Didier Ndengue

Main basse sur la crise Anglophone au Cameroun: les USA de Trump sur le gril

Depuis l’Occident, ils attisent le feu. Les sécessionnistes gesticulent et concoctent des plans diaboliques contre leur pays natal. Au même moment, j’ai le sentiment qu’ils sont encouragés par le gouvernement et les médias américains. Question centrale : rêvent-ils tous d’un Darfour camerounais ?

Elle prend des proportions considérables chaque jour. Mais les populations de l’intérieur conjuguent la paix au quotidien. Dans les médias traditionnels et les réseaux sociaux, ça va dans tous les sens. Il y en a qui sont pour un retour à la normale dans les régions anglophones du Cameroun et il y en a qui rêvent des flammes. Comme s’ils pourront l’éteindre une fois allumées !

Dans l’état actuel des choses, je ne serai pas surpris de voir Internet coupé de nouveau dans les prochains jours dans les parties anglophones du pays touchées par cette crise.  En vérité, je ne pige plus rien à la situation actuelle.

La zone anglophone du Cameroun. CC: Wikipedia

Je me souviens tout simplement que tout a commencé l’année dernière par des manifestations diverses des avocats et des enseignants anglophones, qui se sentaient marginalisés. Des revendications que j’ai trouvées légitimes. Pour essayer de réparer son tort, le régime de Paul Biya, a mis plusieurs stratégies en marche.

Il a fait ce qu’il aurait dû faire depuis son ascension à la magistrature suprême en 1982. Mais le plus important est qu’il a écouté les cris de ces camerounais et camerounaises et a pris des mesures concrètes pour apaiser la crise.

Dialogue des sourds

Comme mesures d’apaisement et de sortie de crise prises par le chef de l’Etat camerounais, il y a entre autres la libération des manifestants arrêtés dans le cadre de cette crise, la création de la Commission Nationale de la Promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, le recrutement des milliers d’enseignants qui a été lancé, la traduction des Actes uniformes Ohada en langue anglaise, et plusieurs autres chantiers sur lesquels le gouvernement bosse actuellement pour rattraper le retard. Juste pour la rentrée scolaire pour le compte de l’année 2017/2018 en cours, j’ai vu le ministre des Enseignants secondaires, Jean Ernest Ngalle Bibehe Massena, mouiller le maillot pendant des jours entiers dans le Sud-ouest et le Nord-Ouest….sans succès.

C’est vrai que cela ne suffit pas. Dans un pays normal, les populations rêvent encore et les dirigeants anticipent sur tout et pour tout. Les nôtres ronflent et sont surpris des catastrophes qui nous arrivent.

Nos rêves ont été brisés par nos dirigeants actuels, qui en sont d’ailleurs conscients.  Mais cette situation dans laquelle on navigue depuis des décennies, sans voir le bout du tunnel, ne saurait justifier la nouvelle tournure des événements à Buea, Bamenda, etc.

Paul Biya, président de la république du Cameroun. CC: Wikipedia

Des villes que j’affectionne particulièrement ! Ces dernières semaines, on y voit des bombes de fabrication artisanale qui explosent et font des blessés graves. Ce qui m’intrigue dans cette histoire, c’est que les opérations sont pilotées depuis l’extérieur par un groupuscule d’individus qui se réclament camerounais tout en prônant un bain de sang dans leur « pays natal ».

Un Darfour camerounais en gestation ?

Les véritables leaders de cette crise vivent à l’étranger, notamment aux États-Unis d’Amérique, où l’un s’est autoproclamé président de la République imaginaire d’Ambazonie. Comme s’il y avait eu une élection présidentielle dans les régions concernées. Comme si cela ne suffisait pas, ils traitent Paul Biya de dictateur dans les médias américains, sans que la Maison blanche ne dise un mot.  Les journalistes de Fox News, une chaîne de télévision américaine, ont laissé entendre que ces gens « se battent pour leur indépendance ». Ce qui est totalement faux, car le Cameroun a eu son indépendance depuis 1960, selon des documents formels. Notre problème est la mal gouvernance. Ce que nos « frères » d’Amérique font semblant d’ignorer. Je paraphrase les propos d’un panéliste de Fox News: « Nous voulons qu’ils gagnent. C’est la même situation qui est arrivée au Sud Soudan ».

De mémoire de reporter, on ne prend pas position sur un sujet aussi délicat. Mais les médias américains semblent avoir choisi leur camp. Ce qui laisse dire à Gontran Eloundou, que les USA veulent créer un Darfour camerounais.

Donald Trump. CC: Wikimedia

« La stratégie des États-Unis utilisée au Soudan est désormais appliquée au Cameroun afin de mettre la main sur les importantes réserves pétrolière de notre Pays », écrit-il. Pour ce chroniqueur que j’ai lu ce matin, avant de me pencher sur le clavier de mon ordinateur, les régions anglophones du Cameroun sont une zone pétrolifère et potentiellement riche. Un fait qui est connu de tous.

« Les champs off-shore à Limbe (rio del rey) et la presqu’île de Bakassi (10% des réserves mondiale de gaz et pétrole) sont les zones officiellement reconnues pour leur pétrole. Si les Etats-Unis ont œuvré et plaidé en faveur du Cameroun dans la résolution de ce conflit, l’on constate que aujourd’hui les intérêts stratégiques des USA c’est de faire main basse sur toute la zone Nord-ouest et Sud-ouest », croit M. Eloundou. Le drapeau et les tenues vestimentaires des « militaires ambazoniens » postés sur les réseaux sociaux, ressemblent étrangement aux modèles américains. A suivre…


Explosion à la bombe : la psychose terroriste gagne Douala  

 

Des explosifs artisanaux ont échoué sur le mur de la Société camerounaise de dépôt pétrolier dans la matinée du vendredi 22 septembre 2017. Une tentative des ennemis de la paix qui a plongé la capitale économique dans la peur et l’inquiétude.

La scène se déroule aux environs de 6h30 sur le mur qui sépare les rails de la Camrail à l’entrepôt de la Société camerounaise de dépôt pétrolier (SCDP) basé au lieu-dit carrefour Agip, dans le 1er arrondissement de Douala, a proximité du marché Mboppi, le plus grand lieu de commerces de la sous-région Afrique centrale. Des individus non identifiés ont composé une bombe artisanale à l’aide des batteries de moto, d’une bouteille de gaz domestique, des bouteilles de gasoil et plein d’autres petits outils dangereux.

