Gosses, nous étions joyeux et (in)divisibles

Article : Gosses, nous étions joyeux et (in)divisibles
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1 juillet 2016

Gosses, nous étions joyeux et (in)divisibles

Quelques souvenirs de mes plus beaux moments d’enfance.  

Nous étions insouciants. Des ados qui se prenaient pour les maîtres du monde. Des supers héros. Des gosses portant régulièrement des maillots démembrés de couleur orange. Qui formaient une équipe de football surnommée Energy du Foot, en hommage à Energy Club, le centre de remise en forme du père de Marc. Nous rêvions de devenir des stars. D’être comme Ronaldo ou Rivaldo. Des légendes du football brésilien. A qui nous voulions ressembler.

Enfant jouant au football
Crédit : Yogendra / Pexels

Un sourire, des pleurs, des injures, des coups de poing, le partage, le refus, et enfin la réconciliation. On était habitués à ce rythme de vie qui faisait de notre quotidien un paradis. Dans notre équipe, on avait des joueurs qui aimaient marquer des buts avec la dernière sortie de Jordan. Yannick, lui aimait les godasses Nike. On s’affectionnait mutuellement. Tous de la même génération. Mais on ne partageait pas tous les mêmes toits. Encore moins les mêmes parents. Le plus âgé de notre bande devait avoir maxi 11 ans. Nos parents étaient sévères. D’autres faisaient semblant de l’être. Grandir ensemble, évoluer ensemble, étaient nos plus grands vœux. Cynthia et les autres belles filles du quartier devaient être nos futures épouses.

Jamais on n’avait rêvé du pire. On n’avait jamais pensé qu’on pouvait se séparer un jour. Jusqu’au moment où les malheurs se sont invités à notre table. Des deuils pêle-mêle. Des divorces. Des séparations. Le rêve de vivre éternellement ensemble s’éloignait progressivement. Cynthia, Mimitou, et Junior ont disparu. Ils sont allés vivre dans une autre ville. Ce qui représentait déjà un vide dans notre quotidien. Bien après, Chek et Hugo ont suivi le mauvais exemple. Loïc et sa sœur Marcelle devenaient de plus en plus invisibles. Frank, le fils aîné des Binam et ses frères, se sont également sentis pousser des ailes. Et moi alors ? Une sale maladie est venue emporter maman, nous obligeant à changer de paysage.

Jeune jouant au football
Crédit : RF._.studio / Pexels

Tout a basculé comme si le diable avait rendez-vous avec chacun de nous en cette période précise. Voilà que certains sont allés habiter ailleurs. Dans des quartiers très lointains. D’autres ont changé de villes, de pays, d’identité et peut-être même de planète. J’apprends seulement le décès de certains à travers les réseaux sociaux. Oh ! Seigneur qu’est ce que la vie ? Et nos rêves, que sont-ils devenus ?

Mon envie de remonter le temps

Mes orteils posés sur les pavés de mon vieux quartier ce 1er juillet, je contemple les belles maisons qui sont sorties de terre depuis notre départ. De nouvelles personnes occupent ce coin chic, devenu morose. Aucun gosse ne pousse un ballon ou des billes. Ce qui n’était pas possible à notre époque. On cassait la tête aux voisins avec nos cris de joie. Parfois avec nos pleurs à tort et à travers. Mais il y avait toujours quelqu’un qui perdait son souffle en tentant de nous raisonner : « Taisez-vous ! Vous vous croyez où ? Obéissez sinon je vous chasse ! ». On ne gérait pas ces genres d’humeur. Ça nous faisait même du bien de savoir qu’on embêtait. Une façon d’embellir notre quotidien. En plus, on ne craignait rien, avec des parents toujours prêts à nous secourir.

Homme pensif devant la mer
Crédit : Lukas_Rychvalsky / Pixabay

J’aime revenir ici pendant mes heures perdues. J’aime parler de mon enfance dans ce secteur qui a fait mon bonheur. Un bonheur qui ne me quittera plus jamais. Je rêve de remonter le temps. Mais je ne souhaite plus revenir rester dans ce quartier, tout seul, sans mes potes d’enfance. Aujourd’hui, de façon naïve, je contemple le monde. Si rose. Si noir. Je regarde le ciel. Il est si bleu. Mais devient souvent sombre. Il pleut. Nos larmes se noient dans les inondations. Il parait que certains vieux potes sont déjà papas. Heureusement qu’aucun de leurs gosses ne s’est noyé dans ces eaux polluées de nos métropoles. Dans mes billets, je repense à tout. Au jardin, au ballon, au football, au basketball, aux championnats de vacances,… A Marcelle, à Loïc, à Yannick, à Anaïs, à Diane, à Joe, à Marc, à Stéphane, à Mira, à Carole, à Baudouin, ou encore à Mignonne, partie très tôt tout récemment, à Petite, ma sœur chérie, etc. Vous êtes si nombreux. Je ne cesserai de vous porter dans mon cœur, de vous aimer, même si je fais d’autres merveilleuses rencontres. Que Dieu vous bénisses les ami(e)s !!!

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