. Je ne pige rien à cette politique musicale.  Comment expliquer que des artistes comme Stanley Enow, Franko, et Maahlox le Vibeur, qui ne proposent rien de bon dans leurs textes, peuvent être primés sous d’autres cieux? Massah, jusqu’à les gars sont faits ambassadeurs de certains produits brassicoles du pays. Parfois j’ai envie de croire que tout est mis en œuvre pour davantage déboussoler notre génération.

Indignation des patriarches

Même le doyen Ekambi Brillant est dépassé par ce phénomène. Le patriarche a formellement prescrit à Doris Alaka, l’artiste qu’il parraine, de ne pas se lancer dans une telle aventure, si elle veut faire long feu dans ce domaine. Lors de la présentation de son premier maxi single « Wake up Africa », le 30 juin 2017 à Douala, l’artiste a dévoilé sa mission. Celle-ci consiste à valoriser les richesses de l’Afrique. En tant que consommateur, je pense que les artistes musiciens de chez moi gagneraient à ne pas continuer à trahir la mémoire de leurs aïeux. Si vous êtes en manque d’inspiration, chers artistes « androïd », je vous propose, à travers vos textes, de vous lancer dans la valorisation de nos secteurs porteurs. Il y a les filières agricoles, textiles, numériques, entre autres de notre pays que vous pouvez mettre en exergue et exciter des investissements, que de chanter les strings, les pipis, les bières et la fête tous les jours alors que vous croupissez dans la misère.

Si vous manquez d’inspiration, je vous propose les vrais musiciens

C’est après avoir regardé un documentaire sur Céline Dion, chanteuse Canadienne, samedi dernier, que j’ai compris que l’industrie musicale camerounaise a encore du chemin à faire. Je suis rarement resté devant la télévision pendant des heures entières pour suivre toutes les étapes de la réussite de la carrière d’un artiste musicien, du début jusqu’à la fin, sans somnoler. A présent, je pense que presque tous les artistes musiciens de la old school « ancienne école », méritent une considération particulière.

Ils méritent qu’on connaisse leurs premiers pas dans le show business, les obstacles rencontrés en chemin et comment ils ont triomphé jusqu’à être adoptés par tout le monde. Je ne zapperai jamais un documentaire sur le roi de la Pop, Michael Jackson, sur Bob Marley, sur Jean-Jacques Goldman, sur Garou, sur Manu Dibango, sur Wes Madiko, sur Eboa Lottin, sur Richard Bona, sur Lorie ou sur 50 Cent. Dans le domaine gospel, je suis fan de Don Moen, Lecrae et Kirk Franklin.

Ekambi Brillant condamne la perversité. CC Valgadine Tonga

Voilà quelques superstars dont personne ne peut contester la suprématie. Ces artistes n’avaient pas besoin d’attendre la naissance des réseaux sociaux (que j’affectionne particulièrement) pour se faire connaitre ou pour écouler leurs disques. Au contraire, ce sont les réseaux sociaux qui ont eu besoin d’eux pour s’enrichir. Ils ont amassé beaucoup de sous, poussé beaucoup de personnes à prendre leur destin à main, ramené beaucoup d’âmes perdues, et réconcilié des couples.

Ce sont des personnes qui ne se sont pas lancées dans l’industrie musicale pour bluffer leurs petits copains du quartier ou pour régler des comptes à des personnes qu’elles détestaient.

La musique, œuvre spirituelle, et non œuvre poubelle

Un sage m’a dit un jour que les chercheurs de la Nasa et des plus grandes sociétés de recherches mondiales se servaient des musiciens de l’ancienne école pour faire avancer la science. Il ne m’a pas donné plus d’explication sur le sujet, mais je crois qu’ils avaient des missions bien précises qu’ils ont surement accompli. Aujourd’hui, j’ai l’impression que quelque chose de louche s’est glissée dans l’univers musical.

Stanley Enow et Didier Kouamo. CC: médias camerounais

On dirait que les nouvelles chansons doivent automatiquement répondre à une philosophie ( pas du tout claire) pour être acceptées par les plus grandes chaînes de télévision comme Trace Urbain, Trace Africa ou MTV, etc. Je suis régulièrement déçu chaque fois que je tombe sur les clips que ces médias balancent en longueur de journée. A part la rubrique « Classique », destinée à la bonne et vieille école, ce qu’ils servent est une vraie « porcherie » pour moi. Et comme on accepte tout sans se poser de question dans notre pays, les parents laissent leurs enfants tourner les reins devant Trace Africa qui les éloigne des réalités locales.