Les débris de ces dispositifs ont été retrouvés sur le site du drame par des experts en explosifs déployés sur le terrain, quelques heures après l’explosion. Un expert que j’ai rencontré sur place constate que la bombe a été montée par des amateurs, dont l’objectif final était sans doute de faire exploser les cuves pétrolières de la SCDP : « Ils ont utilisé le téléphone portable à distance pour détonner », explique l’expert.

Les terroristes sont passés par ici. CC: Wikipedia

L’opération criminelle a foiré. La bombe n’a eu d’effet que sur une petite partie du mur de l’entreprise, qui reste debout malgré la double tentative. Toutefois, quelques effets néfastes sont visibles sur les lieux. La bombe a rasé une bonne partie du gazon et laissé quelques écorchures sur le mur. Au même endroit, j’aperçois également un grand trou suspect qui donne accès directement aux installations de la SCDP. « C’est à travers ce trou que les gens font souvent passer le carburant », lance un riverain du quartier Mboppi que j’ai rencontré dans le coin.

Les forces de l’ordre ont quadrillé les lieux pour permettre aux enquêteurs de réunir toutes les preuves nécessaires pour leurs travaux. Après avoir sillonné les alentours et inspecté les rails, ils sont repartis avec la bonbonne de gaz, complètement calcinée, plusieurs bouteilles plastiques d’un litre et demi, remplies de gasoil, et plein d’autres indices qui les permettront de mener à bien leurs travaux. « Ne filmez pas nos indices s’il vous plait », lance un enquêteur dans la foulée aux journalistes.

 Une piste criminelle 

La question est sur toutes les lèvres en ce début du week-end. Les passants, qui franchisent le carrefour Agip, ont la peur dans le ventre. Les moto-taximen observent les experts en explosifs effectuer les analyses à distance. Chacun y va de son commentaire. « Les bombes là ont fait trembler tout le quartier Mboppi. Il faillait être là pour vivre ça en direct. Il y a eu un feu terrible. Mais heureusement, tout est retournée à la normale », rapporte un « benskineur ».

La sécurité doit être renforcée. CC: Pixabay

Pour rassurer sa population, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du littoral, descendu sur le terrain aux premières heures de la matinée avec son état major, constate qu’il s’agit d’une attaque préméditée. « C’est d’origine criminelle, à voir le matériel qui a été utilisé de manière artisanale. On a dû constater qu’il y avait une bouteille de gaz. Cela veut dire que le matériel a été concocté surplace. Et ces techniques, nous les connaissons déjà dans certaines zones où le terrorisme a commencé à agir », explique le numéro un de la contrée, qui n’a pas tardé à mettre les commanditaires de cette opération qui a été avortée en garde. « C’est pour dire déjà qu’ils sont mal partis parce que c’est Douala, et rien ne se cache à Douala. Donc ceux qui sont pu nuitamment venir faire l’effet, peuvent se réjouir, mais ils n’iront pas très loin », promet-il.

 Sécurité renforcée autour de la SCDP

Au moment où les enquêtes se poursuivent pour déterminer les auteurs de cet acte et leurs motivations, au niveau de la Société camerounaise de dépôt pétrolier où je me suis rendu, la tension reste vive. Toutes les entrées dans ses locaux ont été bouchées. Fabien Mvondo Nty, le chef du cabinet du directeur et chargé de la communication  à la SCDP que je croise à l’entrée de la direction générale, donne des instructions fermes aux agents de sécurité.

Bouteilles de gaz explosées. CC: Wikimedia

« Si les journalistes viennent ici, dites leur que la SCDP ne peut pas les recevoir pour l’instant », lance-t-il quelques secondes avant mon arrivée. Avec un air serein, Fabien Mvondo Nty me fait savoir qu’ils ont été surpris par les explosions de la matinée, mais que les mesures sécuritaires ont été renforcées au sein de la société ciblée. « Toutes les entrées et sorties sont soigneusement filtrées en attendant l’arrivée du DG », rassure le responsable de la communication. Gaston Eloundou Essomba, Directeur général de cette structure, qui était à Yaoundé à l’heure de l’explosion, a convoqué une réunion de crise le même vendredi à 16h avec son personnel, dans ses locaux de Bessengué.

Le DG et plusieurs de ses collaborateurs en provenance de la capitale camerounaise, sont arrivés dans l’après-midi à Douala en vue de prendre des mesures draconiennes visant à protéger leurs différents dépôts pétroliers contre les forces du mal. Une mesure administrative du sous-préfet de l’Arrondissement de Douala 1er interdisant des activités commerciales aux alentours de la SCDP est également tombée le même jour. « Tout contrevenant aux dispositions de la présente décision s’expose aux sanctions prévues en la matière par la législation en vigueur », écrit Jean-Marc Ekoa Mbarga, le chef de terre.


Biya et Trump, deux «Njounjou» à New York

Le président camerounais boycotte une réunion de haut niveau présidée par son homologue américain. A son tour, le locataire de la Maison blanche fustige les régimes dictatoriaux. Dans les coulisses de la 72e session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Entre Yaoundé et Washington, quelque chose ne tourne pas rond. Le pont diplomatique me semble pourtant en bon état entre les deux pays frères. C’est ce que me laisse croire l’attitude de l’ambassadeur Michael Stephen Hoza, qui a quitté la capitale camerounaise il y a seulement quelques jours. Le diplomate américain, après avoir séjourné pendant plus de deux ans au Cameroun, s’est réjoui de l’hospitalité légendaire de notre pays et de la coopération entre les Etats-Unis d’Amérique et la République du Cameroun.

Paul Biya en 2014 lors du sommet USA-Afrique. CC: Wikimedia

Avant de prendre congé, il a prononcé des paroles flatteuses à l’endroit de notre pays. Mais je ne comprends pas pourquoi les présidents Biya et Trump ne marchent pas main dans la main à New York depuis le début de la semaine. C’est curieux, mais ils ne sont toujours pas copains.

Une brouille diplomatique

Depuis l’élection de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale en novembre 2016, les deux hommes ne s’étaient pas encore rencontrés avant la 72e session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Onu, qui se tient en ce moment dans la plus grande ville des USA.

Le 9 novembre 2016, je me rappelle que le chef de l’Etat camerounais s’était réjoui de l’élection de celui qui aura trompé les sondages. Il ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour adresser une lettre de félicitations à ce dernier ce même jour. Certains observateurs de la scène politique nationale s’étaient même interrogés sur cet empressement du locataire d’Etoudi depuis 34 ans. «En vous élisant à la tête de l’État, le peuple américain fait la démonstration de sa vitalité politique et de sa maturité démocratique», écrivait Biya.

