Non, les Marocains ne sont pas racistes

Article : Non, les Marocains ne sont pas racistes
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25 octobre 2016

Non, les Marocains ne sont pas racistes

Dans les rues de Casablanca, le métissage laisse croire qu’on est en paix avec toutes les races qui vivent au Royaume. Sourire aux lèvres, les magrébins abordent les passants en Arabe, en Français décalé ou en Anglais. La capitale économique marocaine m’a ouvert les bras. Moi le Noir !

Terre d’accueil, terre d’hospitalité. Je ne le croyais pas. Mais aujourd’hui, après plus de 72 heures passées dans le royaume Chérifien, je peux affirmer, sans peur de me tromper que le Maroc l’est. La convivialité débute à l’ambassade du Maroc à Yaoundé, où on me délivre le visa en quelques heures seulement. Ensuite, c’est dans l’avion de Royal Air Maroc (Ram) que je découvre de charmants stewards. Le sourire ne les quitte pas jusqu’à notre atterrissage à l’aéroport Mohammed V-Terminal 2 à Casablanca en provenance de l’aéroport International de Douala. Seulement, pendant le trajet, il y a deux types assis à ma gauche. Ils n’ont pas l’air de trop aimer ma tête. Et pourtant, ils sont très serviables. « Vous prenez quoi ? L’eau ou le jus », me demande l’un des deux pendant le vol, parce que le serveur est un peu éloigné de moi. En réalité, je me plains parce qu’ils ne m’ont pas adressé la parole durant le vol. J’ai quand même des fausses plaintes hein ! L’avion de Royal Air Maroc dans lequel je me trouve, atterrit à l’aéroport Mohammed V-Terminal 2 autour de 11h, après plus de 5 heures de vol. J’ai laissé mon village Douala, pour un court séjour de travail au Maroc. J’en suis déjà à ma troisième journée. Et je maîtrise déjà presque tous les coins et recoins de mon quartier de résidence à Casablanca, la capitale économique marocaine. Mais ne comptez pas sur moi pour vous servir de guide hein !

A Casa
A Casa

Une jeunesse hospitalière

Le chauffeur que l’hôtel cinq étoiles où on m’a réservé une chambre, a désigné pour venir me chercher à l’aéroport, brandit mon nom sur une feuille blanche à la sortie de la salle d’embarquement et de débarquement de Mohammed V. Le type en question s’appelle Mohammed. Il porte le nom de l’aéroport. Drôle de coïncidence ! « C’est bien vous monsieur Kengbae Ndengue Dider ? ». « Oui ! Sauf que vous avez oublié de mettre un ‘’i’’ sur Dider pour obtenir Didier ». Bah, ce n’est pas grave. Vous avez quand même essayé. Mohammed lance un sourire, avant de me dire : « Attendez-moi ici quelques secondes, je m’en vais chercher la voiture pour vous amener à l’hôtel ». Je souris également avant de répliquer : « Ok, sans souci Mohammed, je suis là, je vous attends ». Il court chercher la voiture qu’il a garée dans le grand parking de l’aéroport. Après près de 15 minutes de route, nous entrons dans le centre ville de Casablanca. Côté beauté, je confirme. Pas de comparaison possible avec notre capitale économique. C’est le jour et la nuit. Ou encore le village et la ville. Nous en avons encore pour plusieurs décennies avant d’atteindre ce niveau de développement. Je ne veux plus trop bavarder là-dessus hein ! Laissez-moi continuer ma route tranquillement. A la réception de l’hôtel, la machine indique qu’une chambre a bien été réservée au nom de Didier Ndengue. « Seulement, elle n’a pas été payée. C’est à votre charge. Ça va vous couter…. » Excusez-moi, mais j’ai oublié le montant exact que le monsieur de la réception a avancé. Je sais seulement qu’il est exagérément costaud. C’est au moins un an de salaire au Cameroun, pour un débrouillard comme moi. En plus, dans mes poches, j’ai seulement quelques billets de 10 000 FCFA qui ne font pas le poids face au Dirham. Me voici donc KO débout après plus de cinq heures de vol.