Je ne comprends pas comment cette chaîne de télévision peut laisser croire au monde entier que chez nous en Afrique, les gens ne savent que danser et tourner les reins comme Fally Ipupa. Une vraie connerie qui a fini par séduire tous les nouveaux artistes Camerounais, qui ont compris qu’il suffit juste de chanter comme une casserole pour être adopté par les médias nationaux et internationaux. En plus, il faut privilégier les textes pornographiques et injurieux pour avoir le ticket d’entrée sur le marché discographique. C’est la musique qui est destinée à toutes les tranches d’âges ça? Vraiment !


#JeSuisCamerounaisEtJeBlogue : déjà une bougie et l’aventure continue

La plateforme qui regroupe les blogueurs camerounais de diverses promotions tous les mois, fête son premier anniversaire en octobre 2017.

Plus que quelques mois, et on soufflera sur notre première bougie. Au moment où nous serons en train de bouffer le gâteau d’anniversaire dans cette salle multicolore de l’Espace des Cultures Numériques de l’Institut Français du Cameroun, antenne de Douala, on se souviendra de nos débuts, de nos échecs et de nos réussites. On se rappellera de cette salle qui grouille de monde tous les mois. Des chuchotements de ces passionnés des technologies de l’information et de la communication, de ces professionnels du web 2.0. Des éclats de rires qui prônent le vivre-ensemble.

Alexandre Djengue expose. CC René Jackson

On a tous l’impression de se connaitre. On fait un clin d’œil à sa voisine ou à son voisin. On lui lance un sourire, avant de demander son nom et le lien de son blog. La plupart n’ont pas encore créé leur blog. Ils sont là justement pour savoir comment ce truc fonctionne et espèrent être en mesure d’ouvrir un blog à la fin de chaque nouvelle session. Ils se demandent même à quoi sert un blog ? Nos panélistes chevronnés répondent à toutes les questions, mêmes les plus banales. Ils mettent tout le monde au même niveau de compréhension. Toutes les tranches d’âge sont représentées dans la salle. La question du gain perdure depuis le lancement du programme. Les réponses sont plus ou moins satisfaisantes. Mais tout se déroule dans une ambiance bon enfant.

Confort

On est relaxe. On rigole et on intrigue tout le monde, même le modérateur. Les questions fusent de partout. Certaines sont reformulées pour la bonne compréhension de tous. Les participants sont remplis d’amour, d’humour et surtout de curiosité. Les plus intéressés prennent des notes comme à l’école. Ils excellent dans divers domaines d’activités. On a des maçons, des enseignants, des stylistes, des ménagères, des étudiants, des entrepreneurs, des promoteurs culturels, journalistes… les blogueurs expérimentés qui constituent le panel, sont francs avec l’assistance : dans le blogging, seules la passion et la persévérance peuvent vous conduire au succès ». Nos panelistes sont unanimes sur cette question. Le public, pourtant très attentif, n’y pige rien.

René Jackson Nkowa, notre guest. CC Didier

Heureusement que nos « enseignants » sont convaincants. Ils trouvent toujours une astuce pour amener les uns et les autres à créer leurs blogs. Tous gagneraient à en avoir un. Les chômeurs pourront y raconter leurs misères, les travailleurs leurs quotidiens, les activistes peuvent s’indigner dans des billets bien soignés, les sociologues pour une analyse anthropologique de la société camerounaise, les politiques peuvent invoquer leurs visions… bref, tout le monde peut tenir un blog.

Des blogs créés après #JeSuisCamerounaisEtJeBlogue  

La salle est calme. Tout le monde semble avoir retenu la leçon. Sauf qu’il faut tout reprendre à zéro le mois prochain parce que les mêmes questions reviendront. Toutefois, les cerveaux ne sont pas les mêmes. Pendant que certains observent, d’autres se jettent à l’eau. Ils ouvrent leurs blogs. Plusieurs ont vu le jour après chaque session. Je pense à Marielle, Murielle ou encore à Serge qui n’ont pas attendu longtemps avant d’ouvrir leurs blogs, qui ont déjà une dizaine de billets lus et appréciés. Aux nouveaux blogueurs, nos panélistes recommandent la spécialisation. Il ne faut pas écrire sur tout ce qui bouge si on veut être crédible.

