Une vie de boy

Article : Une vie de boy
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10 mai 2015

Une vie de boy

Plusieurs enfants africains sont sans toit (SDF), sans vie, sans rêve…à l’aube du 16 juin 2015.
Des lèvres noirâtres, une démarche nonchalante,…les jeunes croisés ce dimanche 10 juin 2015 au Boulevard de la Liberté à Akwa, ont presque tout en commun.
Dans le premier arrondissement de Douala, un centre commercial, les devantures des grands magasins grouillent de jeunes gens aux allures pas du tout agréables. Pour utiliser la phrase juste, « ils ressemblent à des bandits ». Dans un jargon légèrement luxueux, on les appelle « Voyous ». Ils sont la conséquence d’une jeunesse camerounaise privée de ses propres richesses. En manque de repaires, les gars vivent au jour le jour.
Les agressions et autres activités malhonnêtes sont leur passe temps favoris. Ils ont perdu tout espoir. Ils croient avoir tout perdu. Pour avoir passé une bonne période dans ces conditions, je ne partage pas cette opinion qui consiste à dire qu’on ne sortira jamais de l’ornière. Je sais de quoi je parle. Je me souviens de ces durs moments comme si c’était hier.
Je suis un boy de naissance. La rue m’a fortifié, la rue m’a rendu fort, la rue a brisé tous mes rêves,…etc. Elle ne m’a pas fait de cadeau. Plusieurs amis m’ont soutenu dans cette épreuve entre 2007 et 2009. Dieu merci, je ne suis plus dans cette merde. L’un de mes potes, « Manbout », un ami d’enfance m’a gardé chez lui pendant très longtemps.

 

Chez cet ami, j’avais environ trois heures de sommeil chaque nuit. Je dormais à 1 heure du matin, loin des yeux de ses parents. Et je devais quitter la chambre avant 5 heures. Parce que son père ou sa mère faisait la ronde. Question de savoir comment chaque enfant à passer la nuit, avant de partir au boulot. C’était dur, dur, tellement dur que je somnolais tous les jours dans les rues de la capitale économique camerounaise.
Mais j’étais déjà dans la peau d’un boy. Et mon quotidien consistait à tacler tous les gosses des riches. « Des muna tété », comme on les appelle ici. Dans cette situation de détresse, les maladies me rongeaient sans arrêt. Il n’y avait personne pour me venir en aide. J’étais devenu la risée d’une famille qui avait pourtant les moyens pour m’offrir une vie de rêve. Aucun de mes proches ne réalisait que je pensais une période difficile et que j’avais besoin de leur soutien. La puberté. Je devenais un homme. Au lieu de la famille, la rue m’a ouvert ses bras. Ici, je fume, je vole, …etc. J’ai frôlé la mort maintes fois. J’ai échappé aux vindictes populaires plusieurs fois. Et aucun membre de ma famille n’était au courant. D’ailleurs, pour eux, j’étais un mec à abattre.
Cette vie de boy m’a obligé à kiffer « One Love » de Bob Marley. Quand j’écoutais cette légende de la musique, avec un joint et un sachet de whisky, je me sentais sur le toit du monde. Je me ravitaillais gratuitement dans des boutiques de mon secteur. Les centres d’accueil ne me supportaient pas. Le ministère des affaires sociales m’ignorait comme quand on ignore un sidéen. Même chez mon bienfaiteur, j’ai été chassé comme un malpropre.
Ma vie ne valait plus la peine. L’abréger me soulagerait certainement. En même temps, je rêve d’aller en Europe par route comme certains de mes compagnons. Aujourd’hui, mes points de rencontre sont : salles de jeux , et autres jeux illégaux. Même ici, je ne trouve pas le bonheur.

Le 16 juin 2015, la communauté internationale commémora la Journée Mondiale de l’Enfant Africain. A l’aube de cette date, les jeunes africains meurent en tentant de rejoindre l’Europe par route. Dans leurs pays respectifs, les conditions ne s’améliorent toujours pas. D’aucuns vivent avec moins de 500 FCFA par jour. Ils rêvent de manger équilibré, d’étudier, de travailler, de construire leur avenir, de se marier et de fonder une famille heureuse. Curieusement et malheureusement, ils sont pris en otage par la drogue, l’alcoolisme, entre autres phénomènes que les dirigeants de leurs pays autorisent la commercialisation pour se faire les poches.
A tous les dirigeants africains, à la communauté internationale, apportez une aide CONCRÈTE à la jeuneuse africaine avant qu’elle n’explose.

D.N.

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