Dans les toilettes des rails

Article : Dans les toilettes des rails
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19 janvier 2016

Dans les toilettes des rails

J’y suis allé samedi pour ma toute première fois, et je ne compte plus y retourner.

Au moment où je rédige ce billet, je suis un pigeon voyageur déçu. Samedi 16 janvier 2016, je venais de prendre part à la réunion annuelle du journal qui m’emploie, à Yaoundé. Theo, mon boss, me propose de regagner Douala, ma ville natale, par train. Il trouve ce moyen de transport fiable et sécurisant. En réalité, mon patron tient beaucoup à moi et ne supporterait pas que j’ai ne serait-ce qu’une égratignure durant mon trajet. Il tente, en personne, de me mettre dans le taxi pour la gare. Mais aucun taxi, curieusement, ne va dans cette direction ce samedi. C’est un très mauvais signe, mais mon boss ne perd pas espoir.

Après avoir stoppé plusieurs taxis en vain, il me propose subitement une deuxième option pour regagner Douala : aller à Mvan puis emprunter le bus pour la capitale économique. L’idée est bonne. En plus, je ne me vois pas dormir ici, à Yaoundé, ce week-end. Quelques secondes plus tard, voici un joli taxi garé devant moi. Mon boss : « Gare voyageurs, une place ». Quoi ?! Je croyais que vous vouliez que j’aille à Mvan ? Mais ce n’est pas grave. En plus, ce taxi, contrairement aux précédents, va à la gare voyageurs. Ouf ! Me voici donc séparé de Theo.

 

Train en retard
Il est 19h et je sais d’office, selon le programme d’Intercity de Camrail, que le dernier train en direction de Douala quitte la capitale politique camerounaise à 19h20. A la gare, au moment d’acheter mon ticket, la caissière m’informe que le train accuse un retard. Au lieu de 19h20, il partira à 20h40. Ce n’est pas très grave. Cela me donne aussi le temps de manger quelque chose : un bon poisson, chez l’une des « braiseuses » installées dans le coin. « Madame, servez-moi la plus grosse tête de poisson. C’est combien d’abord ? » Elle de me répondre : « c’est 1000 FCFA monsieur, avec le complément ». Moi : « Très bien. Mais vous avez la monnaie ? Parce que je n’ai que 5000 FCFA ». La braiseuse : « Ce n’est pas grave, je vais fouiller ». Assis, j’attends qu’elle me serve car la famine me ronge depuis le matin. Massa (comme pour dire « monsieur » dans un langage camerounais), depuis le matin ?

La dame du poisson me trouve un peu stressé. Elle se fait une idée. « Si vous êtes un passager de Douala, je sais que votre train sera en retard », me lance-t-elle. « Vous êtes aussi au courant ? Ok. Mais n’oubliez pas de doser le piment sur le poisson s’il vous plaît ! ». Son piment contient trop d’épices. Ce n’est pas bon. Je n’aime pas. Mais je mange quand même le poisson, même s’il n’est pas à la hauteur de ceux que proposent généralement les braiseuses de Douala.

Toilettes payantes

Il est presque 20h10. Il y a longtemps que j’ai fini de dévorer, malgré moi, l’énorme tête de poisson. A présent, je cherche les toilettes de la gare. Un agent de sécurité m’indique le lieu où elles se trouvent. « Allez tout droit et virez à gauche ». « Merci monsieur ! » A l’entrée des toilettes, je croise un jeune homme très poli, tenant un format blanc et un stylo entre les mains. « Vous avez besoin d’un papier hygiénique ? » « Non, je vais juste faire pipi ».
Après avoir vidé ma vessie, en voulant regagner la salle d’attente de la gare, le jeune homme me dit : « Cela fait 100 FCFA monsieur». Hum ! Donc un tour aux toilettes d’InterCity vaut 100 FCFA par passager ? Je l’ignorais. Les compagnies de transport aérien devraient s’inspirer de Camrail. Mais puisque les passagers seront dans les airs, ils devront débourser plus de 100 FCFA. Je propose 1000 FCFA par exemple pour les gens minces comme moi et 10 000 pour les grosses personnes comme quelqu’un que je connais. En plus, les toilettes de la Gare voyageurs ont un parfum agréablement « pipi ».

Didier Ndengue

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