Donald Trump, président des Etats-Unis d’Amérique. CC: Wikipedia
Paul Biya, président de la république du Cameroun. CC: Wikipedia

Les autres chefs d’Etat de la sous-région Afrique centrale ont fait pareil à une vitesse incroyable. Eux qui prennent généralement tout leur temps quand leurs propres populations sont frappées par des crises sécuritaires, des catastrophes naturelles, des explosions diverses ou endeuillées par des accidents de la route. J’aurai aimé qu’ils agissent aussi rapidement quand celles-ci ont besoin d’eux.

De toutes les façons, Donald Trump n’a pas été tendre avec eux dans son discours à l’Onu. Dans un ton franc et direct, il a remis chacun à sa place. Cela peut frustrer la communauté internationale, mais nous savons tous que Trump ne changera jamais, malgré le brouhaha de certains médias.

Il bouleverse la donne pour l’intérêt de ses concitoyens premièrement et deuxièmement pour la paix « version Trump » dans le monde. Pour une première prise de contact avec celui que certains traitent de guignol, je pense que Biya s’est certainement senti mal à l’aise. Mon boss s’est sans doute retrouvé dans le discours prononcé mardi par l’homme d’affaires devenu président. Même s’il n’a pas directement indexé les dirigeants qui confisquent le pouvoir depuis des décennies, le président américain les a traité de « régimes dictatoriaux ». Eh oui ! Les coupables se reconnaîtront en Afrique.

La Une du quotidien privé camerounais « Émergence »

Mais je crois que Yaoundé se reconnait déjà dans ce paragraphe de Donald Trump : « C’est l’aspiration profonde des peuples à la liberté et à la démocratie qui amène les régimes dictatoriaux à restreindre l’accès à Internet, détruire les antennes paraboliques, tirer sur les manifestants pacifiques non armés et emprisonner les réformateurs politiques. (…) Les régimes oppresseurs ne peuvent durer pour toujours, et le jour viendra où les peuples seront confrontés à un choix». Hein père, tu as un peu abusé, je t’assure. Chez nous au Cameroun, on n’a pas encore détruit les antennes paraboliques. Mais le reste de tes accusations, on peut encore gérer.

La réplique de Biya

C’est clair qu’il y a anguille sous roche. Biya semble avoir répondu à la loi du talion par sa décision de ne pas assister à la réunion portant sur la reforme de l’Onu, initiée par le successeur de Barack Obama le lundi 18 septembre 2017, en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’Onu. En mai dernier déjà, les deux hommes devaient se rencontrer à Beijing, en Chine. Mais le tête-à-tête a été avorté, je ne sais pas pourquoi.

 

NB : Un Njounjou dans le langage camerounais, représente en quelque sorte un monstre sacré.


La diplomatie française au Cameroun, un cas d’école

Ici, on se demande comment la France fait pour être de toutes les conversations. Certains cultivent un sentiment anti-français, sans arguments majeurs, pendant que d’autres acceptent leurs conditions « d’esclaves des temps modernes ». C’est-à-dire qu’ils préfèrent être sous les ordres de la France pour mieux régner. La vérité est qu’on ne blague pas dans ce business et les ambassadeurs français au Cameroun l’ont compris.
Christine Robichon, ancienne ambassadrice de France au Cameroun et Paul Biya, chef de l’Etat camerounais. CC: Présidence de la République du Cameroun

Non ! Il ne suffit pas de vociférer sur un plateau de télévision pour changer la donne. Il ne suffit non plus de créer un média de chantage et prétendre qu’on contribue à la libération de l’Afrique. Certes, on réveille les vieux démons de la colonisation qui font beaucoup de mal à nos pays, mais cela ne suffit pas si on ne dénonce pas les gardiens des colons en Afrique.

Ces gardiens, ce ne sont pas les ambassadeurs de la France au Cameroun, ni la présence des militaires français, mais ces chefs d’Etats africains que la chaîne de télévision Afrique Media couvre à longueur de journée. Ils sont en plus considérés comme des panafricanistes par ses panélistes. J’ai beaucoup d’estime pour Justin Tagou, le patron de ce média qui fait la fierté d’une bonne frange de la population africaine, mais j’aimerai que ce média me rejoigne pour reconnaître que la diplomatie française en Afrique centrale, et principalement au Cameroun, est un cas d’école. Je le pense sincèrement, même si c’est clair que la crédibilité que la France avait dans nos pays tend à disparaître. Mais ses diplomates restent fins dans leurs stratégies de domination et maître suprême de la diplomatie au Cameroun. Je les trouve influents, discrets en même temps, même si les informations sur la plupart de leurs sorties à l’intérieur du pays sont publiées sur le site de l’ambassade et sur le compte Twitter du patron.

Gilles Thibault, actuel ambassadeur de France au Cameroun reçu par Paul Biya. CC: Présidence de la République du Cameroun

En fait, je m’appuie sur l’attitude des trois derniers ambassadeurs français qui ont défilé au Cameroun pour reconnaître la suprématie de ce pays européen. Je ne connais rien de leur vie privée, ni de leurs ambitions, mais je crois qu’ils sont des fins diplomates, qui remplissent toujours leur cahier des charges. A titre de rappel, les missions de tous les ambassadeurs français à l’étranger, selon le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, est de représenter la France, défendre et promouvoir ses intérêts dans tous les domaines. Le déploiement des diplomates français au Cameroun entre donc dans ce cadre.

Je ne crois pas que la présence française au Cameroun représente une menace, dans la mesure où les français entrent au Cameroun avec l’accord de nos dirigeants. C’est-à-dire qu’ils reçoivent des visas à l’ambassade du Cameroun à Paris. Sauf si je me trompe ? Donc, si ceux à qui notre ambassade délivre les visas viennent commettre des gaffes ici, c’est à nos gouvernants que nous devrions demander des comptes.

Une délégation conduite par Christine Robichon reçue par Paul Biya. CC: Présidence de la République du Cameroun

Car ils ne sont pas obligés d’accepter tout le monde au Cameroun. C’est en fait ce que l’ambassade de France, qu’on traite de tous les noms d’oiseau, fait pour préserver la France des oiseaux de mauvais augures. : elle rejette les demandes de visas quand celles-ci ne sont pas conformes. Elle octroie les visas aux gens qui apportent une plus-value à leur économie. Au Cameroun, les ambassadeurs français ont adopté une diplomatie de convivialité. Ils sont très proches de leurs compatriotes, de la population et de leurs partenaires politiques et culturels.