« S’il vous plaît vous pouvez appeler les gens qui ont fait la réservation pour venir payer? » « Non monsieur, nous n’avons pas de crédit pour cela ». Putain ! Je suis dans la merde ! Je dois rapidement passer un appel téléphonique. Je sors donc pour chercher une cabine pour joindre les gens qui m’ont invité ici. Après avoir traversé le premier carrefour, je tombe directement sur Hissam, un jeune vendeur de carte de recharge Meditel. Malheureusement, je n’ai pas de Dirham sur moi pour m’en procurer une. Il n’y a que quelques FCFA qui nagent dans mes poches. Notre monnaie ne représente absolument rien au Maroc. On n’est même pas au courant de son existence ici. Conséquence : il n’y a aucune banque pour changer ce machin. Mais le jeune magrébin se propose de m’aider jusqu’au bout. Il me donne premièrement une Puce avec du crédit pour appeler ceux qui m’ont invité. Mais personne ne décroche après plusieurs tentatives. Je suis à bout. Mais Hissam ne cesse de me consoler. « Ne t’inquiète pas mon frère, on va trouver une solution. Même si la nuit tombe et que tu n’as pas où dormir, on va gérer », me rassure le marocain, qui me conduit ensuite dans plusieurs coins de change. Mais aucune solution n’est trouvée à mon problème de monnaie. Je suis désespéré, mais le marocain reste optimiste. C’est finalement dans un marché africain de Casablanca que je vais changer 20 000 FCFA contre 250 Dirham, juste pour m’acheter à manger, m’offrir une connexion Internet et du crédit pour quelques jours seulement. Le problème de monnaie a enfin été réglé grâce à mon pote marocain. Il faut à présenter trouver les responsables de l’entreprise qui m’a invité ici.

Mon bureau
Mon bureau

Dans la peau un immigré

Hissam a appelé plusieurs autres jeunes marocains en renfort. Mon problème est subitement devenu le sien. « Je connais la souffrance d’un étranger, parce que moi aussi, j’étais étranger en Italie », me confie Hissam. En Italie, il m’explique qu’il faisait dans le trafic de drogue. « J’ai fui parce que j’étais recherché par la police ». Et pourtant, il n’a pas l’air d’un mauvais garçon. Il ressemble beaucoup plus à un jeune qui rêve de meilleures conditions de vie. Malheureusement, dans tous les pays du monde, il y a les riches et il y a les pauvres. Et le Royaume du Maroc ne déroge pas à cette tradition. Mon ami est du côté des pauvres. Mais il pense que le Cameroun est mieux par rapport à son pays. Non cher ami, si c’était le cas, mes jeunes et grands frères n’auraient pas quitté le pays à pied pour atteindre l’Europe, leur eldorado, via le Maroc. Que personne ne te trompe : « le Cameroun est un pays immensément riche qui a des monstres comme dirigeants ».

Avec Mohammed à Casablanca
Avec Mohammed à Casablanca

Avec d’autres jeunes de Casablanca, nous fouillons le siège de l’entreprise qui m’invite. Après près de 30 minutes de recherche, nous voici enfin devant le siège social de cette structure. L’agent de sécurité de service va aussitôt appeler la responsable de la communication pour lui expliquer mon problème. Celle-ci va décanter la situation en appelant directement l’hôtel. Ouf, je peux maintenant aller déposer ma valise dans ma chambre, non sans prendre le contact de Hissam, que Dieu a placé sur mon chemin. Merci Seigneur !

Dans les rues de Casablanca, j’ai vu des gens se donner la main. Blancs et Noirs. J’ai vu des gens dialoguer comme s’ils étaient tous de la même famille. J’ai vu des filles sourire aux garçons, comme s’ils se connaissaient depuis très longtemps. J’ai vu des jeunes filles habillées décemment, comme si elles étaient toutes mariées. Elles n’ont pas besoin de laisser leurs fesses, dos, nombrils dehors ou porter des collants pour montrer qu’elles ont des formes. J’ai vu des enfants polis dialoguant avec des parents posés. J’ai vu beaucoup d’amour dans leurs yeux. En attendant de retourner dans mon pays où l’anormal est valorisé et le normal bafoué, je savoure encore l’hospitalité des Marocains.

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Commentaires

Elsa
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Tout est bien qui finit bien. Tu es tombé sur quelque un de bien . Toutefois on ne peut pas se baser sur une histoire pour tirer des conclusions définitives. Je pense qu il n y a pas de nation fondamentalement xénophobe au raciste. Dans un pays, on trouve des gens bien et d'autres qui ne le sont pas. Cest la nature humaine.

Didier Ndengue
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Tu as raison Elsa.
Merci d'être passée par ici

Didier Ndengue
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Oui oui, tu as parfaitement raison ma grande Elsa, c'est la nature humaine. Mais il faudrait un jour que tu tombes sur mon pote Marocain là.