Vive l’exploitation des enfants camerounais !
Le phénomène est en nette recrudescence depuis le début des vacances. Il n’est pas surprenant de croiser des gosses dans presque tous les carrefours s’activant à des activités avilissantes avec la bénédiction de leur parent. Où sont passés les droits des enfants dont on parle tant ?
Un forage qui étanche la soif de tout un quartier ! Celui qui a eu la brillante idée de le doter aux populations de Ngangué, dans le deuxième arrondissement de Douala, est un vrai génie, un peu comme Moïse, qui, frappant un rocher, donna à boire aux enfants de Dieu dans le désert.
Sauf que devant ce forage ce matin, il n’y a que des tout-petits pour recueillir de l’eau dans des seaux de plusieurs dizaines de litres. Ils ravitaillent ainsi leurs domiciles sans l’aide de leurs parents.
Nombreux sont-ils qui doivent se dépêcher d’accomplir cette tâche avant d’aller s’occuper à autre chose, à d’autres corvées imposées par leurs géniteurs après une dure rentrée scolaire. Le commerce des prunes, oranges, goyaves, pour certains, du maïs, arachides grillés ou bouillis pour d’autres, etc., est ce qui a remplacé les leçons de grammaire ou d’arithmétique données dans les salles de classe. En tout cas, c’est ainsi que les enfants des pauvres passent les vacances au bercail !
Pas d’enfants débrouillards chez moi !
Ce mardi 5 juillet, je me rends au cybercafé de Nathalie M. sis à un jet de pierre de ma mini-cité et en face du forage qui ravitaille les riverains en eau potable.
Nathalie prend son téléphone portable, compose le numéro de sa fille de 10 ans et lance l’appel. Au bout de quelques secondes, j’entends ceci : « Allo ! Comment tu vas ? », Interroge la jeune maman. Son enfant de l’informer qu’elle revient du marché « Mboppi », où elle est allée vendre l’eau glacée avec l’une de ses amies du quartier. « Quoi ?! » s’étonne la maman, avec un sourire en coin aux lèvres. « Qui t’a demandé d’aller vendre quelque chose hein ? Tu as alors vendu combien ? » Gronde-t-elle. « 250 FCFA », réplique l’adolescente au bout du fil. Nathalie va lui recommander de ne plus recommencer. « Bébé, il faut souvent me demander avant de te lancer dans ce genre d’activité hein ? Le dehors est très mauvais. En plus, tu sais que ton père n’aime pas ça », tente de raisonner cette mère responsable qui pense que les vacances sont faites pour le repos et aux activités ludiques.
A la merci des dangers
Contrairement à Nathalie, beaucoup de parents camerounais ne voient pas les dangers qui guettent leurs enfants-commerçants, qui inondent les rues de nos grandes métropoles depuis le début des vacances.
« Dans la zone industrielle où je travaille, m’apprend une jeune femme croisée dans le cybercafé de Nathalie, il y a des vrais bébés qui circulent avec des plateaux sur la tête. Ils vendent presque tout. Heureusement qu’on les connait déjà. Mais ils n’ont aucune chance face aux Nanga Boko (sans domiciles fixes) qui peuvent facilement arracher leurs marchandises et manger sans que personne ne vienne à leur secours, car la zone fait très peur ».
La zone industrielle dont parle la jeune femme est un lieu isolé. C’est à peine si on peut y croiser un piéton. Mais curieusement, c’est dans ce périmètre que les enfants, issus en majorité de parents pauvres et n’ayant même pas fini le cycle primaire, circulent avec des gros plateaux de marchandises sur la tête. Leurs parents font semblant d’ignorer les dangers qu’ils encourent quand bien même l’environnement (le dehors comme on dit chez nous) est devenu de plus en plus cruel, où la pédophilie a fait son nid, les crimes rituels aussi sans que cela ne surprenne ou n’émeuve plus personne dans un pays où les enquêtes ouvertes pour des cas de viols et tueries d’enfants n’ont jamais livré leurs verdicts. En parlant justement de ces crimes, une seule question me ronge les lèvres au moment où je finis mon billet : Que devient l’enquête sur la petite Eva, décapitée l’année dernière à Maképé-Missoké à Douala? Question de conscience.
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