Ebola: ennemi public numéro un

Article : Ebola: ennemi public numéro un
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7 octobre 2014

Ebola: ennemi public numéro un

Photo Ebola

1-Des chiffres qui font peur
Le 22 septembre dernier, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) est montée au créneau pour dresser le bilan des six mois de règne du virus Ebola. Il en ressort que le nombre cumulé de cas et de décès officiellement notifiés à l’Oms, entre le 23 mars et le 22 septembre 2014, s’élève a 5843 cas dont 2 803 décès. A ce jour, 337 agents de santé sont infectés du virus, et au moins 181 parmi eux sont décédés. Le Liberia vient en pôle position avec 113 nouveaux cas détectés sur une période de 24 heures. Ce pays, très pauvre en infrastructures sanitaires pour prendre en charge les malades d’Ebola, ne cesse d’enregistrer de nouveaux décès chaque jour. L’Oms n’a pas le chiffre exact des morts survenus dans le bidonville de West Point, à Monrovia. Notoirement pauvres, sales et surpeuplés, les victimes d’ici sont simplement jetées dans les cours d’eau. Le seul hôpital universitaire de recours, John. F. Kennedy Medical Center à Monrovia, n’y peut rien, car mal équipé. Au Nigeria, le gouvernement, pour freiner la montée en puissance de la fièvre hémorragique, a construit deux nouveaux centres spécialisés pour son traitement à Lagos et à Port Harcourt. L’Oms rapporte que 15 cas ont été confirmés à Lagos, 4 à Port Harcourt, pour 7 décès au total. Le 29 août, le Sénégal a connu son premier cas d’Ebola, aussitôt maitrisé grâce à l’expertise locale. La RDC expérimente le fléau pour sa septième fois. L’épidémie apparait pour la première fois en 1976 dans une zone jouxtant la rivière Ebola au Zaïre. Selon l’Oms, la cause de la flambée est classique, en l’occurrence la manipulation du gibier infecté. « Il ne s’agit pas seulement d’une flambée épidémique. Il ne s’agit pas seulement d’une crise de santé publique. C’est aussi une crise sociale, une crise humanitaire, une crise politique, une crise économique, représentant une menace pour la sécurité nationale bien au-delà des zones d’épidémie », indiquait Dr Margaret Chan, directeur général de l’Oms, le 18 septembre 2014 à la réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies sur la paix et la sécurité en Afrique.

2-Mobilisation tous azimuts
A la faveur de la tenue de la 69e Assemblée générale de l’Onu, la communauté internationale est au front depuis la fin de la semaine dernière. Des contingents d’experts et spécialistes de la maladie prêtent désormais main forte aux pays touchés. On signale un contingent cubain de 165 médecins et autres personnels de santé sur le sol sierra-léonais. Barack Obama, président américain, a promis, du haut de la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière d’envoyer en Afrique de l’Ouest 3000 militaires et des spécialistes des maladies infectieuses. UNMEER, mission des Nations unies destinée à coordonner la réponse au virus, a par ailleurs annoncé le début de ses activités sur le terrain. Ernest Koroma et Ellen Johnson Sirleaf n’étaient pas à l’Onu. Respectivement présidents sierra-léonais et libérien, les deux dirigeants, ont préféré rester dans leurs pays respectifs pour faire face au fléau. Ils sont intervenus devant leurs homologues par vidéoconférence pour décrire la situation qui prévaut sur le terrain. « Nous affrontons peut-être le plus grand des défis et nous ne pouvons pas nous permettre d’envisager le scenario le plus noir dans lequel plus de 100.000 de nos concitoyens innocents mourront, a déclaré Ellen Johnson Sirleaf. Avec votre aide, nous sommes prêts à surmonter cette nouvelle épreuve. ». Et Barack Obama de réconforter: « Nous ne pouvons pas agir seuls, nous n’avons pas la capacité de tout faire nous-mêmes. A mes homologues de Sierra Leone, du Liberia et de Guinée, aux peuples de l’Afrique de l’Ouest, aux agences de santé qui travaillent héroïquement sur le terrain pendant que nous discutons, je veux dire: vous n’êtes pas seuls ». Depuis le week-end dernier, des équipes de la mission UNMEER, dirigées par Antony Banbury, ont installé leur quartier général à Accra, au Ghana. « La mission des Nations unies UNMEER s’est déjà procurée deux millions d’équipements de protection. On envoie 470 véhicules tout-terrain dans la région. On a déjà cinq hélicoptères qui se rendent sur place et on pourrait atteindre les 18. On envoie des avions dans la région. Nous sommes déjà présents dans les quatre villes les plus touchées et Accra accueillera le quartier général. UNMEER est déjà présente à Monrovia, en Sierra Leone et en Guinée. Une présence minimale pour l’instant, mais qui va s’accroitre très vite. Le QG va se déployer de New York à Accra ce dimanche… Et nous serons à Monrovia mercredi, à Freetown vendredi et Conakry le dimanche suivant. On avance le plus vite possible pour mettre en place cette stratégie », a expliqué l’Onu. Ban Kimoon, son Secrétaire général, a lancé un appel: « Le monde peut et doit arrêter Ebola. Maintenant! » Margareth Chan, la directrice générale de l’Oms a également réagi jeudi dernier lors d’une réunion de haut niveau sur Ebola. Allant dans le même sens que le Sg de l’Onu, elle a rappelé qu’il y a urgence à agir contre l’ennemi. De nombreux vaccins expérimentaux contre le virus d’Ebola pourraient être disponibles début 2015. A en croire des sources onusiennes, un milliard de dollars serait nécessaire pour lutter efficacement contre le virus. La Banque mondiale a promis de fournir 400 millions de dollars.

Didier Ndengue

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