Douala: On roule en vélo malgré les goulots d’étranglement

Article : Douala: On roule en vélo malgré les goulots d’étranglement
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27 janvier 2015

Douala: On roule en vélo malgré les goulots d’étranglement

Les mototaxis ont envahi la capitale économique camerounaise au détriment des vélos. Mais tous les habitants sont loin d’enterrer leur premier amour, malgré la montée en puissance des centres de remise en forme.

Hélène Pina, âgée de 24 ans, ne sait pas faire du vélo. Depuis sa tendre enfance, la jeune Camerounaise n’a pas eu d’attirance particulière pour les bicyclettes. Aujourd’hui, toute seule devant la grande cour de leur maison familiale, elle apprend à manier l’engin à deux roues sous le regard étonné d’Antony, un gamin du secteur. « Comment une vieille fille comme elle ne sait pas pédaler ? » A l’interrogation du petit Antony, Hélène ne donne pas de réponse et continue aisément son apprentissage.
Non loin, Jean Roland Moungam, agent de sécurité, est amoureux du vélo. « Je me rends au travail tous les jours avec mon vélo tout terrain (VTT) », indique-t-il. Se déplacer à vélo est une passion pour ce trentenaire. « Chaque week-end, je fortifie les muscles de mes jambes grâce à mon vélo. Je parcours plusieurs quartiers de Douala avec », ajoute Jean Roland. Pour ce passionné, les avantages d’être propriétaire de vélo sont légions. « Vous travaillez votre physique en pédalant, et cela vous éloigne des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ». Il y a également des risques : « Il faut être vigilant quand on est à vélo sur une chaussée car on peut être percuté à tout moment par un véhicule ou percuter à son tour un piéton», renchérit M. Moungam.

Mototaxis, les nuisibles
Contrairement à Jean Roland Moungam, beaucoup de Camerounais n’aiment pas faire du vélo à l’air libre. Ils préfèrent se rendre dans un centre de remise en forme (un gymnase). Egalement déplorable au Cameroun: l’inexistence des pistes pour bicyclettes. Dans la foulée des difficultés, on rencontre la galère des familles camerounaises.
Plutôt que s’offrir un vélo qui est seulement bénéfique pour le physique, un chef de famille préfère cotiser des centaines de milliers pour s’octroyer un mototaxi. Avec ça, il peut transporter des passagers et subvenir aux besoins quotidiens de sa famille. Les chômeurs camerounais l’ont compris. Les chefs d’entreprises aussi. Car depuis les années 2000, plusieurs d’entre elles investissent dans ce domaine de transport urbain. C’est ce qui justifie, entre autres, la disparition soudaine des vélos. D’autant plus qu’ils n’ont pas une grande capacité pour transporter à la fois des marchandises et des personnes. Donc, ils ne rapportent pas, financièrement parlant.
Bob, le moniteur
Malgré cette mutation, Bob, un autre passionné de vélo est resté fidèle à son premier amour. Gamin, c’est chez lui que j’apprenais à pédaler. A l’époque, cet expert réparait et commercialisait des vélos. Il en avait en abondance et de toutes les qualités dans son atelier. Après un incendie et quelques malheurs subis par son domaine, Bob a pris du recul pour mieux mûrir son projet et relancer ses activités. Et ça marche !
Aujourd’hui, Bob possède l’un des garages de vélo les plus sophistiqués et prisés de la ville de Douala. Il commercialise et donne des cours de qualité à quelques particuliers. Et c’est grâce à ce business que le jeune homme s’est offert un conteneur de vélos à Bonapriso. Il bâtit progressivement son entreprise, même si l’achat des vélos connait une chute libre dans son pays.

Didier Ndengue

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