Hospitalité: Des Centrafricains « Camerounais » depuis trois ans

Article : Hospitalité: Des Centrafricains « Camerounais » depuis trois ans
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20 mars 2016

Hospitalité: Des Centrafricains « Camerounais » depuis trois ans

Ils sont en exil au Cameroun depuis mars 2013. Ici, ils sont chez eux. Ils ne sont victimes ni de la discrimination, du racisme, ou encore de la xénophobie, etc.
Ce mois de mars 2016, l’eau n’a pas beaucoup coulé des fontaines de New-Bell. Il y a eu pénurie de cette précieuse denrée dans presque toute la ville de Douala. Ce qui a obligé tous mes voisins à venir puiser l’eau du forage sis juste en bas de chez moi. Mon secteur accueille plusieurs communautés étrangères. Les centrafricains étant les plus nombreux. Justement depuis que la guerre a éclaté chez eux en mars 2013, il y a exactement trois ans, après le renversement de François Bozizé, leur ancien chef de l’Etat, par les rebelles de la coalition Séléka, plusieurs ont trouvé refuge dans plusieurs villes du Cameroun.

Nous sommes tous les enfants de la terre
Nous sommes tous les enfants de la terre

Wilfrid, le jeune centrafricain serein
Pour aller dans le même sens, il y a une semaine, je rentrais du boulot épuisé. Comme d’habitude, je marchais tête baissée. Je réfléchissais à mon prochain billet. Et voilà que dans le couloir qui mène chez moi, je croise Wilfrid, un jeune centrafricain d’une vingtaine d’années. Wilfrid est venu puiser l’eau du forage. Maman Hélène, la propriétaire de ce forage prend un seau de 10 litres à 25 FCFA. Ce montant ne représente pas un problème pour le jeune homme.
A distance, j’ai vu Wilfrid, serein, en train de sourire pendant que Gwladys, la fille de la propriétaire du forage lui criait dessus. « Ici au Cameroun, vous faites comme chez vous. Est-ce que chez vous, les étrangers peuvent parler fort comme ça ? » A cette attaque amicale de Gwladys, Wilfrid ne réagit pas. En réalité, Gwladys est de nature provocatrice. Au fond, elle n’est pas méchante. Après avoir ainsi parlé, elle a tourné son dos et est allée s’occuper dans la cuisine.
Ce comportement est exactement celui de certains camerounais envers les étrangers. D’autres par contre, ne se mêlent pas de leur vie. Qu’ils soient réfugiés ou résidents, « ça ne nous dérange pas », disent-ils régulièrement. Le plus important pour les Camerounais, est que ces étrangers soient sociables et en bonne santé. Octavia, la sœur ainée de Wilfrid l’a compris. La jeune femme prend souvent un pot dans le bar du quartier avec des gens originaire de plusieurs pays. Avec ses voisins de table, elle rit aux éclats, se fait draguer et soule, sans toutefois perdre la tête. C’est dans ce climat qu’elle essaie d’oublier la crise mortelle que la République centrafricaine, son pays natal, a traversé.
Au début, j’avais du mal à croire qu’elle était centrafricaine. C’est en l’écoutant parler en « sango » que le doute m’a quitté. Tous les matins, Octavia est toujours lucide, comme une sainte. Quand je sors de chez moi pour aller au boulot, et que je la trouve assise sous le manguier en train de papoter avec ses voisines camerounaises, en face de leur domicile, je la salue en souriant comme il est de tradition chez moi.

La terre est à nous tous
La terre est à nous tous

Elza, une voisine amoureuse

Une fois, sous ce manguier sis en face de la maison d’Octavia, j’ai croisé Elza. Une ancienne voisine centrafricaine qui était également partie de la RCA à cause des conflits. Cette fille venait constamment rester avec moi pour parler des problèmes de son pays. Tête posée sur mon épaule droite un soir, elle me parlait en me fixant dans les yeux comme une fille amoureuse. Bien sûr qu’elle l’était. Mais pas de moi. Elza avait son prince charmant du côté du Benin. Elle me parlait souvent de lui et de leurs ambitions. Je me contentais juste de partager ma petite expérience de la vie avec cette fille amoureuse. Dans sa chambre, elle avait une bible et un dictionnaire en langue « sango » que je prisais. C’est grâce à elle que je suis tombé amoureux du « sango », la langue nationale de la RCA.
Paul Biya : le dieu de l’hospitalité

Ça se raconte et ça se vit dans les dix régions du Cameroun. Ici, les étrangers sont constamment cajolés. Il leur suffit juste d’avoir leurs papiers pour se croire camerounais. Hé oui ! ce pays a ouvert ses portes à tout le monde. Ça frustre souvent les autochtones. Mais on va faire comment, c’est la volonté de notre chef de l’Etat Paul Biya. La coopération internationale est très chère aux yeux du président de la République. Je ne me souviens pas avoir entendu un jour dans les médias qu’il a ordonné qu’on refoule certains étrangers chez eux. Contrairement à ce que font souvent ses voisins qui se disent très puissants. Seulement, ce que je reproche à mon président, c’est qu’il ne s’occupe pas souvent des siens en détresse à l’extérieur du pays. Cependant, tout récemment, il a commis un acte qui m’a beaucoup plu. Il a fait rapatrier tous les camerounais qui risquaient de se faire tuer en RCA pendant la crise. C’est cette crise qui est à l’origine du flux des réfugiés centrafricains dans la partie Est du Cameroun. Sur le territoire camerounais, ces derniers sont pris en charge non seulement par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), mais aussi par le gouvernement camerounais qui fait montre de compassion, d’hospitalité et de générosité.

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