Et Diallo s’en alla

Article : Et Diallo s’en alla
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17 septembre 2015

Et Diallo s’en alla

En allant manger à la cafétéria du coin ce mardi 15 septembre, mon pote Malien n’y était plus. Il est parti après quelques mois d’amitié sans même me dire au revoir.
Triste, triste, triste… Je suis triste parce qu’un ami vient de me quitter. Diallo est son nom. Il est parti et ne m’a laissé que de jolis souvenirs. Tout confiant, il me disait toujours: « Didier, je vais faire le tour du monde. » À plus de 30 ans, il avait déjà parcouru plus de quarante pays africains. Mon ami Diallo n’avait jamais pris l’avion pour aller d’un pays à un autre. D’ailleurs, il n’en avait visiblement pas envie. Un jour, ce jeune courageux d’origine malienne m’a dit qu’après l’Afrique du Nord, il s’installera en Italie. Et c’est là qu’il fera sa vie. C’est en ce moment que j’ai compris qu’il était passionné des voyages.
Comme la plupart des ressortissants du Sahel, il aime l’aventure. Question de découvrir les pays étrangers et leurs diversités culturelles. Il est maintes fois parti d’un pôle à un autre à pied, en voiture ou en moto sans trop de tracasseries. En Afrique de l’Ouest d’où il vient, Diallo m’a dit que les frais de transport ne sont pas trop élevés comme chez moi en Afrique centrale. Que chez eux, la libre circulation est pratiquée en temps réel. Seule la carte nationale d’identité (CNI) donne accès à tous les pays. Il m’a aussi dit qu’un voyageur peut parcourir tous les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec moins de 15 000 FCFA. Et pourtant chez nous, aller d’un pays à un autre par route vaut plus de 30 000 FCFA.
Le voyageur
J’ai appris à le connaitre en très peu de temps. Mais je savais qu’il allait me quitter un jour. Diallo gérait une cafétéria située à un jet de pierre de chez moi. Avant qu’il y soit, je ne mangeais jamais là-bas. Mais comme un aimant, Diallo m’a attiré. Et je suis subitement devenu son meilleur client. J’allais manger chez lui matin et soir, presque chaque jour, comme tout bon célibataire d’ailleurs. Il savait très bien faire la cuisine.

Chaque fois, il me faisait un bon plat de spaghetti, œuf, pomme, viande. Hum !!! C’était très bon ! Il avait une voix grave. Mais j’aimais l’attendre parler. Tellement sincère dans ses propos, j’avais l’impression que le mensonge n’était pas sa chose. Et c’est ce qui me motivait.
Cependant, je n’étais pas le seul à apprécier ses faits et gestes. Il y avait une jeune fille qui l’assistait. Comme les femmes ne résistent pas aux gentils garçons, elle a craqué sur ce beau gosse. Elle y était constamment. Je l’avais même surnommé « Madame Diallo ». Et elle aimait ça. Diallo aussi. Cette jeune fille était amoureuse de mon pote. Je prisais leur couple. Mais je savais que Diallo allait nous quitter un jour. Je me demandais comment elle allait faire pour supporter son absence. C’est mardi que j’ai constaté l’absence de Diallo et de sa dulcinée. Le nouveau gérant de la cafétéria m’a dit qu’ils ne reviendront plus.
Diallo s’est donc échappé (certainement avec sa copine Camerounaise), alors que j’étais à Yaoundé, capitale politique camerounaise, dans le cadre de l’anniversaire de mon entreprise. Son grand sourire, son franc-parler, sa gentillesse sans pareil ! C’est tout ce qu’il me laisse. En vérité en vérité, Diallo cherchait l’argent de transport parce qu’il était juste de passage au Cameroun.

Didier Ndengue

 

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