En 2018, je châtierai la présidentielle camerounaise en riant

Article : En 2018, je châtierai la présidentielle camerounaise en riant
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20 septembre 2016

En 2018, je châtierai la présidentielle camerounaise en riant

Sous d’autres cieux, il y a des activités pendant au moins deux ans pour préparer les élections municipales ou présidentielles. Ce qui permet aux institutions de sondage de mener à bien leur mission au sein de l’opinion. Chez nous, à moins de deux ans de la prochaine échéance cruciale, on ne sait toujours pas qui va faire quoi ? Qui sera le directeur de campagne de qui ?    Monsieur le candidat sortant, et certainement entrant encore, nous fournira-t-il son bilan des sept dernières années passées à la magistrature suprême comme l’a fait quelqu’un au Gabon ? Il faut même innover hein, messieurs les politiciens !

Toutes les images de l’élection présidentielle de 2011 dans mon pays sont encore fraiches dans ma tête comme l’eau de roche. A l’époque, j’étais encore plus jeune, mais la gestion du pays m’intéressait déjà, même si je ne militais pas dans un parti politique. Jusqu’à présent, aucun d’eux ne m’a encore véritablement séduit. En attendant, je continue à jouer le rôle d’observateur en espérant la naissance d’un organe politique où on aura des leaders intègres, qui ne joueront pas avec les mots pour créer les maux à la longue. Ceux qui se rappellent que les paroles prononcées pendant les meetings sont sacrées. J’aimerai bien bosser avec des hommes politiques qui ne disent pas quelque chose aujourd’hui et son contraire le lendemain quand ils sont déjà passés à la caisse. Quand ils passent même à la caisse, est-ce qu’ils pensent même encore à leurs « amis » des médias ? A chacun son business. Il parait même que beaucoup de journalistes décaissent aussi dans l’obscurité. Que celui qui ignore que ça se passe aussi comme ça sous d’autres cieux, loin des caméras des paparazzis me condamne le premier.

"L'exemple du premier camerounais"
« L’exemple du premier camerounais »

J’étais sur un plateau de radio avec une grosse gueule du Modecna

Au sortir d’un débat radiophonique la semaine passée sur la crise post-électorale au Gabon, Thomas Tayouo, une des grosses gueule du Mouvement démocratique de conscience nationale (Modecna), un parti politique de l’opposition camerounaise m’a recommandé de militer dans un parti politique pour contribuer à l’amélioration de vie de nos concitoyens. Nous en avons longuement parlé. Voici d’ailleurs quelques extraits de notre conversation tenue sur les escaliers de l’immeuble qui abrite la radio Médiafrique dans la cité économique camerounaise:

Thomas Tayouo : M. Ndengue vous êtes le genre de jeune dont le Cameroun a besoin pour son changement. Vous parlez très bien, mais il faut adhérer à un parti politique pour crédibiliser vos propos.

Moi : Jamais je ne pourrais adhérer à un parti politique dans ce pays. Vous les hommes politiques là, vous êtes trop forts. Vous dites quelque chose aujourd’hui et son contraire le lendemain.

Thomas Tayouo : C’est ça la politique ! Ça se passe ainsi même dans les plus grands pays du monde. Tu peux prendre une décision aujourd’hui et demain, ton équipe te propose de retourner la veste. Tu peux par exemple faire des promesses aux populations pour qu’elles te votent, mais après ton élection, tu n’accomplis pas tes promesses tout simplement parce qu’il y a des contraintes. C’est le jeu politique.

Moi : Dans ce cas, pourquoi s’empresser d’ouvrir la bouche et de parler quand on n’est pas sûr de pouvoir réaliser les promesses faites ? L’idéal ne serait-il pas de murir ses idées avant de les vomir ? En tout cas, moi, je ne militerais pas dans un parti où on ne respecte pas les mots, où on ment à tout vent. Je déteste le mensonge et les menteurs….