Carole Leuwé en action. CC Didier

Des grosses plumes spécialisées

Ecclésiaste Deudjui et Frank William Batchou ont ouvert le bal des interventions le samedi 15 octobre 2016. Les deux blogueurs n’excellent pas dans le même domaine. Chacun a un penchant pour un secteur précis. Chaque blogueur au Mboa a d’ailleurs quelque chose de spécial à partager avec ses lecteurs. Danielle Ibohn ne ressemble pas à Mathias Mouendé Ngamo, Elodie Nonga n’a rien d’Yves Kemayou Tchakounté, Atome et Carole Leuwé, même s’ils sont tous deux amoureux de la culture urbaine, sont très différents, ainsi Nini Claire et Fotso Fonkam qui viennent de deux pays différents, Arthur Himins et Mireille Flore Chandeup ne sont pas des mères au foyer, Armelle Sitchoma et Paul Emmanuel Ndjeng ont des blogs crédibles mais pas dans le même domaine, encore moins Thierry Didier Kuicheu (mon homonyme) et Anne Kedi Siade. Alexandra Tchuileu et Alexandre Djengué, ne « pédalent » pas de la même manière sur la Toile. Christine Djafa est très différente de Salma Amadore. Notre guest star de la première saison, René Jackson Nkowa est différent de tous. Lui, c’est tout simplement le mec des petites… pardon des Pépites de Mondoblog.

Frank William Batchou, très attentif. CC Didier

Une nouvelle saison… très sérieuse

La liste sera élargie au cours de la prochaine session de #JeSuisCamerounaisEtJeBlogue qui débute le 14 octobre 2017. Cette date marque également le premier anniversaire de cette plateforme qui est devenue la vitrine de la blogosphère camerounaise. Plusieurs panélistes cités supra reviendront dans nos prochaines sessions dédiées à la formation. Une heure de plus sera ajoutée (14h-18H) à notre temps habituel, pour permettre à nos formateurs de mieux initier les élèves blogueurs.

Yves Kemayou Tchakounte. CC René Jackson Nkowa

Quelle sera la valeur ajoutée de la nouvelle saison ? Elle aura des recettes variées. On ira de l’ouverture d’un blog à la rédaction des billets, en passant par le positionnement, et la photographie entre autres. Au lieu des admirateurs, on aura besoin des gens qui veulent réellement apprendre à bloguer. Ils seront invités à suivre attentivement les explications de nos coachs, répondre à leurs différentes questions, ouvrir un blog et rédiger un billet sur le champ. Les billets de chaque session seront projetés sur le grand écran et lus à haute voix par leurs auteurs, sous la supervision des coachs du mois. Pour donc faciliter les choses, chaque apprenant doit avoir une machine pour surfer en toute quiétude pendant les travaux. Joyeux anniversaire à nous !

Atome, Christine et Alexandra. CC René Jackson Nkowa
Alexandra. CCRJN
Alexandre. CC RJN

Pour prendre part à la formation, envoyez-nous un message à l’adresse : jesuiscamerounaisetjeblogue@gmail.com

Notre page Facebook : Je Suis Camerounais Et Je Blogue


Journée mondiale des réfugiés : leurs cris de détresse me déchirent le cœur

La précarité dans laquelle ils sont plongés est inhumaine. Le cas de Douala est indescriptible au moment où la communauté  internationale célèbre la 17e édition de la Journée mondiale des réfugiés.

Ce mardi matin, je décide de remettre ma casquette de « reporter humanitaire » de la bonne école. Je n’ai pas les sous dans mes poches trouées, mais je souhaite absolument rencontrer des personnes vulnérables, comme je le faisais à l’époque avant d’être déçu par le côté inhumain des organisations dites humanitaires. Aujourd’hui, leur côté trouble ne m’intéresse pas. Sans perdre trop de temps, je fonce dans une banlieue perdue de la cité économique camerounaise pour repérer quelques vieilles connaissances. Direction : Dakar ou encore Madagascar (nom d’un quartier de Douala situé dans le troisième arrondissement).

Je traverse un pont, avant de tomber sur un foyer de réfugiés guinéens vivant dans des conditions assez précaires. Ils passent leurs nuits ici, dans une chambre abandonnée, construite en planches. Sa porte centrale n’a plus de vachette. Environ dix personnes se partagent ce lieu. Ils dorment tous sur des nappes, ou matelas qu’ils étalent à même le sol. Pas de ventilateur ici. Chaque nuit, ils sont exposés à la chaleur et moustiques.

