Négligence sanitaire : Rupture de stocks de médicaments en Afrique centrale et de l’Ouest

Article : Négligence sanitaire : Rupture de stocks de médicaments en Afrique centrale et de l’Ouest
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22 mars 2015

Négligence sanitaire : Rupture de stocks de médicaments en Afrique centrale et de l’Ouest

Les observatoires indépendants de suivi des politiques publiques en matière de santé des deux blocs régionaux accusent les chefs d’Etats africains d’entretenir un jeu trouble dans la prise en charge des malades de leurs pays.

 

Infectée de tout genre de virus, l’Afrique toute entière est un mouroir permanent. Le constat vient des observateurs des différentes régions du continent. Thérèse Onapi de l’organisation « Femmes Plus », basée en République démocratique du Congo (RDC), vient de séjourner au Cameroun du 09 au 13 mars 2015, dans le cadre de la première rencontre annuelle de concertation sur le processus de suivi de l’accès aux soins des patients affectés par le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme dans plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Ouest. Dans le pays de Joseph Kabila, selon cette observatrice, tous les indicateurs liés à la santé sont au rouge. « Seulement 20% de personnes sont sous traitement antirétroviral, 10% pour la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) et 5% pour la prise en charge pédiatrique », explique la Congolaise.

 

Officiellement, l’administration des soins est reconnue gratuite en RDC pour certains cas de maladie. Mais sur le terrain, madame Onapi apprend que cette disposition est loin d’être une réalité. L’Etat, pourtant informé de cette malheureuse situation grâce aux nombreux plaidoyers, communiqués de presse,… de l’organisation de la société civile, ne fait rien pour l’améliorer. Adjibade Nourou, directeur exécutif du Centre de réflexion et d’actions pour le développement intégré et la solidarité (CERADIS), souligne qu’au Benin, en plus d’avoir les indicateurs au rouge, il y a panne régulier des appareils de laboratoire, rupture des médicaments, etc. « Il n’y a pas de réactif de laboratoire. Il nous faut des médicaments », plaide-t-il.

 

Chez Thomas Boni Yayi, les misères observées dans le secteur médical perdurent depuis très longtemps. Et pourtant, ce n’est pas l’argent qui manque, mais plutôt « la lenteur des procédures pour passer des nouvelles commandes de stocks de médicaments », dénonce le Béninois qui ajoute plus loin que les patients meurent pêle-mêle dans son pays à cause de l’absence des comprimés de qualité. Et ce, malgré les costaudes enveloppes mises à leur disposition par les bailleurs de fonds. Sur la cinquantaine d’Etats en Afrique, le CERADIS apprend que seuls quatre pays franchissent le taux de 15% recommandé par le Fonds mondial en matière de santé. Il s’agit du Rwanda, de l’Île Maurice, du Cap Vert et de la Tunisie. Le Burkina Faso, déjà à 12%, pourrait atteindre cette barre en fournissant encore un peu d’effort dans les prochains mois. Le Benin quant à lui, est à 7%, largement dominant sur le Cameroun qui nagerait à peine sur 5%, selon Fogue Foguito, président de Positive-génération.

 

Crise dans le secteur médical

 

De la déclaration rendue publique à la fin des travaux des promoteurs des observatoires d’Afrique centrale et de l’Ouest, sept difficultés majeures ont retenu l’attention des participants. Parmi lesquelles : le non respect des dispositions en vigueur régissant l’accès aux soins et traitements ; ruptures récurrentes des médicaments (VIH/SIDA, tuberculose et paludisme) ; indisponibilité des appareils ( pannes et absences) pour la réalisation des examens de diagnostics et de suivi ; indisponibilité ( rupture et incompatibilité) des réactifs et des kits des examens ; insuffisance du personnel qualifié ; faible délégation des taches et de la décentralisation de la prise en charge et enfin, le faible engagement politique et financier des Etats en faveur de la santé. Suite à cette triste réalité constatée sur le terrain, des recommandations ont vu le jour à la fin des travaux. Les observatoires indépendants appellent notamment les chefs d’Etats, les élus du peuple ( sénateurs, députés, maires, conseillers municipaux), les ministres de la santé, de la justice et les organes de lutte contre la corruption,…les africains à se pencher objectivement sur ce cas assez sensible, afin de respecter les engagements pris tant au niveau national qu’international en faveur de la santé, et favoriser des initiatives régionales visant l’amélioration de l’accès aux soins des populations ; de prendre des décrets d’application pour la mise en œuvre des dispositions légales.

Didier Ndengue

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