Enjeux économiques : Il faut assainir et repositionner l’ANOR

Article : Enjeux économiques : Il faut assainir et repositionner l’ANOR
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24 février 2015

Enjeux économiques : Il faut assainir et repositionner l’ANOR

La structure dirigée par Charles Booto à Ngon sera édifiée sur son vrai rôle cette semaine à Douala, au cours des Masters de la qualité organisés par le Ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt), après plusieurs semaines de flou autour de l’huile de soja raffinée Jadida.

 

Depuis quelques semaines, les consommateurs de l’huile de soja Jadida sont confus, suite à des informations parues dans des médias locaux. Celles-ci font état de ce que, selon une étude menée par l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun ( Asroc), l’huile végétale raffinée de marque « Jadida », serait impropre à la consommation. Qu’elle ne répondrait pas à la norme NC 77 2002-03 Rev. 1 (2011), relative aux huiles végétales portant un nom spécifique enrichies à la vitamine A. Selon cette même organisation, la société importatrice de ce produit très prisé au Cameroun viole « l’Arrêté conjoint N°2366 Minsante/Minimidt/ Mincommerce du 24 août 2011 rendant cette norme d’application obligatoire et sur la base d’un faux certificat de conformité visant la norme sur la margarine et la mayonnaise », rapporte le bihebdomadaire « La Météo. »

 

Suite à ces révélations scandaleuses des « experts », l’Agence des normes et de la qualité (ANOR), le gendarme de ce domaine, en date du 05 février 2015, aurait frappé très fort, selon le quotidien « Le Messager », en sommant le président directeur général de la société Coppeq Sarl, de suspendre toutes les publicités faites dans les médias relatives à l’huile de soja raffinée Jadida. Le patron de l’ANOR les considère comme « publicités mensongères ». « Je vous demande dès réception de la présente lettre de prendre immédiatement attache avec lesdits médias aux fins de suspendre les publicités », écrit Charles Booto à Ngon.

 

Revirement du régulateur

Le camp d’en face est aussi monté au créneau pour dire son mécontentement. La société inculpée s’est franchement défendue. Premièrement, elle a pondu un communiqué de presse dans laquelle elle dénonce « une campagne d’intoxication et de désinformation sagement orchestrée par certaines personnes sur l’huile de soja Jadida ». Ce complot viserait à ternir l’image de son produit phare. A ceux qui remettent l’huile Jadida en cause, la Coppeq rassure qu’elle « est produite par la société tunisienne Medoil, filiale de la société Poulina group Holding…..et dont le produits sont certifiés ISO 9001, ISO 22000 etc… ».

 

A en croire la hiérarchie de l’aliment, Jadida est commercialisée au Sénégal, en Angola, en Tunisie, en France, en Espagne, aux USA, au Maroc etc.…Au Cameroun, « l’huile de soja Jadida jouit d’un certificat de conformité encore valide n°00107/2014/ANOR/DG/DAC/MSP délivré le 1er août 2014 après des analyses poussées en laboratoire effectuées par les experts assermentés contrairement aux allégations des détracteurs. » De toutes les façons, il n’y a pas que ces détracteurs tapis dans l’ombre qui ont poignardé cette denrée alimentaire, même le régulateur l’a officiellement fait dans sa correspondance relative à la suspension « des publicités mensongères ».

 

En effet, Charles Booto à Ngon indiquait que l’Anor « a adressé un certificat de conformité le 6 juin 2014 suite à une erreur qui s’y était glissée et cela malgré les non-conformités jugées mineures par les experts ayant travaillé sur le dossier au regard des résultats effectués. » Curieusement, quelques jours plus tard après cette correspondance, alors que la polémique autour de l’huile végétale raffinée Jadida prend des proportions considérables, le staff managérial de l’ANOR retourne sa veste. Jeudi 19 février de la semaine dernière à Douala, au cours d’une conférence de presse visant la restauration de l’aliment, le boss de l’Agence des normes a dit qu’il n’a jamais interdit la consommation de l’huile de soja Jadida.

 

Réparation des gaffes

Après la polémique autour de Jadida, le ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt) organise, du 25 au 27 février 2015 dans la capitale économique, les Masters de la qualité. Cette initiative « permettra de repositionner l’Anor à sa place », espère un expert de la certification. Ce dernier croit que « l’Agence des normes se trompe et impose à une entreprise à ne pas faire de la publicité ». « Il s’agit d’une prérogative du ministère du commerce », ajoute-t-il.

 

Les Masters de la qualité qui s’ouvrent mercredi prochain au Castel Hall de Bonapriso permettront donc de densifier la communication sur la promotion et le développement de la qualité. Cela dans le cadre d’une politique et d’une stratégie nationale de développement de la qualité au Cameroun en synergie avec les parties prenantes de l’infrastructure nationale qualité. Selon le communiqué de l’événement parvenu à notre rédaction, plusieurs facteurs obligent à constater une faible appropriation du concept d’infrastructure qualité et de ses enjeux : la confusion des rôles entre acteurs en charge de la promotion de la qualité ; la collusion entre les acteurs en charge de la réglementation et ceux en charge de la normalisation ; la marginalisation des acteurs privés dans le cadre du processus d’évaluation de la conformité ; l’absence d’une instance en charge de l’accréditation des organismes nationaux d’évaluation de conformité ; la faible appropriation de la démarche qualité dans les organisations ; l’absence d’une intelligence nationale en faveur de la promotion de la qualité.

Didier Ndengue

 

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