Un réfugié dans la rue: CC: Pixabay

Débrouillardise

Quand le jour se lève, ces jeunes hommes dont l’âge varie entre 18 et 40 ans, plient leurs nappes et matelas qu’ils rangent dans un coin de la maison. Sans avoir pris le petit déjeuner, faute de moyen, ils foncent direction le grand marché du quartier pour donner un coup de main aux commerçants. D’autres excellent dans la cordonnerie, ou dans la vente de glaces, friperie ou de bonbons. C’est ainsi qu’ils gagnent leur vie. Cette catégorie de réfugiés s’en sort mieux que celle qui a des femmes et des enfants réfugiés.

Précarité

Je quitte le quartier Dakar pour « Village », une autre banlieue de Douala, où j’ai pris rendez-vous avec une réfugiée d’origine tchadienne. Cette ancienne militaire a fui son pays natal à cause des menaces de mort qui pesaient sur elle et sur sa famille. Cet après-midi, la tchadienne est visiblement abattue à cause des multiples problèmes que sa famille traverse ici. Elle raconte qu’elle a fait la Libye, avant la chute du guide Mouammar Kadhafi. Là-bas, ses conditions de vie étaient mille fois meilleures que celles que lui offre son nouveau pays d’accueil. Elle a l’impression de vivre en enfer avec toute sa famille, régulièrement secouée par diverses maladies chroniques. Son époux est au chômage et ses enfants sont constamment affaiblis par de violents maux.

Ils n’ont rien à se mettre sous la dent aujourd’hui. Ce qui fait qu’ils sont obligés de supplier l’aide du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Après avoir côtoyé les femmes réfugiées qui vendent les arachides grillées en bordures de route, malgré les intimidations de la police municipales qui les demandent sans cesse de libérer les trottoirs, et après avoir également échangé avec leurs maris, qui ont du mal à trouver un job à cause de leur statut, j’affirme que les réfugiés sont dans la merde au Cameroun.

Réfugiées de Douala. CC: Didier Ndengue

Au niveau de Douala, par exemple, ils considèrent le HCR comme leur dieu. Un dieu qui, visiblement, est insensible à leurs cris de détresse depuis quelques années à cause de leur budget de fonctionnement qui « aurait chuté ». Mais comment comprendre que leur enveloppe qui a diminué, permet au personnel du HCR-Douala, de mener une vie de luxe en louant une nouvelle villa dans un quartier chic et en multipliant les partenaires ?

Indignation

Ce 20 juin 2017, le collectif des réfugiés de Douala boycotte la journée mondiale des réfugiés, à cause du mauvais traitement que leur inflige le personnel du HCR-Douala. Peu avant cette célébration, ils ont demandé au HCR de revoir leur situation, sinon, ils ne se mobiliseront pas pour leur journée. Dans un document que j’ai reçu, le collectif que dirige Jean Louis Kalema Ngongo dénonce « le non respect des droits fondamentaux et vitaux des réfugiés de Douala, le HCR ayant mis en place la politique de se servir au lieu de servir les pauvres réfugiés ».

Au moment où je rédige cet article, on me signale qu’un réfugié tchadien a été victime d’un AVC et que les humanitaires n’ont pas levé le petit doigt pour lui venir en aide. Il se raconte dans les milieux des réfugiés que leurs hôpitaux partenaires négligent constamment ces derniers, c’est pour cela qu’ils décèdent à Douala.

 


Moi, votre troisième président de rêve

Avec moi, tous les Camerounais seront heureux et fiers de vivre dans leur pays natal.

D’abord, je suis un monsieur juteux, de moins de 30 ans. Une personne sérieuse, qui a la rage de redonner au Cameroun la place qu’il devait avoir depuis très longtemps dans le monde. Il suffit de faire quelques minutes avec moi pour vous rendre compte que les idées grouillent pêle-mêle dans ma petite tête. Je mâche difficilement mes mots, parce que je crois que ce que je dis est réalisable. Je peux convaincre n’importe qui et n’importe où, sauf les incrédules. Je n’ai pas que les mots hein ! Je fais aussi ce que je dis. Je n’aime pas la politique, parce que c’est un jeu très dangereux, où tout le monde ment. Moi, je n’excellerai pas dans la politique mensongère, je serai plutôt mandaté pour bosser. Pas pour animer des meetings ou bavarder à tort et à travers dans des conférences. Mes prédécesseurs conviendront avec moi que le bavardage n’a rien apporté à ce pays depuis son indépendance.

