Curiosité: A quels psychopathes sont ces immeubles ou hécatombes ?
Beaucoup de chantiers de construction appartenant à nos barons font des victimes presque chaque semaine dans la capitale économique camerounaise. Et les morts sont enterrés dans la stricte intimité familiale, loin des caméras.
Ici à Douala, on a des immeubles achevés qui donnent la chair de poule. Il y en a même qui sont carrément inclinés et les autorités font semblant d’être aveugles. D’autres se sont même effondrés avec des manœuvres, des familles et des enfants à l’intérieur. Au lieu de prévenir ces genres d’accidents, les gars sont carrément assis dans leurs bureaux climatisés à compter les billets de banque qu’ils détournent pour eux et leurs progénitures. Chaque fois qu’un nouveau drame surgit, ils prennent des résolutions qu’ils sont eux-mêmes incapables de réaliser. Au finish on a l’impression que ce pays est géré par des psychopathes.
Au pays des drames
On a encore enregistré un mort dans un chantier de construction d’un immeuble cette semaine à Douala. Un manœuvre, un jeune étudiant qui s’apprêtait à affronter l’épreuve du BTS, a été électrocuté à cause des installations anarchiques de courant électrique sur son lieu de travail. Et sa famille réclame justice après son décès. Justice contre qui justement ? Si c’est contre le véritable propriétaire de cet immeuble où travaillait le jeune homme, je crois qu’il serait préférable de renoncer très rapidement à la voie juridique, de peur de gaspiller des sous devant les tribunaux en vain. Parce que le type qui a cet immeuble en construction a un long bras. Aussi long que je suis incapable d’en estimer la taille. En d’autres mots, c’est quelqu’un de très puissant qui est capable de corrompre, on l’a souvent vu, toute la chaîne juridique, en commençant par le procureur de la République. Qui peut donc se mesurer à une telle personne ? Un pauvre minable comme moi ? N’y pensez même pas ! Je me contente juste de rédiger mes billets.
Des immeubles, avec quel argent ?
Les négociations pour la construction des immeubles se déroulent en lieu sûr avec tous les acteurs concernés, loin des caméras. Ce qui fait qu’on ne sait pas qui construit quoi à Douala. Mais les populations ont toujours leur petite idée. Les soupçons pèsent généralement sur les pouvoirs publics. Nombre de Camerounais de la rue croient que ces immeubles sont les propriétés des pontes du régime. Qui sont bâtis avec l’argent du contribuable. D’autres pensent au contraire que c’est avec l’argent de la mafia, ou avec l’argent blanchi. Un officier de police m’a récemment confié que sa hiérarchie était également impliquée dans ce sale dossier. De lui, j’apprends que des généraux, des colonels, etc. regorgent aussi des grandes richesses immobilières dans nos grandes métropoles, au même titre que nos ministres et directeurs généraux. La seule question qui me ronge l’esprit est : avec quel argent (dans un pays considéré comme l’un des plus pauvres du continent) élèvent-ils ces bâtiments, qui représentent des centaines de milliards de nos francs ? Le pire, et c’est ce qui m’énerve le plus, est qu’ils maltraitent leurs ouvriers. Ces derniers, payés en monnaie de singe, souffrent comme à l’âge de la traite négrière. Pas de petit déjeuner le matin, pas de diner à midi, et rien en soirée pour certains. Et pourtant, les gars travaillent dur pour que les immeubles de ces salauds voient le jour.
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