Explosion à la bombe : la psychose terroriste gagne Douala  

Article : Explosion à la bombe : la psychose terroriste gagne Douala   
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24 septembre 2017

Explosion à la bombe : la psychose terroriste gagne Douala  

 

Des explosifs artisanaux ont échoué sur le mur de la Société camerounaise de dépôt pétrolier dans la matinée du vendredi 22 septembre 2017. Une tentative des ennemis de la paix qui a plongé la capitale économique dans la peur et l’inquiétude.

La scène se déroule aux environs de 6h30 sur le mur qui sépare les rails de la Camrail à l’entrepôt de la Société camerounaise de dépôt pétrolier (SCDP) basé au lieu-dit carrefour Agip, dans le 1er arrondissement de Douala, a proximité du marché Mboppi, le plus grand lieu de commerces de la sous-région Afrique centrale. Des individus non identifiés ont composé une bombe artisanale à l’aide des batteries de moto, d’une bouteille de gaz domestique, des bouteilles de gasoil et plein d’autres petits outils dangereux.

Les débris de ces dispositifs ont été retrouvés sur le site du drame par des experts en explosifs déployés sur le terrain, quelques heures après l’explosion. Un expert que j’ai rencontré sur place constate que la bombe a été montée par des amateurs, dont l’objectif final était sans doute de faire exploser les cuves pétrolières de la SCDP : « Ils ont utilisé le téléphone portable à distance pour détonner », explique l’expert.

Les terroristes sont passés par ici. CC: Wikipedia

L’opération criminelle a foiré. La bombe n’a eu d’effet que sur une petite partie du mur de l’entreprise, qui reste debout malgré la double tentative. Toutefois, quelques effets néfastes sont visibles sur les lieux. La bombe a rasé une bonne partie du gazon et laissé quelques écorchures sur le mur. Au même endroit, j’aperçois également un grand trou suspect qui donne accès directement aux installations de la SCDP. « C’est à travers ce trou que les gens font souvent passer le carburant », lance un riverain du quartier Mboppi que j’ai rencontré dans le coin.

Les forces de l’ordre ont quadrillé les lieux pour permettre aux enquêteurs de réunir toutes les preuves nécessaires pour leurs travaux. Après avoir sillonné les alentours et inspecté les rails, ils sont repartis avec la bonbonne de gaz, complètement calcinée, plusieurs bouteilles plastiques d’un litre et demi, remplies de gasoil, et plein d’autres indices qui les permettront de mener à bien leurs travaux. « Ne filmez pas nos indices s’il vous plait », lance un enquêteur dans la foulée aux journalistes.

 Une piste criminelle 

La question est sur toutes les lèvres en ce début du week-end. Les passants, qui franchisent le carrefour Agip, ont la peur dans le ventre. Les moto-taximen observent les experts en explosifs effectuer les analyses à distance. Chacun y va de son commentaire. « Les bombes là ont fait trembler tout le quartier Mboppi. Il faillait être là pour vivre ça en direct. Il y a eu un feu terrible. Mais heureusement, tout est retournée à la normale », rapporte un « benskineur ».

La sécurité doit être renforcée. CC: Pixabay

Pour rassurer sa population, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du littoral, descendu sur le terrain aux premières heures de la matinée avec son état major, constate qu’il s’agit d’une attaque préméditée. « C’est d’origine criminelle, à voir le matériel qui a été utilisé de manière artisanale. On a dû constater qu’il y avait une bouteille de gaz. Cela veut dire que le matériel a été concocté surplace. Et ces techniques, nous les connaissons déjà dans certaines zones où le terrorisme a commencé à agir », explique le numéro un de la contrée, qui n’a pas tardé à mettre les commanditaires de cette opération qui a été avortée en garde. « C’est pour dire déjà qu’ils sont mal partis parce que c’est Douala, et rien ne se cache à Douala. Donc ceux qui sont pu nuitamment venir faire l’effet, peuvent se réjouir, mais ils n’iront pas très loin », promet-il.

 Sécurité renforcée autour de la SCDP

Au moment où les enquêtes se poursuivent pour déterminer les auteurs de cet acte et leurs motivations, au niveau de la Société camerounaise de dépôt pétrolier où je me suis rendu, la tension reste vive. Toutes les entrées dans ses locaux ont été bouchées. Fabien Mvondo Nty, le chef du cabinet du directeur et chargé de la communication  à la SCDP que je croise à l’entrée de la direction générale, donne des instructions fermes aux agents de sécurité.

Bouteilles de gaz explosées. CC: Wikimedia

« Si les journalistes viennent ici, dites leur que la SCDP ne peut pas les recevoir pour l’instant », lance-t-il quelques secondes avant mon arrivée. Avec un air serein, Fabien Mvondo Nty me fait savoir qu’ils ont été surpris par les explosions de la matinée, mais que les mesures sécuritaires ont été renforcées au sein de la société ciblée. « Toutes les entrées et sorties sont soigneusement filtrées en attendant l’arrivée du DG », rassure le responsable de la communication. Gaston Eloundou Essomba, Directeur général de cette structure, qui était à Yaoundé à l’heure de l’explosion, a convoqué une réunion de crise le même vendredi à 16h avec son personnel, dans ses locaux de Bessengué.

Le DG et plusieurs de ses collaborateurs en provenance de la capitale camerounaise, sont arrivés dans l’après-midi à Douala en vue de prendre des mesures draconiennes visant à protéger leurs différents dépôts pétroliers contre les forces du mal. Une mesure administrative du sous-préfet de l’Arrondissement de Douala 1er interdisant des activités commerciales aux alentours de la SCDP est également tombée le même jour. « Tout contrevenant aux dispositions de la présente décision s’expose aux sanctions prévues en la matière par la législation en vigueur », écrit Jean-Marc Ekoa Mbarga, le chef de terre.

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