Botter «pacifiquement» nos vieillards en touche et gouverner

Article : Botter «pacifiquement» nos vieillards en touche et gouverner
Crédit:
9 février 2016

Botter «pacifiquement» nos vieillards en touche et gouverner

Le 11 février 2016, nous célébrons le cinquantenaire de la fête de la jeunesse camerounaise. Celle-ci ignore ses vraies batailles, car prise en otage par des vieux capricieux.

 
Ne vous fiez jamais aux manifestations qu’on organise de gauche à droite en faveur des jeunes dans mon pays. C’est le bluff. Ce qui importe à ceux qui initient de pareils concepts, c’est le fric. Rien que le fric. Et rien d’autre. Excuse-moi, mais mon billet ne se veut pas comique. Car l’heure est à la réflexion au Cameroun. Mes doigts tremblent au moment où je frappe le clavier de mon vieux lap top. Mais rassure-toi, il n’est pas aussi vieux que les mandats de mon président. De notre président, devrais-je dire. Suis mon regard…
Oui, j’imagine pourquoi mes doigts tremblent sur les touches de ma machine. C’est parce qu’elles ont une folle envie d’écrire des choses vraies et d’être écoutés par la jeunesse camerounaise qui s’apprête à souffler sur sa 50e bougie. Mince ! Déjà 50 ans et elle se croit toujours incapable de frapper du point sur la table pour réclamer ce qui est à elle.

 

Une petite histoire
Hier soir, Fabrice, un grand-frère tenté par l’immigration clandestine, m’apprend que l’un de ses amis du ghetto est déjà au Maroc. Qu’il y est en aventure. Il est allé « chercher la vie », avec 500 000 FCFA qu’il a économisés. Le jeune homme en question a plus de 30 ans. Il ne supportait plus de rester dans un pays qui ne lui garantit aucun avenir sérieux. Ce garçon, je vous assure, passait ses journées à fumer le chanvre comme les successeurs de Bob Marley. Pardon, je voulais dire comme certains « fils » de la légende du reggae mondial. C’est le système, me rappelait-il tout le temps, qui l’avait obligé à mener ce style de vie. Ce système a brisé tous ses rêves. Le rendant zéro dans son propre pays. Ailleurs, il se voit déjà héros. Pauvre garçon, il croit qu’il va tout droit au paradis rencontrer Dieu. Après le Maroc où il se trouve actuellement, il compte bondir en Espagne par la voie d’un zodiac. L’Europe est son eldorado.

Je lui souhaite seulement bon vent. Pas le vent violent qui souffle régulièrement en mer pendant la traversée.
D’autre part, il est grand temps que nous prenions conscience. Une vraie réflexion doit être poussée par les jeunes camerounais eux-mêmes sur les maux qui les minent pour ne pas perdre leur pays qu’ils auraient abandonné aux étrangers. Quand même les gars, si l’Europe que certains convoitent aujourd’hui avait été abandonnée par ses enfants, serait-elle aussi bien construite, belle et prisée ? Arrêtons d’être la main d’œuvre ailleurs et devenons des vrais patrons dans notre propre pays. Les jeunes qui ont déjà été enroulés par le régime en place, ne sont pas concernés par ce billet, ni ceux qui ont accepté d’être corrompus ou qui sont carrément sous l’emprise de nos bourreaux.

 

Un sommet pour les jeunes

Il faut qu’un sommet sur l’avenir de la jeunesse camerounaise soit organisé dans les prochains mois au Cameroun et non ailleurs. C’est très urgent. Parce qu’il est important de limiter les dégâts que causent nos maux. Au cours de ces assises, il faut que les jeunes camerounais prennent des résolutions fermes qui permettront de pousser les vieux qui les gouvernent, à prendre leur retraite immédiatement. A céder leurs fauteuils en quelque sorte pour jouer le rôle de conseillers si possible.
Nos vieux, ce n’est plus un secret, ne rêvent plus. Ils ne voient plus grand. Ils ont déjà gravi tous les échelons de la vie et seule la mort pour rejoindre l’enfer ou le paradis est leur unique porte de sortie. Il faut donc les aider à lâcher le pouvoir. En quoi faisant ? Eh bien, en les désobéissant simplement. En réalité, quand on atteint un certain âge, on a des crises de mémoire et nos projets ne peuvent plus émerger parce qu’on ne rêve plus. On ne peut que stagner surplace. Nos vieux nous imposent leurs visions de vieillards. Comme les pépés qui n’ont plus de force, mais qui veulent aller au bal des jeunes. Et tu conviens avec moi que rien ne fonctionne normalement dans notre pays. Tout tourne en leur faveur. Ils ont même hâte de nous voir marcher avec la tête. Tout simplement parce qu’ils ont mystifié le fonctionnement de la République. Ils ont besoin d’une maison de retraite.

 
Le Cameroun des jeunes conscients

Plusieurs « lâches » osent même croire qu’on est obligé de faire avec. Non ! Mais ils ne constatent pas que les parpaings avec lesquels ils construisent leurs châteaux sont faits pas les jeunes ? Les routes, même si elles sont mal réaménagées, sont également l’œuvre des jeunes ? Les soldats qui gardent le palais présidentiel sont également des jeunes. Leurs chauffeurs, leurs cuisiniers, leurs gardes du corps, les soldats au front,…sont aussi  jeunes comme toi et moi. Et ils en ont aussi marre. Et comment certains peuvent oser croire qu’on ne peut pas arracher le pouvoir entre les mains de ces pépés? Pacifiquement bien évidemment.

S’ils n’avaient pas des médecins efficaces, ils marcheraient tous avec des cannes. S’il est vrai qu’ils sont dans des réseaux extrêmement puissants, je crois aussi qu’avec foi et détermination, la jeunesse peut les faire tomber, sans même les toucher, ni même les violenter. Comment ? C’est très simple : en refusant d’être distraire par l’actualité qui tourne autour de leurs grosses têtes; en refusant de jeter nos miettes « pièces de monnaie » dans les salles de jeux qu’ils ouvrent de façon directe ou indirecte dans nos quartiers ; en refusant de s’enivrer pêle-mêle avec l’alcool parce qu’on a cherché le boulot en vain ; en refusant de se faire duper par ceux qui nous laissent croire que le bonheur est ailleurs, etc.
Si réellement le bonheur se trouve ailleurs, pourquoi sommes-nous alors nés ici au Cameroun ? Notre paradis, c’est ce pays. Sachons juste prendre des résolutions. Nos vieux jouent des prolongations. Ils savent tous qu’ils sont à la fin de leur cycle de vie. Je comprends qu’ils s’accrochent au pouvoir parce qu’ils ont travaillé dur pour y être. Cela leur a valu beaucoup de sacrifices.

Mais chaque chose a un début et une fin. Et il est temps que notre jeunesse mette fin à ses doutes. Elle doit s’exprimer. Pas dans la rue, en cassant les édifices publics, mais en travaillant avec sourire, foi, persévérance, détermination, …On essayera de nous étouffer, mais la victoire nous reviendra dans tous les domaines d’activité. La jeunesse peut refaire les textes d’un Cameroun nouveau. Bonne fête de la jeunesse et à la prochaine.

Didier Ndengue

Étiquettes
Partagez

Commentaires