Des agriculteurs camerounais. CC: Camernews

Je serai donc au four et au moulin, ce qui me permettra de rester dans mon pays pour concrétiser l’émergence. Contrairement à certains, il n’y aura pas des courts (finalement très longs) séjour privés en Europe pour moi. Qu’est ce que j’irai même chercher là-bas alors que mon pays a besoin de moi ? Je resterai chez moi, pour éclairer les miens, parce que le Cameroun accuse un très grand retard sur tous les plans. Mon rêve, c’est de sauver le peuple camerounais de la mendicité. Le sortir du gouffre et le faire asseoir avec les grands de ce monde.

Je serai un président rigoureux

Explicitement, sur le plan local, je vais créer des emplois dans tous les secteurs d’activités pour tout le monde. Je dis bien « pour tout le monde », parce que dans un pays en développement comme le Cameroun, personne ne devrait chômer. L’accès au travail ne sera pas verrouillé. Tout le monde sera en mouvement. Chacun occupé dans son domaine d’activité respectif. Je n’imposerai un domaine à personne, chacun fera son choix tout seul. En créant les emplois pour tous les 22 millions de camerounais, je mettrai fin aux distractions de toute nature. Ainsi, on ne boira plus les bières à 6 heures du matin, les salles de jeux seront vides….Les jeux du hasard n’auront plus leur place dans mon pays. Les réseaux sociaux quant à eux, seront ouverts à tout le monde, mais toute publication visant à décourager le peuple ou à le déstabiliser sera sévèrement sanctionnée. J’y veillerai personnellement. Je serais sur tous les fronts. Je travaillerai avec les câblodistributeurs pour qu’ils ne mettent pas des chaînes de télévision visant à animaliser le peuple camerounais dans leurs bouquets. On surfera dans la modernité tout en respectant les valeurs humaines.

Les élections s’annoncent au Cameroun. CC: Pixabay

Des Ministres commandos

Durant mon mandat, chaque secteur d’activité aura une tenue de travail de même couleur. Chaque employé aura droit à deux heures de repos par jour. Aucun travailleur ne devra quitter son service sans atteindre ses objectifs de la journée. Les contrôleurs que j’engagerai, devront me rendre compte tous les jours. Cela signifie que les paresseux n’auront pas leur place ici durant mon séjour au palais. Chacun mangera à la sueur de son front. Je n’aurai pas besoin de plus de dix ministres dans ce petit pays. Il y aura un ministre de l’Education Nationale (de la crèche jusqu’à la fac), un ministre de la Formation Professionnelle, de l’Emploi, des Petites et Moyennes Entreprises, un ministre des Sports, des Loisirs, des Arts, de la Culture et du Tourisme, un ministre de la Communication, des Langues Nationales et du Numérique, un ministre des Finances, du Budget, des Impôts, de l’Economie et du Commerces, un ministre des Marchés, des Travaux Publics et des Infrastructures nationales, un ministre des Transports Nationales, et des Relations extérieures. Je pense encore à d’autres ministères comme celui de la Santé et de la Paix. Mes proches collaborateurs auront le devoir de me faire le rapport de leurs activités sur le terrain tous les jours, avec images à l’appui, même si je suis hors du pays via des vidéoconférences. J’organiserai des conférences de presse hebdomadaires pour également rendre compte au peuple. Un sou sorti des caisses de l’Etat devra être justifié. Aucun détournement ne sera toléré. Si je constate qu’un denier a été distrait, le voleur sera puni à la seconde qui suit, même si c’est moi. Au bout de quelques années, nous allons tous être fiers de nous même en voyant les fruits que nous auront produit.