La France, plus proche de nous que nos ambassadeurs

La diplomatie française est un cas d’école. Entre 2010 et 2017, j’ai vu au moins trois ambassadeurs occuper la Résidence de France à Yaoundé. J’ai par exemple vu Bruno Gain gérer les affaires françaises avec une simplicité que nous gagnerons tous à adopter. J’avais l’impression que ce monsieur était un robot qui avait des batteries toujours chargées. Face aux micros des journalistes, il parlait jusqu’àaaa.

Après lui vint Christine Robichon, dans un climat très fragile. Pauvre d’elle ! Celle qui fût la toute première ambassadrice de France au Cameroun arrive à Yaoundé en 2013 avec la main sur le cœur, comme une mère. Mais les populations de chez moi, qui passent une période difficile à cause des attaques des terroristes de Boko Haram dans la partie septentrionale du Cameroun et les assauts à répétition des rebelles centrafricains à l’Est de notre pays, voient Christine Robichon comme une pyromane.

Ils avaient l’impression qu’elle était une pyromane, tout simplement parce qu’elle est arrivée à un mauvais moment de notre histoire. Durant son séjour au bercail, on a essuyé des attaques sans précédents des forces du mal.

Rencontre entre Gilles Thibault et les blogueurs le 30 mars 2017 à Douala. CC: SN

J’avais du respect et beaucoup d’admiration pour cette brave femme, qui ne reculait devant rien. Elle a même été huée publiquement par une population manipulée par certains « panafricanistes ». Elle avançait dans la tempête, contre vents et marées. Son objectif était de réussir sa mission. Elle est restée droite dans ses bottes, tout en rappelant dans les médias qu’elle n’y est pour rien dans les attaques qui endeuillent le Cameroun tous les jours. Christine Robichon est rentrée chez elle  sans être inquiétée par les pouvoirs publics et sans crise diplomatique.

Son successeur s’appelle Gilles Thibault. C’est lui le nouveau big boss. Un féru des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, qui est entré en fonction le 17 septembre 2016. Il ne cache pas son amour pour les nouveaux médias. Son compte Twitter, qu’il a présenté aux blogueurs camerounais le 30 mars à l’Institut Français du Cameroun, antenne de Douala, va plus vite que Lucky Luke.

Le diplomate est suivi par des milliers de personnes des quatre coins du globe, grâce à ses différentes publications très instructives. M. Thibault communique énormément sur ce réseau social. En 2018 (année des élections présidentielles, sénatoriales, législatives et municipales), je parie qu’il va beaucoup s’investir sur Twitter. Je sais que vous allez me traiter de français si je continue dans cette même lancée. Et puis même, je m’en fous hein!

Gilles Thibault et les blogueurs le 30 mars 2017 à Douala. CC: @samvicked

J’ai juste pris l’exemple des ambassadeurs de ce pays européen, parce que la France est une grande amie, avec qui nous partageons notre passé, notre présent et surement notre futur. Cette amie sait que remplacer régulièrement ses diplomates est productif pour la coopération franco-camerounaise. Parce que chaque ambassadeur vient avec ses défis, challenges et un cahier des charges bien détaillé, et leurs compatriotes sont toujours au centre de leurs préoccupations.

Bref, je parle de la France parce qu’elle est dynamique et plus proche de nous. Tout comme je pouvais également parler de l’Italie, des Etats-Unis d’Amérique, de la Chine, du Tchad, de l’Espagne, de l’Allemagne, etc. qui ont des ambassadeurs qui mènent une course contre la montre au Cameroun. Malgré leurs emplois du temps chargés, ils prennent toujours soin de tous leurs compatriotes, comme une mère veille sur ses enfants.


Les ambassadeurs camerounais à l’étranger

Depuis plus d’un mois, je m’interroge nuit et jour sur la durée normale du mandat d’un chef de mission diplomatique camerounais dans un pays ami. Pour moi, leur mandat oscille entre longévité et immobilisme.

La question me taraude l’esprit depuis plusieurs semaines. J’ai posé le problème dans plusieurs groupes WhatsApp, mais je n’ai pas eu les réponses que j’attendais et que j’attends toujours.

Dans plusieurs groupes d’intellectuels camerounais, ma question a été noyée par une pluie de messages de distraction. On dirait que les membres de ces groupes sont soudainement devenus myopes devant ma préoccupation.

En fait, ma question demeure d’actualité. Je veux juste connaitre la durée exacte du mandat d’un ambassadeur camerounais accrédité dans un pays étranger. A titre de rappel, un ambassadeur est un représentant d’un Etat auprès d’un autre, ou parfois auprès d’une organisation internationale. Il a pour mission, entre autres, de promouvoir les relations amicales et coopération entre deux Etats.

Ambassade du Cameroun à Washington; DC. CC: Wikimedia

Sous l’autorité du Ministre des affaires Etrangères, il met en œuvre la politique extérieure de son pays en développant les relations économiques, culturelles et scientifiques entre son pays et l’Etat près duquel il est accrédité. Il est chargé de protéger les ressortissants de son pays et de défendre les intérêts de son pays.

Pour revenir à ma préoccupation, je suis un peu confus quand je vois comment les diplomates étrangers défilent au palais de l’Unité à Yaoundé, soit pour présenter les copies figurées de leurs lettres de créance au Président de la République ou au Ministre en charge des Relations Extérieures, ou pour dire leurs adieux au Cameroun.

C’est tellement beau de regarder ces moments forts à la télévision nationale. Moi personnellement, le rôle d’ambassadeur me fascine. Il me fascine parce qu’il consolide les liens d’amitié entre deux pays. C’est ce côté qui me bluffe. Arrivés en fin de séjour, les diplomates étrangers quittent toujours le Cameroun presqu’avec des larmes aux yeux.

Ils auraient certainement voulu qu’on prolonge leur séjour. Mais ça ne marche pas comme ça dans les pays civilisés, vous le savez très bien, mes chers Excellences ! Il faut libérer la représentation diplomatique après deux, trois ou quatre ans de service. Ceci s’inscrit dans une logique de changement traduisant le dynamisme de l’apparait étatique en ce sens que l’ambassadeur, en tant que représentant du Chef de l’Etat dans son pays d’accréditation, a un cahier de charges assortis d’objectifs clairement définis s’inscrivant dans la politique générale de celui qu’il représente.

Couples Barack et Biya à la Maison Blanche. CC: Wikipédia

Comme tel et par extension, la durée de sa mission devrait ou pourrait être liée dans, une certaine mesure, à celle du président qu’il représente et dont il aide à exécuter la politique extérieure. Le besoin de changement s’impose également afin de susciter de nouvelles idées ou approches pouvant renforcer les liens de coopération entre ces deux Etats.

