Makéa : C’est où je me ravitaille en cocaïne et chanvre indien

Article : Makéa : C’est où je me ravitaille en cocaïne et chanvre indien
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25 novembre 2014

Makéa : C’est où je me ravitaille en cocaïne et chanvre indien

J’ai appris avec beaucoup de réserve que les « colombiens » du quartier le plus redouté en termes de commerce illicite de la capitale économique camerounaise sont de retour sur le marché new-bellois.

J’adore rendre visite à mes vieilles connaissances. Lorsque j’ai un temps libre, j’en profite pour descendre dans les quartiers les plus dangereux de ma ville. Dangereux pour certains. Mais pour moi, ce sont des coins hyper chics où je découvre des trucs bizarres qui me laissent souvent bouche bée. Des secteurs de ce genre, j’en connais tellement à Douala. Celui qui nous intéresse dans ce billet est Makéa, basé dans le deuxième arrondissement de la ville. Ce secteur regorge plus d’une trentaine de communautés étrangères, selon son chef, Sa Majesté Aboubakar. Chrétiens, musulmans, bouddhistes, animistes, etc. les ressortissants de Makéa vivent dans un climat très détendu. Cette atmosphère cache beaucoup de circuits. Notamment ceux des dealers. Après une brève pause, ils sont de retour sur leur territoire habituel avec des méthodes de vente plus sophistiquées.

Dans le quartier, les autochtones crient leur ras-le-bol de façon très discrète. Dans ses entrailles, on n’en peut plus de vivre avec des accros au commerce illicite de la drogue. Mercredi 19 novembre dernier, j’ai croisé Pascal, un étudiant, dans la case de mon ami Soulé. Ce dernier, sachant très bien que je suis un journaliste blogueur, n’a pas perdu une seule seconde avant de me donner les « news » du quartier. « C’est grave ici à partir de 17 heures. Les gars sont de retour et sont même encadrés par des policiers et gendarmes ». L’arrêt de leur sale besogne n’était que d’une très courte durée. Les trafiquants de drogue sont donc de retour. Les riverains maitrisent parfaitement leurs techniques de vente. Un novice comme moi ne peut les identifier au simple premier regard. Notre ami Pascal informe que des individus très suspects sillonnent leur quartier depuis un certain temps. Sans peur d’être interpellé, « un monsieur, toujours en uniforme militaire, parcoure le quartier en longueur de journée. Il est tantôt en tenue militaire, tantôt en policier. Il est toujours entouré des vendeurs de drogue que nous connaissons très bien », soutient Pascal.

L’aller-retour des hors-la-loi

Il n’y a pas très longtemps, quelqu’un m’a dit que des indics, afin de repérer les points de rencontre des dealers, avaient discrètement infiltré le quartier Makéa. « Mais le monsieur dont je te parle n’a rien d’un indic ou d’un flic », renchérit Pascal. Officiellement, plusieurs dealers ont été traqués à Makéa et jetés en prison grâce aux opérations des forces de maintien de l’ordre de la ville de Douala. Au moment de leur arrestation, ils possédaient stocks de cocaïne, armes blanches, pistolets automatiques, fusils de fabrication artisanale et argent. Mais leurs complices ont pris la poudre d’escampette sans laisser de traces. Alors que d’autres ont simplement déposé leurs valises de l’autre côté de Bonadibong, basé à moins de trente minutes de Makéa. Ils y exercent en toute quiétude. D’aucun croit que « les soi-disant méthodes mises en place pour éradiquer ce fléau au quartier n’est que de la poudre aux yeux». En temps réel, la bataille n’est pas sérieuse. C’est donc un simple coup marketing qui n’a point déraciné l’arbre qui produit les dealers à Douala deuxième. « Il faut déraciner la racine pour éradiquer la drogue à Makéa », propose Pascal sans oublier de préciser que « plusieurs hauts cadres administratifs se ravitaillent en cocaïne, chanvre indien, etc. à cet endroit ».

Tous suspects

Fort d’une population de plus d’une trentaine de communautés étrangères, le quartier Makéa mérite une fouille systématique. On pense que chaque habitant ici est susceptible de connaitre un trafiquant de drogue. En décembre prochain, dans quelques jours exactement, la nouvelle Sous-section du Rassemblement démocratique du peuple camerounais ( RDPC» va y être installée. Elle sera pilotée par Salihou Soulé à Betchem. Pour barrer la voie aux dealers et autres voyous, le président réclame déjà un poste de police à l’entrée du quartier…Wait and see.

Didier Ndengue

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