Armand Rodolphe Djaleu. CC: Didier Ndengue

« Made in Cameroon »

Les Camerounais mangeront ce qu’ils produiront. Comme je sais que la terre ne ment pas, nous récolteront de très bons fruits. On transformera tout sur place. J’interdirai la vente des produits alimentaires périmés dans tous les supermarchés du pays, les opérateurs économiques étrangers devront respecter le consommateur local. Je n’accepterai qu’aucun pays partenaire marche sur nous. J’exigerai un partenariat gagnant-gagnant avec eux, sinon ils devront rester chez eux. Les foras pour bousiller les fonds de la République se dérouleront dans les champs de cacao-café et en tenue de travail. Les petits centres de santé vont mourir pour laisser place à des grands hôpitaux de référence (on n’aura plus besoin d’évacuer les patients en Europe) ou les soins seront administrés gratuitement aux patients. Les médicaments périmés et vaccinations abusives sans justifications valables, ne seront plus qu’un mauvais souvenir, même les organisations internationales qui avancent souvent vers nous comme des agneaux, devront justifier leur véritable rôle au Cameroun de mes ancêtres.


Au Cameroun, la communauté catholique mise à genoux

Ensemble, prions pour l’Evêque de Bafia disparu  dans « les eaux » de la Sanaga le 31 mai 2017.

Les chrétiens catholiques du Cameroun sont dans l’émoi depuis mercredi 31 mai 2017. Curiosité : aucune larme ne coule de leurs yeux après la disparition de Jean-Marie Benoît Balla. Sur les réseaux sociaux, les commentaires vont dans tous les sens. En parcourant  plusieurs postes cet après-midi, j’ai eu l’impression que personne ne sait réellement ce qui s’est passé. D’aucuns s’appuient sur la présence de la voiture de l’homme de l’église catholique sur les lieux du « drame » pour conclure qu’il s’est noyé pendant la natation. Pire, le guide catholique de Bafia a laissé un mot : « Je suis dans l’eau ». Quand quelqu’un dit : « Je suis dans l’eau », j’imagine donc qu’il se baigne. Ou alors qu’il a une demeure dans l’eau. C’est bizarre quand même de voir que certaines personnes s’en moquent. Ce n’est pas drôle de perdre un être humain.

« l’Evêque de Bafia »

S’il a effectivement une maison dans l’eau, cela signifie qu’il n’est pas un homme normal comme vous et moi n’est-ce pas ?  Si c’est le cas, c’est qu’il avait le pouvoir de se transformer en un être aquatique. Soit, l’homme de Dieu a été tué ou enlevé par ses ennemis ? Mais la question qui fâche les fidèles de l’église est la suivante : pourquoi se serait-il donné la mort en plein air, de façon aussi spectaculaire ? Le but de ce suicide était-il de ternir l’image de la plus grande formation religieuse mondiale ? L’Evêque en avait-il marre de la vie à ce point ? Ignorait-il que se donner la mort est un péché qui ne se pardonne et ne se pardonnera jamais ? Je ne crois pas ! Ce matin, j’étais avec une amie, qui connaissait un peu l’homme. Avec un air de colère, elle me dit qu’il était incapable de commettre un tel acte. C’était un homme très bien, qui avait la crainte de Dieu, me rassure-t-elle. Mais la question principale que j’aimerai poser à mon amie est la suivante : craint-on réellement Dieu à l’église catholique ? Comme dans toutes les organisations religieuses, j’affirme qu’il y a des brebis galeuses à l’église catholique. Je me souviens encore de ces dimanches où je devais automatiquement me rendre à l’église Dominique Savio, située au quartier Bonapriso.

Un faux Jésus-Christ prêché

J’étais jeune, très jeune même. Bien que ne connaissant rien de la Bible, je ne cessais de dormir pendant le culte. Est-ce parce que je n’aimais pas Dieu ? Loin de là. L’autre chose que je n’aimais pas pratiquer, me prosterner devant la statuette d’une certaine vierge Marie. Fermer les yeux et confesser mes pêchés devant une masse de terre qui ne pouvait répondre à mes prières. Ça, je ne le faisais pas. L’autre aspect qui me frustrait beaucoup était le comportement de certains bourgeois qui arrivaient à l’église dans leurs voitures climatisées, bien vêtus et parfumés de la tête jusqu’aux baskets. Non, l’ambiance que ce lieu dégageait ne m’intéressait pas. J’avais l’impression qu’on avait matérialisé la spiritualité pour reprendre les termes d’un ami sur un groupe WhatsApp.