Pour exemple, l’ambassadeur Michael Stephen Hoza a dit ses adieux à Paul Biya mercredi 6 septembre dernier, après trois ans de représentation. Le diplomate américain est arrivé au Cameroun le 22 août 2014.

Les ambassadeurs camerounais, à quoi servent-ils?

C’est une question qui, j’espère, va trouver une réponse dans vos différentes réactions. Certaines langues disent que les ambassadeurs européens passent leur temps à espionner le Cameroun. C’est normal ! Cela fait partie du rôle d’un chef de mission diplomatique. Il doit être au parfum de l’évolution et de la situation du pays dans lequel il a été nommé pour en informer son propre gouvernement.

A la question de savoir si nos ambassadeurs font pareil, une amie m’a répondu par l’affirmatif sur WhatsApp.

Sa réponse me fait seulement rigoler. Ils espionnent même quoi, nos vieux-là? Pour en faire quoi après ? Pour commencer, est-ce qu’ils parcourent même d’abord toutes les régions des pays où ils sont compétents, pour veiller sur les intérêts camerounais de ce coté ? Parce que moi, j’ai vu les images  de Gilles Thibault (l’ambassadeur de France au Cameroun) dans les dix régions du Cameroun sur Twitter.

Juste après, j’ai été scandalisé quand certains membres d’un groupe WhatsApp, m’ont appris que la plupart de nos diplomates sont des retraités en poste. Qu’ils sont même souvent oubliés dans les pays où ils sont accrédités, après nomination.

L’ambassade du Cameroun à Paris. CC: Wikimedia

Ce qui fait qu’aujourd’hui, on a des ambassadeurs qui passent plus de deux décennies dans un même pays.

Massah ! Comme si les ambassades étaient leurs domiciles familiaux. L’autre phénomène que je ne comprends pas trop, c’est la négligence et l’oubli de leurs devoirs envers  les compatriotes des pays où ils sont en poste.

Quel traitement pour les compatriotes ?

Je prendrai un exemple banal. Bon, il n’est pas aussi banal que ça hein. L’ambassadeur du Cameroun au Maroc (j’oublie son nom) a-t-il le fichier de tous ses compatriotes qui vivent dans le royaume chérifien? Tient-il régulièrement des réunions avec les ressortissants camerounais qui sont à la recherche des meilleures conditions de vie de ce coté ? Que fait-il pour dissuader les migrants clandestins camerounais pour éviter le pire ? Ce sujet préoccupe-t-il son Excellence ? J’en doute fort. Ces interrogations sont également valables pour tous les ambassadeurs camerounais dans les autres pays d’Afrique, d’Europe, d’Asie et en Amérique.

Prochainement : la diplomatie française au Cameroun, un cas d’école 


Axe Douala-Yaoundé: je confirme que le pont de Yassa est pourri

La route nationale numéro 3 a été coupée au lieu-dit « Cogefar » au niveau de Yassa le samedi 2 septembre 2017. Une partie de la chaussée a été recouverte à la circulation depuis avant-hier. 

Le trafic reste légèrement perturbé à la sortie de Douala, en attendant la réparation effective du pont. Celui-ci, sis au lieu-dit « Cogefar », à un jet de pierre de la station service Bocom de Yassa, s’est effondré pour une énième fois samedi. Je me suis rendu sur les lieux du drame dimanche 3 septembre matin, aux environs de 6h.

Ambiance

Les usagers sont toujours bouche bée, malgré la réparation d’une bonne partie de la passerelle par les ouvriers de Razel, qui ont travaillé toute la nuit. Aujourd’hui, la curiosité est de mise. Des conducteurs de mototaxis, des chauffeurs de taxis et autres curieux, garent leurs véhiculent à quelques mètres, pour descendre à pied dans le but de  visiter le pont en réparation. La scène se déroule peu avant 7h. Les conducteurs de ces engins, qui circulent tous les jours sur ce pont, contemplent de prés les travaux effectués pour rétablir la circulation. Les pluies diluviennes qui s’abattent sur la ville ces dernières semaines, ont contribué  à l’effondrement de ce pont, construit dans les années 80.

Circulation reduite à Yassa. CC: Didier

Les témoignages concordants des riverains ce matin, me laissent croire que la thèse de la pluie est à côté de la plaque. Ce n’est donc pas la véritable cause de ce drame. Parapluie en main, Jean Kamte sillonne les lieux. Habitant du quartier depuis des lustres, il confirme que l’effondrement de ce pont était prévisible, avant même la saison pluvieuse. « Ce n’est pas un problème qui date d’aujourd’hui. C’est depuis la création de la route », croit-il savoir.

A en croire le riverain, ce pont n’a pas été construit avec des matériaux adéquats. « Il a été fait en tôle », vocifère M. Kamte. Ce matin, une longueur du pont a été rétablie. Elle permet aux usagers de traverser et de vaguer à leurs occupations, et aux véhicules en partance pour Yaoundé de circuler. Seulement, deux voitures ne peuvent pas l’emprunter au même moment. L’autre partie est en chantier. Mais aucun ouvrier de la société chargée de sa réparation n’est présent sur le site  ce dimanche matin.

Seule une plaque de signalisation placée sur les lieux, informe les passants sur l’état actuel de la route. « Attention ! Route barrée travaux dangereux », peut-on lire dessus. Ce message, assez précis, n’empêche pas aux gros porteurs, transportant des billes de bois, bus d’agences de voyages, etc. de circuler et d’abimer d’avantage le pont.

Matériaux défectueux, le silence des autorités

Il est exactement 7h à « Cogefar ». La circulation va au ralentir. Et des inquiétudes fusent de toutes parts. La réparation provisoire du pont faite par Razel ne rassure pas plus d’un. Chaque personne qui descend sur le pont, revient avec son commentaire. Sourcils froncés, un taximan que je croise sur les lieux manque les mots pour décrire cette situation « qui aurait pu être évitée si les autorités qui empruntent régulièrement la nationale numéro 3 étaient sérieuses », pense ce dernier.

les ouvriers de Razel à l’oeuvre. CC: Didier

Il m’apprend que le pont présentait déjà un état de détérioration très avancée qui était visible à l’œil nu, avant même son premier effondrement l’année passée. «Cela fait plus d’un an que le pont a signalé. Je n’ai rien à dire. Ce qui devait arriver est arrivé», lance son confrère, Jean Yves Tagne. Sur les lieux, j’aperçois du sable, du gravier, et des sacs remplis de sable, etc. versés le long du trottoir. Des matériaux qui devraient permettre de terminer la réparation du pont. Mais les chauffeurs rencontrés sur place, pensent qu’il faut entièrement refaire ce pont, sinon, il s’effondrera chaque année.

