Le péché capital commis à Bamenda

Article : Le péché capital commis à Bamenda
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13 décembre 2016

Le péché capital commis à Bamenda

Les manifestants ont poussé le pion un peu trop loin en brûlant le drapeau national pour hisser quelque chose dont on ignore les origines. C’est inacceptable !

J’ai compris leurs revendications. Et je crois qu’elles sont fondées. Chaque citoyen doit se sentir libre de réclamer ce qui lui revient de droit, sans être intimidé ou brutalisé. Et mes frères anglophones l’ont fait, même s’ils sont en train d’être châtiés. Les avocats et les enseignants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont montés au créneau pour décrier le déséquilibre qui existe dans leurs secteurs d’activité respectifs. Il fallait le faire tôt ou tard.

Ils incendient le vert-rouge-jaune national(Source Facebook_Thierry Mbepgue)

De nature, les anglophones ne sont pas du genre à se laisser corrompre facilement. Le premier ministre Philémon Yang a confirmé le code. Après deux jours de dialogue avec les leaders syndicaux, dans la capitale régionale du Nord-Ouest, le chef du gouvernement est rentré bredouille à Yaoundé dimanche 27 novembre 2016. Il a manqué de mots pour convaincre les manifestants déchaînés. En toute honnêteté, j’aime la détermination avec laquelle les leaders anglophones entreprennent les choses. Ils ne font pas la danse « bafia » (un pas en avant, deux pas en arrière), comme nos leaders syndicaux francophones. Ici, il suffit juste de quelques billets de banque pour diviser les « syndicalistes ». Et ça réussi à tous les coups. L’augmentation du prix du gaz domestique, des denrées alimentaires, du carburant à la pompe, des courses de taxi, n’aurait pas lieu si on avait de vrais leaders syndicaux francophones, qui défendent l’intérêt général et non leurs ventres.

« Ça brûle à Bamenda »

Les anglophones nous donnent, sur ce point, une belle leçon depuis le mois dernier. Seulement, je crois qu’il y a beaucoup de choses à rectifier dans leur mouvement. Leurs multiples revendications perdent tout leur sens avec les esprits de division (et non de construction) qui se sont invités dans les rangs.

Pourquoi brûler le drapeau national ?

Les revendications allaient bon train. J’ai même vu beaucoup de francophones soutenir les anglophones à distance. Pour limiter les dégâts, le gouvernement camerounais, de son côté, a laissé les portes des négociations grandement ouvertes, malgré plusieurs échecs. Depuis le début de ces manifs, toute la machine gouvernementale est au four et au moulin pour calmer les tensions, même si on a l’impression que le chef de l’État se fout un tout p’tit peu de leur gueule. Lui, qui a passé un bon moment en mode selfie, tout récemment, avec nos braves Lionnes Indomptables au Palais de l’Unité.

Ils remplacent le vert-rouge-jaune national par un drapeau d’origine inconnue (Source_ Page Facebook_Thierry Mbepgue)

Au moment où les posters du grand-père « androïd » avec les Lionnes inondaient la toile, ses détracteurs fouillaient dans leurs poubelles (archives) et balançaient les photos les plus choquantes sur les réseaux sociaux, pour faire croire à la communauté nationale et internationale qu’elles avaient été prises dans la zone anglophone. Faux ! On vous connaît déjà. Je refuse de croire que toutes ses images de morts et de blessés provenaient du Sud-Ouest ou du Nord-Ouest. Mais tout le monde a vu comment certaines personnes ont brûlé et marché sur le drapeau vert, rouge, jaune (avec une étoile jaune dorée sur la bande rouge) de notre cher Cameroun. Le berceau de nos ancêtres. Notre symbole. J’ai mal. Très mal. Je trouve cela insultant et inacceptable. Je ne suis pas le seul à le penser hein !!! Cette barbarie a également été condamnée à l’unanimité par les leaders politiques et d’organisations civiles.

J’ai également appris que le prince d’Etoudi, après ses séances de selfie, est aussi très fâché. Pas seulement contre les gens qui ont brûlé le drapeau national, mais aussi contre les petits monstres qui ont organisé des meetings pêle-mêle à Bamenda. Les services secrets camerounais seraient déjà à pied d’œuvre pour traquer ces rebelles que certains assimilent aux terroristes de Boko Haram. « Ceux qui désinforment l’opinion ne seront pas épargnés », selon le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary. Heureusement, les membres du Collectif des blogueurs camerounais sont assez outillés pour ne pas se jeter dans la gueule du lion.

 

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