« Les autorités administratives sur le lieu du drame »

Les premières places sont réservées aux grands de l’église. A ceux qui mettent beaucoup de sous dans le petit panier blanc qui fait le tour de la salle. Ma tante elle, me donnait 25 FCFA, parfois 50 FCFA pour mettre dans le panier en guise de dime. Je ne cessais de balader mes yeux dans la grande salle. Des images représentant Jésus-Christ, étaient présentes partout. Quand j’ai grandi, j’ai découvert que l’homme sur les images était un acteur américain. Seigneur ! Et pourtant un passage biblique recommande aux chrétiens d’évoquer le Seigneur dans un endroit où il n’y aura ni images, ni les choses représentant Dieu sur la terre. Les vrais chrétiens le savent. Certains diront que je sabote l’église catholique. Non, je relève justes les incohérences qui existent dans cette grande église et qui éloignent les hommes du vrai Dieu vivant. Il y a des incohérences, sinon, je n’allais pas démissionner. Encore moins mes frères et sœurs qui excellent désormais dans les églises dites de réveil. J’ai encore tous mes sens. C’est certainement mon défaut. Parce que j’ai encore tous mes sens et que je maitrise assez les saintes écritures, je sais faire le distinguo entre la bonne et la mauvaise parole. Entre la bonne et la mauvaise pratique.

« Les pièces d’identité de l’évêque »

Où se trouve donc le vrai Dieu ?

Quand j’ai quitté l’église catholique, qui ne me donnait pas satisfaction, j’ai parcouru plusieurs églises de réveil. J’avoue que j’y ai rencontré des vrais marabouts. Des pasteurs qui s’engraissaient tous les jours alors que leurs brebis croupissent dans la misère. J’ai rencontré des guides spirituels qui baptisaient leurs fidèles avec l’eau minérale, qui les font boire le jus d’oseille en faisant croire que c’est le sang de Jésus. J’ai rencontré des vendeurs d’illusions. Des pasteurs qui enceintent les mineures et femmes mariées en les laissant croire que c’est la volonté du Saint Esprit. Je demande hein, donc elles vont mettre au monde des bébés saints ? En vérité, Satan a pris ses locaux dans les églises. Dans les petites comme les grandes. Il faut donc faire attention. Quand je suis la radio, j’entends souvent des pasteurs promettre des mariages, la prospérité, les enfants, la gloire à un certain nombre de disciples. Un seul donne la gloire : le Seigneur Jésus-Christ qui n’a pas laissé une église sur terre. La Bible m’apprends que l’église, c’est nous. Chers fidèles catholiques, priez pour vos guides spirituels de peur qu’on ne se retrouve plus dans la même situation que celle de Jean-Marie Benoît Balla, que certains utilisent avec joie pour organiser le challenge « #JeSuisDansLeau ».

 


Présidentielle camerounaise : la foire aux candidats et séductions virtuels

Le champ de bataille à quelques mois de l’échéance cruciale reste dominé par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) qui est moins bavard sur la Toile mais pertinent sur le terrain.

Je suis derrière lui quand il se démerde tout seul avec son haut-parleur. Mais il ne me voit pas. Il crie, mais sa voix ne tonne pas assez. Elle est fatiguée, mais il insiste. Son objectif est d’attirer les foules.        Il ne se rend pas compte que personne ne va vers lui. Peu importe, il valide son « gombo ». De toutes les façons, il est payé pour rappeler aux populations de Douala 5e, qu’il existe un bureau d’inscription sur les listes électorales dans le coin. Il tient le haut-parleur à l’aide de sa main droite, avec l’autre main, il soutient son pantalon pour qu’il ne descende pas. On dirait qu’il a oublié de mettre la ceinture. Pépé tourne sur place et prononce presque les mêmes paroles sans pouvoir séduire un passant.

Siège d’Elecam au Cameroun. CC: Cameroun24

La scène me fait penser à ces octogénaires qui ne séduisent plus, mais nous gouvernent. Curieusement, le poste d’inscription que le vieil homme vante, grouille de monde, alors que son opération de charme me semble archaïque. Je me demande si c’est lui qui a séduit ce beau monde avec une voix qui ne traverse pas 20 mètres, même avec l’aide du haut-parleur. Quelques secondes plus tard, je me rends compte que ce sont les invités du premier Forum sur l’engagement politique de la femme qui s’arrêtent quelques instants pour se faire enregistrer. Le vieux ne convainc donc personne ? Je n’en ai rien à cirer de toutes les façons. Je me souviens seulement que Nadège Tatiana Mapigoue avait d’abord crée un forum de discussion sur Facebook sur l’engagement politique de la femme camerounaise. Je ne pensais pas qu’elle allait concrétiser son combat sur le terrain ce 27 mai 2017, avec l’appui direct ou indirect d’Elecam et d’Onu Femmes.