Depuis la première réparation justement, qui n’a duré que quelques mois, « un gros porteur, transportant des billes de bois a failli se renverser dans l’eau l’autre jour, parce que le pont est déjà fatigué », regrette Jean Yves Tagne. Pour définitivement mettre fin aux effondrements à répétition de ce pont et éviter le pire, les usagers proposent de changer entièrement les matériaux défectueux, en attendant le réaménagement de la route en prévision.

 


BlogDay2017 : le cadeau « involontaire » d’Orange Cameroun aux blogueurs

L’opérateur de téléphonie mobile a convié les blogueurs de Douala, au lancement de sa nouvelle offre Internet. C’était le 25 août 2017. Le top management ignorait que c’était à quelques jours de la célébration de la Journée mondiale du blog ce 31 août.

Les grands font naturellement confiance. Parce que la filiale camerounaise de l’operateur de téléphonie mobile français, France Télécom, croit à la force de frappe des blogueurs 237, surtout à la veille de leur journée mondiale, il les présente, en exclusivité, sa dernière offre Internet. Nous allons seulement changer la donne. Et rien ne nous arrêtera.

Dans ma bulle. CC: Pixabay1

Mais pas avec la mauvaise connexion Internet que certains operateurs nous imposent ici au bercail. Nous allons seulement atteindre le bout du tunnel. Oui, nous irons plus loin avec ceux qui nous font aveuglement confiance. C’est par amour qu’ils le font. Pour l’amour des nouveaux maîtres de la Toile. Qui ose prouver le contraire ? Le blogging bouge au Cameroun et l’operateur Orange Cameroun l’a vite compris et adopté. Tant mieux pour ceux qui hésitent encore. Orange prend un train d’avance.

Une preuve d’amour

Tout débute avec « Ben’am Romance ». L’une de ses campagnes. Dans le spot vidéo de cette opération de charme disponible sur YouTube, on voit un moto-taximan qui tombe amoureux d’une « braiseuse de prunes ». Les deux tourtereaux finissent par fonder une famille. C’est romantique n’est-ce pas ? En fait, c’est juste pour dire qu’entre Orange et ses clients, c’est une histoire d’amour. Et l’amour se nourrit de preuves. L’opérateur s’arrime à la nouvelle donne et utilise un langage de plus en plus familier dans ses campagnes. Et la nouvelle donne ne peut se construire qu’avec des ‘’influenceurs’’ et blogueurs.

Le vrai boss. CC: Orange Cameroun
Alors, c’est qui le boss maintenant?

En tout cas, Orange n’est pas le boss. Parce que sans nous ses abonnés, l’opérateur ne vaut rien. Je pique juste dans les propos de Blaise Etoa hein ! Le chef de département communication de l’opérateur de téléphonie mobile l’a fait savoir le 25 août, avant que Joseph Abena, chef du département marketing digital, ne dévoile la surprise du jour. Une surprise qui a laissé toute la salle bouche bée. Mes potes blogueurs qui bavardent beaucoup beaucoup là comme des perroquets, n’en revenaient pas.

Orange a bien emballé la surprise dans un hashtag : #CKILEBOSS. Un truc que j’ai aperçu sur Twitter en journée, sans savoir ce qui se cachait derrière.  C’est en soirée, que j’ai su qu’il s’agissait du forfait #DataBoss. Ainsi, l’operateur offre 24 Go à 500 FCFA/jour. Une connexion Internet rapide que l’abonné peut consommer en 24h, c’est-à-dire une data par heure.

Un monde androïd. CC: Pixabay

En quelques minutes seulement, la bonne nouvelle s’est rependue sur les réseaux sociaux comme une trainée de poudre. J’ai des potes qui ont trouvé cette nouvelle offre un peu chiante. Mais ils ont compris plus tard qu’il fallait avoir une Puce 4G d’Orange pour naviguer sans difficultés. Certains ont saboté gratuitement, mais sont conscients qu’en matière de connexion Internet, Orange est actuellement le boss. Qui dit mieux ?

Pour souscrire tapez : #145*26#
#BlogDay2017


Douala : à 17 ans, Maxime croupit derrière les barreaux pour tentative de vol

J’ai visité les quartiers des mineurs et des femmes de la prison centrale de New-Bell la semaine passée. Le cas de Maxime, orphelin, condamné depuis le 12 mai m’inquiète.

Je lui ai promis de revenir. Mais aucune date n’a été fixée entre nous. Une chose est quand même certaine : je reviendrai un jour dans le quartier des mineurs de la prison centrale de New-Bell Douala. Je reviendrai seul ou en groupe pour leur prouver qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y a des gens à l’extérieur qui pensent à eux. Mais quand je reviendrai, trouverai-je les mêmes 38 mineurs que j’ai rencontré vendredi dernier, dans les mêmes conditions d’hygiène ? Parce que j’ai vraiment été bluffé par leur environnement. Ils sont détenus dans un quartier très propre. Plus propre même que les rues de ma ville natale.

Un saut derrière les barreaux

Ce qui les éloigne naturellement des maladies et des piqures de moustiques, qui engendrent le paludisme. Sur ce volet, je tire un coup de chapeau à l’administration pénitentiaire, qui met un point d’honneur sur l’hygiène. L’autre chose qui m’a aussi touché, est que ces mineurs, même derrière les barreaux, peuvent fréquenter jusqu’à obtenir des diplômes.

Je ne savais pas que cela était possible dans cet univers au Cameroun. Parmi les 38 mineurs rencontrés le 25 août, tous des garçons, j’ai causé pendant prés d’une dizaine de minutes avec Maxime. On a dialogué comme deux bons vieux potes, alors qu’on ne se connait pas. Dans nos causeries, le jeune homme, visiblement désespéré, me renseigne un tout petit peu sur lui et sur les motifs qui l’ont conduit ici.

J’étais à l’université de New Bell, avec les mineurs.

« J’avais besoin d’argent »
Agé de 17 ans seulement, il se retrouve en prison pour « tentative de vol ». Qu’est ce qu’il a même tenté de voler ce jeune, avant de se retrouver dans les filets des flics et d’être jeté dans l’une des plus grandes prisons du Cameroun ? Maxime m’apprend qu’il manque de tout, surtout d’argent pour se payer de quoi manger. En plus, le jeune homme est sans soutien familial.

« Je n’ai pas connu ma mère. Et mon père, le seul parent que j’ai, ne me gère pas. La preuve est que depuis que je suis arrivé ici, il ne vient pas me rendre visite comme les parents de mes camarades. Le garant qu’on me demande est de six mois», rapporte Maxime, qui n’a pour seul soutien que Dieu.