Je me souviens encore de la présidentielle de 2011

Pendant que nous étions en train de discuter, l’ambiance de la dernière élection présidentielle a refait surface dans ma tête. J’avais parcouru plusieurs bureaux de vote ce jour-là. Mais le centre de vote qui m’a le plus marqué est celui de l’école publique de « Nkongmondo ». Plusieurs observateurs de l’Ong Monde Avenir y étaient aussi. Sur les lieux, des hommes en tenue, lourdement armés, supervisaient l’entrée des bureaux de vote. Mais, ils n’intimidaient pas les scrutateurs. Ils ne souriaient non plus avec eux. Tout semblait bien se dérouler jusqu’au moment où un cri d’un type vint déchirer l’atmosphère. Il provenait de l’extérieur. Celui-ci avait pris un militant du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) la main dans le sac. A l’en croire, le type du plus puissant mouvement politique du pays achetait les consciences des scrutateurs avec quelques miettes (argent). J’ai tendu mes deux « larges » oreilles et écarquillé mes deux « gros » yeux pour mieux comprendre de quoi il en était réellement question.

"Citoyen il faut voter l'homme de la situation"
« Citoyen il faut voter l’homme de la situation »

« Il dit que le type que vous voyez là-bas  partage les sous aux personnes qui votent pour son candidat. Qu’il est venu pour se rassurer que ces dernières ont effectivement voté pour son candidat avant de leur donner ce qu’il leur a promis », m’avait rapporté un électeur croisé devant un bureau de vote.

Je ne saurais vous en dire plus, mais les observateurs de Monde Avenir qui bossaient pour le compte de l’Union européenne (UE), s’ils s’en souviennent encore, pourraient en témoigner avec plus de précisions. Je me souviens tout simplement que le cri du monsieur a crée un désordre ce jour au point où il a fallu l’intervention des hommes en tenue pour disperser la foule. C’est alors que j’ai aperçu le monsieur qui était soupçonné de corrompre les électeurs. Il a même continué à sillonner les bureaux de vote en s’adressant à ceux qui voulaient bénéficier de « ses largesses » en parabole. « Est-ce que c’est normal de faire la campagne le jour du vote ? », s’est interrogé quelqu’un dans la foulée. Après le centre de vote de l’école publique de Nkongmondo, je me suis rendu au Lycée Joss dans le premier arrondissement où tout se déroulait en merveille en présence des observateurs internationaux. Mais l’ombre des acheteurs de consciences ne marquait pas également dans le coin.

Une plume dans les bureaux de vote en 2018

Si j’avais un blog comme celui-ci à l’époque, j’aurai tout rapporté à mes lecteurs. Mais l’année 2018 est un autre tournant décisif. Sauf changement de calendrier de dernière minute, parce que les gens de chez moi là aiment trop les anticipations pour sauver leur peau, la prochaine élection présidentielle au Cameroun va se tenir dans deux ans. Mais on ne sait pas encore qui va faire quoi. Actuellement, il n’y a que l’organe en charge des élections (Elecam) au pays qui a déjà rendu public son verdict après une vaste campagne d’inscription des camerounais sur les listes électorales. Cependant, le résultat qui en découle est critiqué par certains leaders de l’opposition réunis au sein de la coalition dénommée « Coacic » coordonnée par Bruno Deffo. Ceux-ci disent que la balance d’Elecam penche déjà en faveur du régime en place. Ça commence déjà à venir! J’espère que nos braves opposants ne vont pas seulement s’arrêter dans leurs bureaux climatisés et convier les médias pour les aider à dénigrer les stratégies du Rdpc, l’unique machine politique à broyer au Cameroun. Tous les moyens ne sont-ils pas permis en politique ? En plus, l’opposition camerounaise a-t-elle raison parce qu’elle aboie tout le temps ? Je n’y crois pas. Je sais tout simplement que c’est chaud devant….Je parie que nous allons beaucoup rigoler en 2018.

 

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