Galère au Cameroun : La jeunesse est aussi coupable que les vieux

Article : Galère au Cameroun : La jeunesse est aussi coupable que les vieux
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10 février 2015

Galère au Cameroun : La jeunesse est aussi coupable que les vieux

Ce mercredi 11 février 2015, le Cameroun commémore la 49e fête nationale de sa jeunesse sous le thème « Jeunesse et préservation de la paix pour un Cameroun émergent.» Pour beaucoup d’observateurs, cette célébration n’a pas sa place dans un pays où les vrais concernés, déboussolés, perdent le nord.
Des enfants soldats. J’en ai vu jeudi dernier à Bonanjo, à la délégation régionale de la sureté nationale. Plus d’un millier environ. Ils y étaient dans le cadre du recrutement dans l’armée camerounaise. Leur tranche d’âge varie entre 18 et 23 ans, peut-être plus. La majorité d’entre eux est issue des familles extrêmement pauvres. Une jeune fille m’a confié que « de rester à la maison à chercher du travail sans succès, il fallait que je postule. » Elle n’a que 18 ans et veut déjà laisser les bancs de l’école pour se lancer dans la vie active.
Mais son dossier de candidature, pourtant correct, a été rejeté. « J’ai postulé dans la catégorie commissaire. Mais la dame qui a reçu mon dossier a trouvé que j’étais trop jeune pour ce poste. Elle m’a conseillé de retourner à l’école», renchérit-elle, fâchée. Le message a été bien enregistré. Mais la jeune fille s’obstine. Elle compte y revenir l’année prochaine quand elle aura 19 ans. Sa manière de parler et d’articuler les mots m’ont donné la chaire de poule. Une si belle, douce et naïve jeune fille peut-elle faire du mal aux méchants ? En tout cas, on dit souvent que le diable a la face d’un ange.
Des jeunes si vieux
Après leur recrutement, les jeunes officiers devront passer une rude épreuve. Certainement que c’est pendant leur entrainement qu’ils sont formatés au point de devenir sévères, même sans le vouloir. Oh Seigneur, ayez pitié de ces enfants qui ne vont jouir de leur jeunesse le 11 février prochain. J’en fais également parti. En effet, ma jeunesse a été brisée par la plume et bien d’autres mauvaises conditions de vie dans mon propre pays. Ce qui veut simplement dire que je suis un soldat d’un autre genre. Mon domaine m’a mainte fois rapproché de mes confrères de la rue. Ici, tout le monde, pour mieux régner, doit être « ndon nga » ou « boy ».
Les sans domiciles fixes qui inondent les coins de Douala ont perdu le goût de la vie. Et comment pourront-ils célébrer une fête organisée en leur honneur quand ils n’ont rien à se mettre sous la dent ? Le gouvernement Biya doit faire gaffe. Ces jeunes, ivres de galère, peuvent se venger à tout moment. Une petite anecdote : un vendredi, après un séjour à l’Institut français de Douala (IFC), un voyou…je voulais dire, un SDF m’a poliment interrompu juste en face du centre culturel : « grand-frère, j’ai faim. Trouvez-moi-même kolo.» Hein, c’est quoi encore kolo ? « C’est 1000 FCFA.» Massa, est-ce que j’avais le choix, j’ai vite vidé mes poches, tellement le gars devenait de plus en plus exigeant et sévère. Il m’a même menacé avec une lame, c’était juste une parenthèse.
Pour quel résultat ?
Je me souviens encore de cette policière qui s’est gratuitement fait tabasser par un colonel l’année dernière ou encore de cette bagarre générale entre militaires et gardiens de prison à New-Bell, à un jet de pierre de la prison centrale de Douala. Je crois d’autre part que l’armée camerounaise sera en danger avec ces nouveaux officiers. Surtout si ces derniers ne sont pas bien outillés. Si ceux qui sont censés montrer le bon exemple roulent en rangs dispersés, que peut-on attendre de la nouvelle génération ? Elle épousera forcément les sales caractères de leurs pairs.
Pareil dans tous les autres domaines. Dans ce pays que j’aime beaucoup, il y a un rapace qui pioche les mauvais gestionnaires des finances publiques. L’épervier, c’est son nom. Il a déjà fait de nombreuses victimes depuis qu’il est sorti de sa cage de la présidence de la République. Au niveau du Tribunal criminel spécial (Tcs), les dossiers sont entassés comme des bouquins dans des librairies. En clair, tous les vieux de notre République sont dans le lot. Un petit kongossa (commérage) : on dit que le gouvernement en taule, capturé par l’épervier, manque de président. Et pourtant, le premier ministre y est déjà.
Osons donc !
C’est ce mardi soir que le président Paul Biya va s’adresser à sa jeunesse. Comme à l’accoutumée, c’est aux environs de 20 heures qu’il prendra le microphone pour le faire. De toutes les façons, il ne dira rien de nouveau. Les 26 lettres de l’alphabet français seront toujours manipulées de la meilleure de manière pour prouver son intelligence. Sinon, j’aime l’entendre dire : « Il faut oser ». Pauvres jeunes camerounais, arrêtez de vous enivrer avec des stupéfiants, paresse, alcool,…et laissons le gouvernement tranquille avec son échec. Prenons nos responsabilités, il y a de la place pour tout le monde et dans tous les secteurs d’activité.

 

Didier Ndengue

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