Chaque mardi justement, les mineurs de la prison centrale de Douala, reçoivent des évangélistes pour des séances de prières. Un inconnu d’une église a promis de donner un coup de pouce à Maxime pour sortir de ce trou.
En attendant, le détenu et ses compagnons continuent de se nourrir de la ration alimentaire des détenus. Un mélange de maïs, soja, riz… matin et soir. Sidéré par la situation des mineurs derrière les barreaux à Douala, Freddy Ngoufack, président de l’Association de soutien et d’assistance aux personnes défavorisées (Asaped) et son équipe, leur ont rendu visite avec des cartons de cahiers, stylos, craie, spaghetti, vêtements… pour les aider à mieux entamer la rentrée scolaire de septembre.

Des sacs artisanaux fabriqués par les prisonnières.

Femmes gangsters
Après le quartier des mineurs, nous voici chez les femmes. Elles font la loi au quartier 17. La présidente du quartier, d’après Gisèle, la secrétaire générale, est absente aujourd’hui. Elle sort et revient plus tard, apprend-on. Ce quartier regorge de 90 prisonnières. Toutes ne chôment pas. Certaines y apprennent plusieurs petits métiers. J’ai visité leurs ateliers de couture, salle d’informatique, et le centre polytechnique St Thérèse, où elles sont formées et décrochent des diplômes de fin de formation valables sur le territoire national.

1- Message destiné au mineur de la prison centrale de New-Bell Douala

 

Freddy, le donateur

Cher jeune fort et courageux,
Je sais que c’est difficile ce que tu vis mais écoute la voix de ton cœur lorsqu’elle te guide sur les chemins de l’amour de Dieu et du prochain et de la gratitude, du courage et de l’espoir. C’est le meilleur moyen de vivre une vie qui en vaille la peine, une vie riche qui a du sens et de la saveur, de la consistance et de la valeur.

Tu n’es pas tout seul, tu n’as pas à vivre dans les soucis et les inquiétudes car Dieu ton père t’a aimé le premier avant même que tu ne viennes au monde et il t’aime toujours tel que tu es. Il n’y a rien que tu puisses faire dans cette vie pour qu’il cesse de t’aimer ou pour qu’il t’abandonne. Il a promis d’être avec toi pour toujours.
Alors moi aussi, je t’aime avec le même amour du Père car comme moi, tu es un fils d’amour, né de l’amour pour vivre dans l’amour et retourner à l’amour.

2- Message destiné à la femme

A toi femme forte, femme de valeur,
Que tu sois libre ou enfermée, tu es un précieux trésor pour la nation, un don magnifique pour ta famille, une aide pour tes amies. Tu as la capacité de transformer les vies, donner la vie, éduquer et être utile pour toutes bonnes œuvres.
Tu es celle vers qui tout le monde se tourne lorsque tout va mal, celle qui recouvre du manteau d’amour les erreurs et faux-pas des uns et des autres, celle qui illumine la vie tout autour d’elle par des actes dignes et nobles, par des dons d’agréables odeurs, par des paroles réconfortantes et des gestes remplis d’amour qui les accompagne.
Tu es la fille, la sœur, l’épouse et la mère en même temps, tu es aimée de Dieu ton Père au-delà de tout ce que tu peux imaginer. Merci pour qui tu es car tu es bénie de toutes bénédictions où que tu sois.


Mebe Ngo’o, j’en ai marre de ces corbillards en circulation au Cameroun

En tant que Ministre des Transports, je vous exhorte à enlever de la circulation la pacotille qui endeuille de nombreuses familles chaque jour dans notre pays.
Monsieur le Ministre,

J’espère que vous allez bien aujourd’hui et que vous avez bien pris votre petit déjeuner ce matin. J’espère que votre famille va également bien.
Monsieur le Ministre des Transports du Cameroun, j’ai décidé de vous écrire aujourd’hui parce que j’ai très mal. Mon cœur saigne. Ça ne va pas. Au début, je voulais rédiger un simple billet dans lequel je voulais m’insurger contre les accidents routiers qu’on enregistre en désordre ici dans notre pays, mais mon cœur m’a orienté autrement. Et je trouve que cette option est la meilleure. J’espère que vous l’appréciez déjà.
Trop de charabia, allons droit au but.

Le bus de « Général » tue aussi. CC Didier

Monsieur le Ministre,
Je vais maintenant vous dire pourquoi je me suis penché sur le clavier de mon ordinateur aujourd’hui pour écrire ces petits mots, qui, j’espère, ne vont pas engendrer des maux.
Cher monsieur Mebe Ngo’o,
J’ai un cousin qui séjourne actuellement à la morgue de l’hôpital Laquintinie de Douala. Il y a pris ses quartiers depuis dimanche à 6h, contre sa volonté. La mort, avec qui, il n’avait pas rendez-vous, l’a surpris en pleine circulation dans la métropole économique la semaine passée.
Qu’est ce qu’elle peut être cruelle!
J’ai le cœur en plusieurs morceaux depuis que j’ai appris son décès. Parti si jeune ! Il avait presque mon âge et était mon frère, mon ami, même si on se voyait et se parlait par saison. Il avait encore beaucoup à prouver à la vie. Je me frappe la poitrine, je déchire mes vêtements, je gémis, je pleure, je m’enroule au sol, mais mon pote n’est plus là.
Je frappe le clavier de mon laptop en pleurant. Sa famille n’en revient toujours pas, deux jours après son départ. Sa mère, inconsolable, trouve quand même un peu de force pour m’expliquer comment son fils, son chéri, son mannequin, monsieur propre s’en est allé. Un jeune homme sans problème, qui voulait seulement vivre.

Un taxi broyé à Didier. CC Didier

Il a brutalement été tué par un fou furieux. Ou encore par une masse de ferraille, conduite par un ivrogne. Le conducteur du véhicule en question, ivre comme une abeille, est venu ramasser mon cousin sur le trottoir, alors qu’il attendait un taxi pour rentrer chez lui. Le salaud, a ouvert son crane avec sa sale bagnole. Il est transporté à l’hôpital Laquintinie, où il rend l’âme dimanche, après trois jours de lutte contre la mort.
Son bourreau, arrêté juste après le drame, est introuvable aujourd’hui. Le jeune homme s’en va rejoindre ses aïeux. Un coup dur pour sa fiancée enceinte de plusieurs mois. Fin de récit.
Monsieur le Ministre de la République,
Voilà un cas qui devrait vous interpeller. Un monsieur qui se saoule la gueule avant de prendre le volant. Ce n’est pas normal dans un pays des gens normaux. Vous deviez interdire ce genre de pratique durant le temps qu’il vous reste à passer à la tête du ministère des Transports. Toutefois, le tout n’est pas de dire que vous interdisez ou de passer un simple communiqué dans les medias, mais de sanctionner ceux qui violent les lois de la République, même si c’est vous ou l’un de vos proches. Sans corruption ni trafic d’influence.

