Nord du Cameroun : ces images des orphelins victimes du terrorisme m’ont arraché une larme
Je peux peut-être me tromper, mais même au moment où je rédige ces lignes, je n’ai pas eu vent d’une quelconque prise en charge des orphelins victimes du terrorisme dans le septentrion.
Un inconnu m’a balancé des photos et des vidéos très touchantes sur un réseau social. Je les ai d’abord reçues avec joie. Mais ces images, au lieu de m’égayer, ont plutôt réussi à m’arracher une larme. Moi qui pleure difficilement ! Elles montrent deux enfants en train de travailler dur dans un camp militaire dans la partie septentrionale du Cameroun. Celui qui m’a envoyé ces images serait, dit-il, très introduit dans le milieu. Il précise qu’il ne cautionne pas l’injustice, c’est pour cela qu’il m’a envoyé ces images. A l’en croire, les gamins sur les images « passent la majeure partie de leur temps à cet endroit, à effectuer des travaux parfois difficiles ».
L’inconnu a immortalisé les scènes de deux enfants à l’aide de son téléphone portable. Sur une image prise en journée, j’aperçois un gamin d’environ 10 ans, assis sur une tôle, en train de déplumer une volaille à l’aide d’un couteau. Sur une autre image prise le même jour, un autre gamin, un peu plus âgé, transporte également une volaille. Un peu plus sombre, comme si elle avait été prise dans la nuit, une autre image montre les deux enfants côte-à-côte, près d’un feu de bois, en train de se réchauffer.
Le plus grand porte un maillot rouge et un pantalon militaire. Le cadet quant à lui, est revêtu d’un maillot rayé, avec un short rouge. « Ils s’appellent Akura et Barka. Leurs parents ne sont plus en vie», informe l’inconnu, qui certifie qu’il s’agit des orphelins victimes de Boko Haram, qui sont utilisés dans les tâches ménagères, dans un camp militaire dans la région du Nord.
Je n’en crois pas mes oreilles ! L’inconnu ne se rend pas compte de la gravité de ces accusations. Il ne sait pas également qu’il m’a fait perdre le sourire. J’avais pourtant décidé de ne plus m’énerver, mais je me rends compte qu’il y a des situations plus fortes que moi, qui déchirent le cœur et nous mettent dans tous nos états. Si ce que l’inconnu me confie s’avère vrai, ne suis-je pas en droit de me fâcher contre cet officier de l’armée camerounaise qui utilise ces petits anges? En tout cas, si nos chemins se croisent, voici ce que je lui dirai sans mâcher les mots: « Mais monsieur, vous êtes malade ou quoi ? Comment pouvez-vous faire des enfants en détresse vos esclaves ? » Nous allons nous calmer hein, en entendant le face à face avec le type en question.
Qui s’occupe des orphelins victimes du terrorisme au Cameroun ?
Je suis resté bouche bée après avoir regardé les images que l’inconnu m’a envoyé. Elles suscitent plusieurs interrogations dans ma tête.
- Premièrement, je me demande ce que deviennent les enfants camerounais dont les parents ont été tués par les terroristes nigérians qui servissent dans la région septentrionale du Cameroun?
- Deuxièmement, j’aimerai savoir s’il existe une politique de prise en charge de ces orphelins, mise en place par le gouvernement camerounais? –
- Troisièmement, pense-t-on à leur futur ou alors on est trop concentré à piller les caisses de l’Etat ?
C’est autant de questions qui se bousculent dans ma petite cervelle.
Rémunération
Les deux enfants cités plus haut, seraient originaires du village Balgaram à l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce village a plusieurs fois été visité par les terroristes, qui y ont massacré beaucoup de personnes. « Akura » et « Barka », aujourd’hui utilisés dans le camp militaire de la contrée, seraient restés orphelins. « Ils ne vont presque pas à l’école parce qu’ils passent tout leur temps ici au camp militaire. Ils y restent du matin au soir », renseigne l’inconnu depuis la ligne de front.
Le soldat accuse « un commandant de compagnie », d’être à l’origine de l’exploitation de ces enfants en détresse, qui seraient rémunérés pour les services rendus. « Ils disent que le commandant leur donne souvent 200, 500 et aujourd’hui par exemple, ils ont eu 700 Naira l’équivalent de 1000 FCFA. Ils travaillent souvent comme ça du matin au soir », dénonce l’inconnu, courroucé. Pour avoir le cœur net, j’ai contacté le « capitaine » soupçonné. Il a tout nié en bloc. En plus, je ne crois pas que l’armée camerounaise utilise le Naira, une monnaie nigériane, sur son territoire pour payer ces enfants.
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