Trafic d’enfants: Les sales besognes du Minas

Article : Trafic d’enfants: Les sales besognes du Minas
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7 novembre 2014

Trafic d’enfants: Les sales besognes du Minas

Dans un  documentaire projeté Samedi dernier à Douala, le Collectif SOS Enfants Volés pointe un doigt accusateur sur le ministère des Affaires sociales.

Le cas le plus flagrant et le plus vieux de ses dossiers est celui de Josépha Kileba. Il y a 17 ans, elle souffrait de Tuberculose. Mère d’un garçon de deux ans et d’une fille de cinq jours, elle place ses enfants au centre d’accueil des enfants en détresse d’Obobogo sous le conseil et la procuration verbale de la responsable régionale des affaires sociales de la région du Centre. Au début, dame Kileba rend visite à ses deux enfants sans problèmes. Mais plus tard, il lui est interdit de revoir ces derniers. Les agents du ministère des Affaires sociales (Minas) avaient déjà trouvé une autre famille aux deux enfants de la malheureuse Josépha Kileba. Le 23 mai 2013, le conseil de Cameroon Ô Bosso, une organisation de la société civile, se saisit du dossier et sert une lettre au Minas « pour retrouvailles des deux enfants de Mme Kileba et solution institutionnelle légale ». On se souvient que la patronne du département ministériel de l’époque était le Docteur Marie Madeleine Fouda. Et le collectif constitué pour la cause pense que les deux gamins ont été donnés à leurs familles d’accueil contre une forte somme d’argent qui, sans doute, est tombée dans les caisses du Minas. La principale raison qui laisse conclure cette thèse du Collectif SOS Enfants Volés est que « les enfants sont curieusement volés dans des institutions contrôlées par l’Etat et aucune mesure n’est prise pour stopper la montée en puissance du phénomène », explique Georges Ekona, Coordonateur de l’organisation. A contrario, on tente de banaliser la tragédie. Seulement en 2014 qui s’achève, trois cas de vol d’enfants ont été signalés à Douala, une dizaine à Yaoundé et trois autres au Sud-ouest du pays. Il s’agit là uniquement des cas sur lesquels le collectif s’est donné pour mission de traiter jusqu’à ce que lumière soit faite. Mais l’idéal serait que les enfants soient restitués à leurs familles d’origine.

Certains parents victimes craignent encore de se signaler. Entre temps, l’affaire opposant dame Kileba Josépha à l’Etat du Cameroun se poursuit dans les tribunaux. Et Catherine Bakang Mbock qui a hérité de ce département ministériel est dans des sals draps. Car le Collectif SOS Enfants Volés ne compte pas s’arrêter en si bon chemin avant avoir vu leurs efforts se concrétisés. Dans très peu de temps, l’organisation va étendre ses enquêtes dans les dix régions du Cameroun, question de traquer tous les trafiquants d’enfants.

Enfants volés au Cameroun : Un scandale d’Etat

Le documentaire, d’une durée de 27 minutes 24 secondes, passe en revue le vécu quotidien des familles victimes de vols d’enfants au Cameroun. Dans cette réalisation du Collectif SOS Enfants Volés, organisation constituée de 16 associations de la société civile, 05 avocats, 04 médecins, leaders politiques, leaders d’opinion et autres acteurs, il ressort que le trafic d’enfants dans les hôpitaux, les quartiers et les institutions contrôlées par l’Etat se port bien. « Ces atteintes à l’intégrité physique et morale de la personne humaine et de l’enfant en particulier se multiplient et tendent à se banaliser, dans une quasi –indifférence générale », constate le collectif. Dans le film qui a été projeté le week-end dernier dans la capitale économique, interviennent tour à tour plusieurs personnalités y compris Mgr Samuel Kleda, Shanda Tomne, Maître Meli, Kah Walla, Sam Baka et beaucoup d’autres. Tous condamnent la croissance de ce phénomène à la briqueterie à Yaoundé, Beedi à Douala, etc. « Le trafic d’enfants en cours dans notre pays est un crime contre l’humanité. Celui-ci remet en cause le caractère sacré de la vie de façon générale de la société. Dans ce contexte, l’enfant et la mère sont des couches fragiles et vulnérables donc la protection devrait être le minimum garantie par notre société », interpelle le Collectif SOS Enfants Volés.

Didier Ndengue  

La projection du documentaire interdite

Les quelques 250 invités attendus par le « Collectif SOS Enfants Volés » au restaurant la chaumière à Bonapriso, samedi 1er novembre, dans le cadre de la projection du documentaire « Enfants volés au Cameroun : Un scandale d’Etat », ont été contraints, une fois arrivés sur le lieu où l’événement devait se tenir à 16 heures, de se rendre plus tôt au siège de l’Ong Cameroon Ô Bosso à Bali, pour suivre le film. Le Préfet du département du Wouri, Paul Naseri Béa, accompagné de cinq commissaires, deux gendarmes et une trentaine d’hommes en tenue, informe-t-on, se sont opposés à la projection du documentaire qui expose les lacunes du gouvernement face au trafic des enfants camerounais en quadrillant le lieu de la projection. Le motif de ce refus de l’autorité administrative est que « le Collectif SOS Enfants Volés n’a eu aucune autorisation pour la projection de son  documentaire », explique Edith Kah Walla, leader du Cameroon People’s Party (CPP) et membre de la coalition. Au finish, la projection du documentaire a eu lieu en plein air à Bali, sur la grande véranda de l’immeuble abritant les services de Cameroon Ô Bosso en présence des familles victimes de vol d’enfants, des représentants des partis politiques et de la société civile. Invités, le Gouverneur, le Préfet et le ministère des Affaires sociales (Minas) n’ont pas honoré à l’invitation du collectif.

DN

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