Emploi et sécurité sociale : Le Cameroun en déphasage avec le BIT

Article : Emploi et sécurité sociale : Le Cameroun en déphasage avec le BIT
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19 mars 2015

Emploi et sécurité sociale : Le Cameroun en déphasage avec le BIT

Le constat est d’Aeneas Chapinga Chuma, directeur régional du Bureau international du travail pour l’Afrique, en visite de travail à Yaoundé et Douala.

 
Sa déception, il l’a exprimée dans un langage purement diplomatique au cours de sa séance de travail avec le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) le 04 mars 2015. Mais le message d’Aeneas Chapinga Chuma a été reçu par ses interlocuteurs. L’équipe du Gicam était coiffée par M. Prosper Hiag, président de la Commission sociale du patronat. Protais Ayangma, président du mouvement patronal camerounais E-Cam, a aussi pris part aux travaux. Ces assises marquaient le tournant décisif de son riche séjour en terre camerounaise. Séjour qui lui aura permis de discuter, tour à tour, avec les principaux acteurs de la chaine du travail et de la sécurité sociale.

 
Faisant le récapitulatif des moments forts de son séjour au Cameroun, le sous-directeur général et directeur régional pour l’Afrique du Bureau international du travail (BIT), dit avoir constaté que la problématique de la formation, de l’emploi des jeunes et de la sécurité sociale demeure en temps réel au Cameroun. Elle va même croissante et occasionne des scandales, comme l’immigration clandestine des chômeurs en quête de meilleures conditions de vie. Le patron du BIT en Afrique réalise que la sous-région Afrique centrale est championne dans ce domaine. Comparativement aux autres blocs régionaux, apprend-on, elle enregistre le plus faible taux de création d’emploi. Ce handicap se justifierait par le manque d’infrastructures. Sur ce point, le patron du BIT Afrique informe qu’il s’associera à des institutions financières telles que le Fonds monétaire internationale (FMI), la Banque mondiale (BM), ou encore la Banque africaine de développement (BAD).

 
Le droit à la grève

 
Depuis l’adoption de la loi anti-terrorisme par l’Assemblée nationale, tous les camerounais ont peur de dire leur courroux à travers une grève ou une quelconque manifestation d’humeurs, de peur d’être confondus aux déstabilisateurs du pays. Mais cette loi ne devrait freiner en aucun cas les intentions des employés en colère contre leurs employeurs véreux. Sachant que le Cameroun est signataire des accords internationaux sur la liberté syndicale, les employés, a en croire BIT, doivent être en mesure de dire leur ras-le-bol à travers une grève si leurs exigences ne sont pas prises en comptes et respectées par leurs hiérarchies. A ce propos, le directeur des ressources humaines d’Eneo Cameroon, apprend que la loi reconnait bel et bien aux employés le droit de grève quand il y a échec de dialogue, mais elle «réprime la grève sauvage ».

 
BIT renforce sa présence en Afrique centrale

 
Le rendez-vous de Douala a également été l’occasion de revisiter le partenariat entre le Gicam et le BIT et d’identifier de nouveaux champs d’action entre les deux organisations. « Notamment concernant l’accompagnement du GICAM face au défi de l’émergence et du développement durable au Cameroun », rapporte le secrétariat exécutif du Gicam. Du coup, le BIT a identifié et inscrit quatre problématiques sur sa feuille de route. Il s’agit : « du chômage des jeunes, malgré la croissance qu’à connue le continent ces dix dernières années ; la croissance, qui doit permettre aux populations de sortir de la pauvreté, au lieu de créer des inégalités comme c’est actuellement le cas ».

 

M. Chuma en a profité pour préciser que son institution « prévoit de contribuer à l’amélioration de la sécurité sociale et au développement de la responsabilité sociale des entreprises ». Le troisième point est « la promotion de l’intégration régionale et sous-régionale des travailleurs ». Et pour finir, le directeur Afrique du BIT a accordé une attention particulière sur les dix-neuf pays dits « fragiles », dont treize en Afrique. Il est convaincu que « la création d’emplois contribuera à y apporter paix et développement ». L’autre annonce faite par M. Chuma est la prise de fonction, dans les mois à venir, du nouveau directeur du bureau de BIT de Yaoundé. Ce dernier a compétence sur tous les pays d’Afrique centrale.

Didier Ndengue

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