Les yeux doux des petits monstres au grand manitou

Article : Les yeux doux des petits monstres au grand manitou
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25 mai 2015

Les yeux doux des petits monstres au grand manitou

Lors du défilé de la 43e fête nationale du Cameroun, célébrée le 20 mai, les spectateurs ont pu apprécier la grosse flagornerie des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais.

 Ce 20 mai 2015, la vallée de la Bessèké a pris un coup de pinceau forcé pour accueillir le défilé de la 43e édition de la fête de l’unité nationale du Cameroun.

Le long du boulevard, la première vague des militants franchit la tribune d’honneur sans obstacle. Mais la pression protocolaire commence à se manifester quand arrive le tour de la dernière vague des élèves et étudiants des établissements de la ville. Les agents de sécurité leur demandent d’accélérer le pas jusqu’à la tribune d’honneur, où se trouve Joseph Béti Assomo, gouverneur du littoral qui préside la parade.

Du haut de la tribune, je constate que les élèves sont étouffés dans cet élan. In fine, ils sont frustrés. Et la pression protocolaire semble impacter sur leurs chorographies.

Après les établissements d’enseignement supérieur, vient le tour des partis politiques. Le coup d’envoi est donné ici par les militants de l’opposition. Dans les rangs, un constat se dégage : ils défilent sans effigie, ni emblème de leur. Cette curiosité suscite des interrogations parmi les citoyens venus vivre la cérémonie en direct. Toutefois, les militants des partis politiques de l’opposition conservent leurs tee-shirts traditionnels. « Il y a des imperfections au niveau protocolaire. Je crois qu’il faut que les éléments du protocole respectent un peu plus les acteurs politiques», lance Banda Kani, homme politique camerounais. Curieusement, et à ma grande surprise, la pression protocole baisse devant le Social Democratic Front (SDF).

Les agents ont soudainement libéré la piste principale du boulevard. Mon voisin me chuchote à l’oreille que ce retrait soudain annonce l’entrée en scène des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Normal, c’est le parti au pouvoir, et ses militants, même s’ils font preuve d’une arrogance sans précédent et longévité au pouvoir, méritent qu’on leur déroule le tapis rouge, n’est-ce pas ? 

 Plus de 30 minutes de défilé pour le RDPC

De tous les partis politiques de l’opposition que j’ai vus à la vallée de la Besséké, aucun n’a eu plus de 15 minutes de défilé. Certainement parce qu’ils n’ont pas assez de militants. Ou alors parce qu’ils ne les flattent pas assez comme l’autre.

Les mauvaises voix révèlent que le parti de Paul Biya donne dix mille francs CFA (10 000) à chacun de ses membres après les défilés. Vrai ou faux ? Je n’en sais rien puisque je ne suis pas membre de ce parti. Je sais quand même qu’après le défilé du 20 mai dernier, les hommes et femmes de ce parti ont « bien pointé » leur journée. Arrêtons donc avec ce commérage et revenons-en à notre défilé de positionnement.

Contrairement aux autres mouvements politiques, le RDPC, constitué en plusieurs groupes, a pris le lieu du défilé en otage avec ses pancartes, effigies de Paul et de Chantal Biya, chants, etc.

Les militants de cette grosse machine politique étaient munis de tout pour réussir leur démonstration, sans être inquiétés par le protocole qui cherchait certainement aussi à se faire voir par le prince (Paul Biya). Cette frustration n’a pas du tout plu à l’opposition. « On a chassé certains de nos militants des rangs et on a arraché nos gadgets du défilé. Quand c’est le RDPC, on laisse défiler avec une dizaine de plaques », s’indigne un militant du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) pendant la mascarade.

Cette discrimination orchestrée par le comité d’organisation du défilé n’est pas restée sans conséquence. Loin de la tribune d’honneur, certains spectateurs ont hué à leur tour, les militants de Paul Biya. « Sales voleurs de la République. RDPC, parti de l’escroquerie», pouvait-on entendre dans la foule. En guise de réplique, les militants du RDPC ont entonné leur fameuse chanson : « Paul Biya…e ncore 100 ans ». Une grosse hypocrisie, pense un spectateur au niveau du « pont Joss ». « Ceux qui lui accordent encore ces années, sont en réalité ceux qui veulent en découdre avec lui, mais ils chantent parce qu’ils veulent justifier leur enveloppe », me fait savoir un observateur apparemment bien introduit, rassasié des mensonges, des flagorneries, et des louanges des « militants » du parti pour paraitre saint devant Paul Biya.

 

Didier Ndengue

 

 

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Haha sacré défilé !