Une de l’hebdomadaire « La Météo »

Monsieur le Ministre,
je refuse d’admettre que je vis dans un pays où il est permis à un soûlard de prendre le volant après avoir avalé tout un casier de bières.
Pour faire bonne apparence, vous me direz que vous ne cautionnez pas cela. Et pourtant, cher Ministre, certains chauffeurs au Cameroun, boivent, passent des coups de fil et surfent pendant la conduite. Vous me direz que la loi l’interdit. Eux, ils n’en n’ont rien à cirer apparemment de votre loi qui s’applique souvent comme une tortue sur le terrain. Elle est même parfois à tête chercheuse, parait-il.

La Une du bihebdomadaire L’Anecdote

De vous à moi hein, cher patron des Transports camerounais, ces véhicules de quatrième main, voire même de dixième main, qui pullulent nos métropoles ont-ils le droit de circuler ici? Pourquoi vous acceptez que nous soyons la poubelle des pays industrialisés ? C’est normal ça ? On dirait des corbillards mis expressément en circulation pour abréger les vies des nobles citoyens qui ne demandent qu’à voyager. Pourquoi vous l’autorisez, pourquoi hein ?
Regardez donc les dégâts que vous cautionnez tous les jours au Cameroun. Ekiéé Dieu, qu’est ce que nous avons fait pour mériter ce genre d’horreur chaque jour sur nos axes routiers ? Le bilan est de plus en plus lourd. Il fait froid dans le dos. Et les gens ne cessent de voyager dans des bus complètement foirés (à des prix exorbitants), qui devraient en principe être interdits de circulation.
On ne sait même pas s’ils respectent les visites techniques. En plus, même si les compagnies de voyage décident aujourd’hui de se doter de véhicules neufs de première catégorie, il va aussi falloir qu’elles se dotent des routes bitumées, vastes et sans trous. Ce qui va certainement limiter le nombre d’accidents au Cameroun.
Pour chuter, en espérant que vous prendriez des vraies dispositions, monsieur le Ministre, j’ai l’impression que les accidents de ces dernières semaines ne sont pas simples. On dirait que le pays prend plaisir à offrir ses populations en holocaustes. Parce que c’est incompréhensible tout ça. Accident à droite, accident à gauche et vous, monsieur le Ministre des Transports, vous dites quoi concrètement quand le Cameroun saigne de la sorte ? Que faites-vous pour stopper l’hémorragie? Mince! J’ai l’impression de parler seul !


Big up !

Quand on est petit, beaucoup de choses nous marquent. Positives ou négatives. Dans tous les domaines. Dans ce petit billet, je rends hommage à certains animateurs radio qui m’ont bluffé.

Cette photo me parle. Elle me parle même beaucoup. Merci à celui qui l’a mise sur les réseaux sociaux. C’est ce matin en effet, que je suis tombé dessus en ouvrant mon Facebook.

C’est vrai qu’il s’y trouve certains visages qui ne me disent rien. Mais il y en a également qui me sont familiers. Qui ont  même fait partie de ma vie. De mon enfance, je voulais dire. Ces gars étaient des animateurs radio très talentueux. Nous sommes dans les années 2000. La belle époque. L’époque où l’animation était une passion, où les rappeurs clachaient dans tous les quartiers de Douala. Ces gars, depuis leurs studios, pouvaient démolir une méga star. Ils en fabriquaient également.

Photo d’archive. CC RTM

Je ne manquais jamais vos émissions, chers amis. Vous avez marqué mon adolescence. Vos émissions sont gravées dans ma tête comme à la naissance. Les génériques aussi. J’étais toujours branché après les classes. Les génériques de vos émissions me faisaient craquer. Je n’avais pas les mots pour dire à Francis La Plage et à Eric Christian qu’ils me rendaient dingue.

On pouvait me priver de bouffe, mais pas de vous. En tout cas, pas de radio. Tout seul dans ma chambre, je rechante la belle époque. C’était si cool de vous écouter. De prendre les news sur les stars. Les posters des stars inondaient ma chambre. Ils me laissaient croire que la vie est rose. Vous étiez dans ma radio à tout moment. Je me souviens de vous.

De cette époque où mon frangin Aaron Jac’sson parcourait les studios d’enregistrement de Deido. Je me souviens des vrais gars. Du rap de rue. Des mecs qui laissaient les cheveux comme des meufs. De ceux qui voulaient ressembler à Usher, Sisqo, Craig David, Nelly, etc. C’était si beau de se sentir dans la peau d’une superstar. Que c’est dur de rompre avec le passé.

Surtout si celui-ci était remplir de fleurs qui ne se fanaient jamais. C’était ça l’amour. L’amour du micro.

Au micro. CC Pixabay

Aujourd’hui, je vous cherche. Je parcours les studios en espérant vous rencontrer dans les parages. En vain. Vous n’y êtes plus. Je ne sais pas où vous êtes passés. Je ne suis plus les émissions Hip Hop aujourd’hui, parce que je ne m’y retrouve pas. Elles m’égarent.

Sans vouloir offenser ces jeunes qui ont pris le relais, je suis perdu. Je veux réécouter mon Eric Christian sur RTM. Oui, je sais que l’homme n’est pas éternel. Mais je m’ennuie, seul avec mon poste récepteur. Le blogging me console. Les nouveaux maîtres du micro tentent en vain de m’amener dans leur bulle. Ils ne parviendront pas.

Pas sans mon poste récepteur. CC Pixabay

Pour la simple raison qu’ils ne sont pas vous et ne le seront jamais, malgré leur talent. Ils n’ont pas connu l’époque de galère. Ils n’ont pas parcouru plusieurs kilomètres à pied pour aller animer un programme qui était écouté par tous les jeunes de la capitale économique. Non ! Ces animateurs androïd, qui s’habillent aujourd’hui en jean slim veulent me laisser croire que le Hip Hop, celui que pratiquait mon Sinik ou mon 50 Cent, était né dans un studio huppé.

Vous me manquez tellement. Si seulement on pouvait remonter le temps. Si seulement vous étiez encore là.

Big up aux vrais maîtres du micro!