Armand Rodolphe Djaleu. CC: Didier Ndengue

Quelques minutes avant le début du forum, je prends place dans le restaurant de l’hôtel qui abrite les festivités, pour bouffer quelque chose. Pendant qu’on me sert un bon plat de boulettes de viande, haricot, pain, j’ai les regards tournés vers le pépé de tout à l’heure. J’espère seulement qu’il a pris le petit déjeuner ce matin avant de venir prêcher sous le soleil et qu’il ne va pas s’écrouler après. « Pourquoi on fait souffrir le vieux là comme ça sous le soleil?» Une belle question qu’Adeline, une amie qui m’accompagne, souhaiterait poser aux dirigeants d’Elecam. Bon, je lâche un peu les baskets à ce vieil homme pour m’intéresser aux candidatures virtuelles qui naissent pêle-mêle sur les réseaux sociaux.

L’effet Macron

Réseaux sociaux. Ici, je réalise que le phénomène Macron a parlé à plusieurs jeunes Camerounais. Commençons d’abord par le côté amour. Plusieurs ados font déjà les yeux doux aux mémés (comme Emmanuel à Brigitte Macron). Certains mecs ambitionnent même de quitter leurs petites amies ou fiancées pour les femmes mariées et avancées en âge. 10 ou 20 ans d’écart les arrangerait bien. Politiquement, Emmanuel Macron, le nouveau patron de l’Elysée a poussé beaucoup de mineurs à poster sur leurs pages Facebook qu’ils seront candidats à la prochaine élection présidentielle au Cameroun. On avait vraiment besoin de ce venin Macron pour réveiller la jeunesse camerounaise, qui ne s’intéressait plus à la chose politique, oubliant qu’on peut inverser la donne et envoyer nos octogénaires au chômage (retraite). Encore faut-il que cette jeunesse qui a hâte de gérer les affaires de la cité, puisse sortir des réseaux sociaux pour s’affirmer sur les champs de bataille comme mon frangin Armand-Rodolphe Djaleu, qui s’est enregistré sur les listes d’Elecam samedi. Moi-même aussi je le ferai cette semaine pour (me) prouver que je suis un bon  citoyen, qui parle et agit. Je ne ferai pas comme ces hommes « politiques » fantômes, qui attendent la veille des élections pour polluer la Toile avec des messages fantaisistes. Ils oublient qu’ils peuvent être populaires sur les réseaux sociaux et enregistrer un score de 00, 0% aux élections, tout simplement parce que les Camerounais bavardent beaucoup sur les réseaux sociaux, mais sont incapables d’assumer sur le terrain. Je l’ai compris. Le RDPC aussi. La vraie opération de charme se déroule sur les places publiques pendant, avant et après les grandes manifestations.

Les élections s’annoncent au Cameroun. CC: Pixabay

Je suggère aussi aux épouses des leaders des partis politiques d’opposition d’imiter Chantal Biya en portant l’habit du parti politique de son mari le jour de la célébration de la fête de l’Unité nationale.

Il ne suffit pas seulement de porter hein, mais de s’assoir à la tribune présidentielle avec ce joli tissu de campagne. Il ne faut surtout pas croire que les photographes et cameramen vont louper votre look. Même si certains considèrent cela comme une tricherie, moi je crois que c’est une technique pour Paul Biya et son entourage de préparer la masse populaire aux prochaines échéances cruciales. Notre grand manitou est trop puissant ! Le type d’Etoudi ne bavarde pas trop, mais il y a toujours beaucoup de bruits autour de lui. Il est vieux, très vieux même, mais il est androïd et séduit non seulement les plus vieux que lui, mais aussi les plus jeunes.

Il fallait être à la place du défilé le 20 mai dernier, pour voir les milliers de jeunes camerounais qui ont adhéré à la philosophie du parti des flammes. Sur les réseaux sociaux par contre, ils ne montrent pas leur attachement à ce mouvement. Il fallait également être là pour voir les rangs des partis politiques de l’opposition. Ils n’y avaient pas assez de militants. Les gars me faisaient pitié. Et pourtant sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à tirer sur le RDPC. Quel paradoxe !  On ne peut pas éviter le père de Brenda. Il est non seulement présent sur la Toile, mais aussi sur le terrain depuis 34 ans…quoi 34 ans ? Père, il faut quitter toi aussi hein !