COP21-Paris : l’Afrique au rendez-vous des gros pollueurs

10 juin 2015

COP21-Paris : l’Afrique au rendez-vous des gros pollueurs

Carte postale : Douala otage des matières fécales
Des poubelles en vogue

En plus des sujets poignants qui empoisonnent notre quotidien, le continent noir s’invite aussi au débat sur l’environnement.

Le changement climatique s’invite dans toutes les conversations depuis un certain temps en Afrique. Mais beaucoup de personnes n’y prêtent pas vraiment attention. Et pourtant, ce changement soudain de climat touche à leur quotidien. Les saisons se confondent. Le soleil et la pluie ont chamboulé leur calendrier sans avertir les populations de la terre.

Ces dernières croient qu’elles peuvent se défendre en prenant, par exemple, des engagements chiffrés en matière de réductions des émissions des gaz à effet de serre, à en juger par ce qui ressort du sommet du G7 sur le climat, organisé tout récemment en Allemagne. Cette résolution des pays les plus industrialisés et des gros pollueurs de la planète est certes une piste à explorer, mais j’ose croire que ce n’était qu’un bal de plus, qui ne changera rien à la situation alarmante. Pour combien de temps encore ?

 

Aucune pitié pour notre environnement   

La terre est notre bien le plus cher et un bien qui nous est commun. C’est un bien naturel, même si certains en ont fait leur propriété privée. Prenez, par exemple, la majorité des multinationales, exerçant au Cameroun, qui spolient les populations riveraines, sans que cela ne gène personne. Plusieurs quartiers de la ville de Douala sont menacés de disparition à cause des produits chimiques qui rongent les sols à longueur de journée. Ces gros pollueurs payent leurs taxes à l’Etat, et ce dernier, engraissé, fait souvent semblant de combattre le phénomène. Du grand n’importe quoi ! C’est tout simplement de la poudre aux yeux pour les populations riveraines.

Sinon, comment expliquer que tous les égouts de la capitale économique soient bouchés par des bouteilles en plastique sans que la communauté urbaine ne lève le petit doigt ? Où vont régulièrement ces eaux de couleur qui sortent des usines brassicoles implantées en plein centre ville, dans des plantations du Moungo ou dans des zones industrielles ? Plusieurs cas ont été soulevés par la presse locale. On attend toujours des résolutions. Entre temps, on s’active en sensibilisant les populations pauvres sur le bien-fondé de la préservation de l’environnement.

 

Conférences, sommets, patati patata… et après quoi ? 

La semaine dernière, jeudi, un débat s’est tenu sur l’environnement à l’Institut français du Cameroun (IFC), à l’antenne de Douala. A entendre ces savants s’exprimer sur le sujet, on a l’impression que la mise en pratique des résolutions qui en découlent est imminente. N’y pensez même pas. En Afrique, même pour soigner un malade mourant, il faut remplir des procédures. Celles-ci sont très longues d’ailleurs et sont accompagnées d’une enveloppe bien fournie devant chaque bureau pour motiver, ou si vous préférez, pour corrompre chaque service. Imaginez pour un bien commun ! A mon avis, les réunions sur l’environnement ou les changements climatiques doivent se dérouler sur les lieux de pollution.

En tout cas, pour l’instant, je suis curieux de savoir ce qui va se dire le 29 juin à New-York, en septembre au cours de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), et en novembre en Turquie lors du G20 sur le climat. Cette série de réunions s’achèvera par la Conférence mondiale (COP21) du 30 novembre au 11 décembre, à Paris (France). Ainsi, chers leaders africains, prière de bien présenter la situation telle qu’elle est réellement dans vos pays et les répercutions de la pollution de l’environnement sur la population riveraine. C’est une population orpheline, qui ne peut pas exprimer son ras-le-bol de peur d’être coffrée pour trouble à l’ordre public.

 

Didier Ndengue      

 

 

 

 

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Commentaires

Elsa Kane Njiale
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Sujet intéressant et surtout d'actualité. Je me demande parfois si nous sommes conscient des enjeux de la pollution pour notre continent